C’est un responsable de parti politique, le RCD en l’occurrence, qui
a lancé le pavé dans la mare : l’épouse du ministre de la Santé accouche
en France. On ne va pas s’appesantir sur la véracité des faits. La
déclaration a été publique et si son contenu est faux, c’est au concerné
de la démentir et d’en donner les suites qu’il veut. Mais dans l’absolu,
est-ce vraiment un «pavé dans la mare» ? La question se pose parce que
si l’information peut ne pas être vraie, elle est au moins…
vraisemblable dans la tête de l’immense majorité d’Algériens. En
l’occurrence, le moins qu’on puisse dire est qu’ils n’ont pas inventé
ça. Pour illustrer la situation en la matière, il y a même une formule à
portée de main qui ne manque ni d’opportunité ni de pertinence :
s’étonner qu’on s’étonne. C’est que la «pratique» est d’un tel niveau de
flagrance qu’il devient même dérisoire d’en parler. Mais le débat public
est aussi fait d’évidences, si on devait attendre des… pavés dans la
mare pour meubler notre actualité, notre quotidien deviendrait bien
rachitique en sujet de discussion. Et peut-être bien en raison d’être en
colère, ce qui ne serait pas si mal. Le problème est qu’il y a trop
d’errements, voire de scandales, devenus des… évidences par la force des
choses. Des responsables à un niveau ou un autre de l’Etat qui se
soignent à l’étranger y compris pour les «bobos» susceptibles d’être
pris en charge dans la polyclinique du coin, c’est d’une banalité à…
mourir, sans jeu de mots. A l’évocation de cette histoire du ministre de
la Santé dont l’épouse accoucherait en France, ils doivent être très
nombreux, les Algériens à hausser les épaules ou rire dans la commissure
de la lèvre : et alors ? Vous avez vu un responsable démentir un jour le
fait qu’il se soigne à l’étranger ? On en a plutôt entendu qui le
déclaraient publiquement. Dans la foulée, ils n’ont même pas besoin de
préciser avec quels moyens, tellement c’est… évident. Mettre la main à
la poche pour se soigner alors que les caisses de la sécu sont
inépuisables, pour eux, il ne manquerait plus que ça ! Mais dans cette
histoire d’accouchement en France, il n’y a pas que les scandaleux
passe-droits et la preuve cinglante que nos gouvernants ne font pas
confiance à la médecine de leur pays qu’ils ne cessent de nous vendre
comme un exemple de performance. Au-delà, l’opinion est écœurée parce
que sachant qu’un enfant né en France peut automatiquement prétendre à
la nationalité de ce pays en vertu du «jus soli», la motivation n’est
pas difficile à imaginer. Comme quoi, une «évidence» peut en cacher une
autre. Et si la dernière ne l’est pas encore, elle le sera incessamment
sous peu.
S. L.
S. L.