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Rubrique Constances

Gouvernement, petites satisfactions et petites ambitions

Ils étaient six membres du gouvernement à se succéder à une tribune aménagée lors de la réception du jeune karatéka qui vient de s’illustrer en devenant champion du monde de sa catégorie. En exagérant à peine la pléthore de présents, on se croirait dans un… Conseil de gouvernement convoqué à l’occasion pour, dans un cadre festif, nous dire que le génie est au pouvoir, que le bonheur est là mais les Algériens ignorent le premier et boudent le second. Les ministres des Sports, de l’Enseignement supérieur, de la Formation professionnelle, de l’Environnement, de l’Information - également intérimaire de la Culture et porte-parole du gouvernement -  et des Affaires religieuses. Mention spéciale pour ces deux derniers qui s’illustrent particulièrement ces derniers temps. M. Rabhi, n’en rate pas une. Il a tellement de bonnes nouvelles à annoncer aux Algériens en termes d’initiatives politiques, de projets de relance économique et de mesures sociales susceptibles d’améliorer leur quotidien qu’il s’est carrément transformé en caisse de résonance du discours le plus impopulaire prononcé plus haut. Il s’est même découvert une vocation de « méchant » qui pousse plus loin le propos d’une hiérarchie qui n’en a pourtant pas besoin pour être comprise. A l’occasion, comme c’est le cas cette fois-ci, il ne se prive évidemment pas de dire aux Algériens combien le gouvernement travaille à leur prospérité et leur émancipation. Le problème est que même quand il a la prétention de porter la bonne parole, il retrouve systématiquement ce ton véhément dont on devine que c’est chez lui une seconde nature. Le deuxième est dans la logique de ce qui se fait depuis longtemps. A sa décharge, ce n’est pas avec lui et avec le « gouvernement des affaires courantes » que la chose a été inventée. Le message a vieilli : il ne peut rien se passer de bon dans ce pays sans… la foi des Algériens forcément légendaire, sans leur attachement sans faille aux « valeurs », souvent exclusives. Et « tout ce qui se passe de bon » vient évidemment des gouvernants, eux-mêmes à la piété et la moralité irréprochables. Ce n’est pas diminuer du mérite personnel du jeune karatéka et son encadrement que de constater qu’un gouvernement qui dépêche six ministres avec six discours pour si peu doit terriblement manquer de raisons de pavoiser. Enfin, « doit » n’est qu’une commodité de langage. Parce qu’en matière de sports comme sur d’autres plans, il n’est pas vraiment difficile de se rendre compte que le bilan n’est pas brillant. Pendant que les six ministres se succédaient sur l’estrade pour nous dire combien est riche la moisson grâce à leur génie, l’immense Algérie n’a pas encore une pelouse, Makhloufi et la sélection de foot ont gagné sans eux si ce n’est pas contre eux, le pays est absent de tous les grands rendez-vous du sport mondial, Oran tremble déjà sur ses capacités à organiser des jeux de dernière zone dont on ne nous a rien dit à propos du changement à la tête du comité d’organisation et les casseroles du président du Comité olympique se font de plus en plus bruyantes. Pas vraiment de quoi parader.
S. L.

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