Placeholder

Rubrique Constances

La cigarette interdite là où personne ne fume ?

Tous les rêveurs qui se voyaient déjà au café, au bar ou au restaurant sans les nuages de fumée qui empestent l’atmosphère en les faisant empoisonner malgré eux, tous ceux qui pensaient que leur santé allait… respirer après avoir été mise en péril par un vice qu’ils n’ont pas, devraient manifestement déchanter. Il y a quelques mois, on avait annoncé que l’entrée en vigueur de la loi interdisant de fumer dans les «lieux publics» était imminente. On l’avait même… naïvement attendue pour le début de cette année. Ce n’était pas vraiment très proche comme échéance pour une mesure de santé publique mais les Algériens sont habitués aux perspectives «arrondies». Après tout, ils sont aussi habitués aux décisions remises aux calendes grecques.

Alors, du fait même de l’existence d’une échéance, qu’elle soit officiellement formulée ou implicitement suggérée nous fait déjà jubiler. Quitte à endurer encore des mois alors que rien de vraiment sérieux n’empêche le «ici et maintenant» devenu chimérique par la force des choses, le citoyen a intégré depuis longtemps l’idée selon laquelle, il «peut quand même patienter» quelques jours, voire quelques mois quand ce n’est pas des années, puisqu’il a attendu des choses pourtant pas si compliquées que ça, une vie durant. Le plus dur, dans le cas précis comme sur d’autres questions, est d’attendre et que ça ne vienne pas, en dépit du trésor d’efforts en termes de patience, de réalisme forcé ou d’optimisme à minima. Parce que les Algériens voyagent et ceux qui n’en ont pas les moyens le savent à travers les relais médiatiques qui ont fait du monde un «village planétaire» pour reprendre une expression déjà usée : l’interdiction de fumer dans les lieux publics fermés est déjà une vieillerie d’un autre siècle. Beaucoup d’hôtels de Grande-Bretagne ont interdit la cigarette même dans… les chambres où un système d’alarme a été installé pour avertir la réception à la première bouffée tirée. On doit donc attendre encore, manifestement, puisque la toute récente instruction du ministère de… l’Intérieur n’inclut pas les cafés, les bars et les restaurants dans ce qui est catalogué comme «établissements publics fermés ou couverts». Autant dire l’essentiel, non pas parce que les autres espaces ne posent pas problème mais parce que dans beaucoup de ces endroits comme les lieux de travail, les transports publics et les lieux de spectacle,  l’avancée en la matière est visible grâce à l’initiative privée. Au lieu de commencer par là donc, on a été régler des problèmes de moindre ampleur, si ce n’est des problèmes qui ne se posent pas ! A l’exemple de la suspension de l’octroi des registres de commerce pour de nouveaux bureaux de tabac, comme si le fait d’acheter son paquet dans la rue d’à côté plutôt qu’au bas de son immeuble pouvait dissuader quelqu’un de fumer. Ou alors l’interdiction de vendre du tabac aux mineurs dont on connaît l’efficacité depuis que la disposition… existe déjà ! Ou enfin la même interdiction faite aux… hôtels et aux restaurants, comme s’ils allaient se gêner. Dans les velléités de lutte contre le tabagisme ou sur d’autres questions, on a tourné le dos au bon sens. Alors on va aux choses compliquées là où il faut envisager le basique, on rassure sur les périls qui ne menacent personne et on lâche la proie pour l’ombre.
S. L.

Placeholder

Multimédia

Plus

Placeholder