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Rubrique Constances

L’Aïd à vivre

Nous sommes à une semaine de l’Aïd et les Algériens savent que cette année, la fête sera différente. Elle sera certainement moins flamboyante mais elle est quand même attendue comma avant. L’Aïd, c’est aussi l’habitude et la fin de quelque chose. La fin du jeûne exceptionnellement vécue comme une contrainte venue s’ajouter aux contraintes, dont la liste ne manquait déjà pas de volume. On avait dit que rien ni personne ne pouvait les empêcher de sortir après le f’tor. Il y en a qui sont sortis furtivement pour faire quelques pas dans leur cité. D’autres se retrouvent en petits groupes pour faire causette au pied de leur immeuble. Mais le rush promis n’a pas eu lieu, seule l’exception a confirmé la règle. On avait dit que personne n’empêchera les tarawih. Il n’y a pas eu de tarawih en dehors de quelques prières collectives signalées mais rarement confirmées, sur les toits ou dans quelque garage désinfecté. On avait dit que rien ni personne ne pourra venir à bout des espaces de jeu. L’addiction, beaucoup plus que l’habitude n’abdique pas facilement, même quand il est question de vie ou de mort. Personne n’a entendu parler d’une salle clandestine où on a tapé le domino et battu le carton. On avait dit qu’il y a des choses qu’on ne pouvait pas changer chez nos compatriotes. Comme les vêtements de l’Aïd pour les enfants. Une semaine à peine nous sépare du jour « J », les magasins sont fermés après avoir été imprudemment rouverts et il n’y a pas grand monde à en être offusqué outre mesure. L’Aïd sera donc vécu autrement. Finalement, ça peut se faire. Les bambins peuvent se contenter de leurs plus beaux fringues propres et repassés. Ça fait des mois qu’ils nous donnent l’exemple de la disponibilité aux concessions, sinon aux renoncements vitaux. Les Algériens vont vivre l’Aïd autrement ; ce n’était déjà pas vraiment la fête en temps normal, on ne va pas en rajouter en prétendant que la journée sera cette fois-ci insupportable. Il y aura de bons petits gâteaux et un repas amélioré à toutes les tables et du henné sur beaucoup de mains. Pour ceux qui font la prière, ils vont le faire à la maison en écoutant les psalmodies qui leur parviennent de la mosquée la plus proche. Pour cela, on veille, pas de panique. N’est-ce pas que la foi et la communion, c’est dans le cœur et l’intention ? Cette année, on ne rendra pas visite aux parents chez eux et aux malades dans les hôpitaux. Les parents peuvent être salués au téléphone et il y a du thé chez tout le monde. Les malades ont besoin d’être protégés pour guérir, pas d’être embrassés pour prendre une autre saloperie ou en refiler. Cette année, on n’ira pas dans les cimetières. Et alors ? On peut penser aux chers disparus là où on est et pourquoi pas, là où on est obligé d’être, en ayant cela en tête : on peut faire plus pour les vivants, en commençant par les aider à se maintenir en vie le plus longtemps possible. Les morts, on n’y peut rien, parce qu’ils sont… morts. Il faut entretenir leur mémoire, pas forcément en se regroupant devant leurs tombes, surtout avec le risque évident de faire d’autres morts. L’Aïd, c’est surtout la vie, n’est-ce pas ?
S. L.

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