Pendant de très longues années, tellement longues qu’un changement d’unité de mesure du temps n’aurait pas été capricieux, le prix du pain -subventionné- était de huit dinars. Je ne sais d’ailleurs pas si c’est toujours le cas, ou alors la réglementation en la matière a fini par se soumettre au… fait accompli. De mémoire d’Algérien pour qui le pain et son coût n’est pas un détail futile, je ne me souviens franchement pas avoir payé une baguette à ce prix-là. C’était le… prix administratif, un peu comme Laazib N’zamoum, alias Naciria, fait partie de la wilaya de Boumerdès. Dans la vraie vie, c’est un bourg de Kabylie. Une halte sur la route de Tizi, aussi vraie que le pain coûtait… dix dinars. Il ne venait à la tête de personne pour le contester. Pour protester, il fallait d’ailleurs connaître le… juste prix, ce qui était loin d’être une évidence pour tout le monde. De ce fait, il y a au moins trois déductions à tirer. La première n’est pas propre au cas précis : un pays mal gouverné se remarque rarement dans l’iniquité et l’anachronisme de son droit positif mais plus souvent dans le non-respect de ses propres lois. L’un dans l’autre, voici la deuxième déduction : quand la communauté nationale ne se soumet pas naturellement, spontanément aux dispositions légales du pays, quelque chose d’autre vient… s’y coller et prendre la place. Souvent usuel, parfois pernicieux et toujours à dessein, il s’impose par la capacité de nuisance de ceux qui en tirent profit et la complaisance politique de ceux qui le livrent en cadeau intéressé. La troisième, enfin, se décline en deux tranches. Il y a d’abord l’érosion de la valeur du dinar. La monnaie nationale s’est tellement dégradée que nombre de ses pièces et billets se sont raréfiés à une vitesse vertigineuse, avant de carrément disparaître. Poussées à bout par leur… inutilité dans la transaction ordinaire, on les a retirés en catimini du circuit sans que personne ne s’en rende compte. Qui a, en effet, vu «partir» les pièces de 10, 20, 50 centimes et depuis peu celle, symboliquement — et pas que — grave de… un dinar algérien ? Il y a ensuite la culture de la justesse, de la précision, qui nous aurait appris que huit dinars, ce n’est jamais dix, exiger sa monnaie jusqu’au dernier centime, ce n’est pas être radin ou grincheux…, si vous voyez ce que je veux dire ? Il faut quand même que je vous dise ce qui m’a inspiré ce sujet. Il paraît que les guichets du tramway d’Alger n’acceptent pas les billets de 1 000 et 2 000 dinars et renvoient systématiquement ses clients — il faut dire «ses usagers», je sais — vers les commerçants du coin pour faire l’appoint. Un exercice de contorsion ? Possible, mais pas sûr.
S. L.
Rubrique Constances
La disparition sans mystère du dinar
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