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Rubrique Constances

L’Aïd ou la fête

C’est l’Aïd. On ne peut pas vraiment dire que c’est la fête mais bon… il n’y a pas que dans le cas précis qu’on fait semblant de s’éclater alors qu’on s’ennuie à mourir. Ça tombe bien, la police de la vertu, prioritairement opérationnelle sur les plages en ces moments de canicule, va tout de même se rabattre sur la «fête du mouton» pour nous rappeler, des fois qu’on l’aurait oublié, que l’Aïd est destiné à la ferveur religieuse plutôt qu’à l’expression de la vie. Les vigiles prendront donc une sorte de week-end en service commandé, juste pour s’assurer que rien n’a changé dans le foyer Algérie depuis longtemps installé dans le fait accompli. Le mouton, lui, c’est vraiment «sa fête» comme chaque année, même si on nous signale que les ventes sont en déclin pour cette «édition». Du coup, on ne sait pas s’il faut s’en réjouir en allant croire que les Algériens revoient à la baisse la rigueur de leur piété qui ne s’exprime par ailleurs que dans les manifestations périphériques de la foi comme la boulimie du Ramadhan ou la sacralisation de l’«égorgement». Ou alors, et c’est ce qui semble plus vraisemblable, les temps sont vraiment durs au point qu’il y a encore des gens susceptibles de renoncer à ce qu’ils ont de plus irrépressible. Inquiétant donc, parce que si l’Algérien laisse tomber la bête à sacrifier faute de moyens, c’est qu’il est vraiment sur le carreau. Par le passé, on a vu des familles qui ont du mal à boucler leurs fins de mois se débrouiller comme elles peuvent pour ne pas «décevoir les enfants» et par-dessus tout pour ne pas attirer les regards cruellement condescendants ou faussement solidaires des voisins. Manifestement, ce ne sont plus les fins de mois qui sont difficiles pour ceux-là mais les moitiés, quand ce ne sont pas carrément les débuts. Pour les autres, il n’y a rien de nouveau. Ou plutôt si, avec ce drame survenu quelque part où un garçon a été tué par un mouton qu’il tentait de maîtriser dans sa corde. On avait l’habitude de voir des bêtes mourir avant l’heure du… sacrifice en recevant trop de coups sur le crâne de la part de leurs adversaires de «compétition». On a aussi régulièrement entendu parler de moutons morts en sautant des balcons ou en étouffant dans des véhicules parce qu’ils ne pouvaient plus supporter l’enfermement une semaine durant dans un espace réduit et inadéquat. Mai un enfant tué par son… jouet de circonstance, c’est tragique à vous faire dégoûter de l’Aïd. Sinon, on va encore faire semblant. D’être heureux alors qu’on est blasé, d’être généreux alors qu’on veut manger, d’être généreux alors qu’on est méprisant, d’aimer alors qu’on ne peut pas voir en peinture. La fête, c’est autre chose mais l’Aïd c’est ça, depuis longtemps. Saha aïdkoum.
S. L.

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