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Rubrique Constances

Demain est un autre jour

Hier, c’était la veille de l’élection présidentielle. Depuis les premières heures de la matinée, le fil d’actualité de l’ENTV annonçait, en mode continu et avec la mention «important», qu’une réunion du Conseil des ministres présidée par Abdelkader Bensalah était en cours. Les Algériens qui étaient devant leur écran pouvaient logiquement se poser des questions. Le pays s’apprêtait à vivre une journée plus que cruciale après avoir connu près d’une année d’effervescence, l’élection prévue pour le lendemain est largement rejetée et les premiers votes de la communauté algérienne de l’étranger ne sont pas rassurants pour le pouvoir en raison de la très faible participation. Quelques escarmouches, heureusement sans gravité, ont émaillé l’essentiel des bureaux de vote, notamment en France. Autant dire que le lendemain, c’est-à dire aujourd’hui, n’était pas vraiment promis à être un jour tranquille même si, jusque-là, la contestation populaire tenait plus que tout à son caractère pacifique. Dans la foulée, un groupe de personnalités rendaient publique une déclaration appelant à éviter tout dépassement après avoir rappelé son soutien au mouvement populaire et dénoncé toutes les exactions qu’il a subies depuis le début des manifestations. Le fil d’actualité de l’ENTV a quand même suscité quelques inquiétudes. Puis les choses se sont par bonheur précisées au journal de 13 heures, après des heures de… suspense et quelques angoisses interminables. Tout est bien qui finit bien, dans l’ordre du jour annoncé du Conseil des ministres. Il ne s’agissait finalement que de la signature de la loi de finances 2020 ! Enfin, pas seulement, puisque «la prise d’une photo souvenir du chef de l’Etat avec l’équipe gouvernementale» était également annoncée comme le… deuxième point à l’ordre du jour à part entière ! Le gouvernement, comme l’ENTV ne savent pas vendre les élections, qu’ils en fassent trop ou pas assez. Dans la foulée, on reprend des projets en souffrance pour en faire des… arguments d’incitation au vote. On ne ferait pas autrement si on voulait le faire autrement. Ils le font exprès ? Allez savoir. Comme ces envoyés spéciaux qui, mal à l’aise, annonçaient depuis leurs lieux d’affectation des affluences de votants qu’on ne voit pas. Hier, il y en avait un à partir du Conseil constitutionnel où devait se tenir un dernier rassemblement - pour la route - de dénonciation de l’ingérence étrangère. Deux jours avant, c’est le parquet qui a cru génial de pondre un communiqué que personne ne pouvait comprendre autrement que comme un accablement du candidat Ali Benflis. Aujourd’hui, tout se passera bien quand même. Demain aussi. Mais demain est un autre jour, n’est-ce pas ?
S. L.
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