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Rubrique Constances

Le pain ordinaire, le pain amélioré et le pain nu

Normalement, il ne devrait y avoir aucune raison valable pour qu’il y ait une pénurie de farine à… Constantine alors que dans le reste du pays, rien de tel n’a été signalé, rien de tel n’a été constaté, rien de tel n’a impacté l’activité des boulangers et, partant, la vie des Algériens ordinaires. Sérieusement, pourquoi voulez-vous que la farine manque dans la ville des ponts suspendus, de Malek Haddad et de Madjid Krokro, quand, partout ailleurs, dans notre vaste et beau pays, tout se passe très bien pour le blé tendre transformé et subventionné ? Pourtant, Constantine n’est pas un patelin du bout du monde, isolé, enclavé, inaccessible. Non seulement, elle est à trois heures et demie d’autoroute de la capitale, est elle-même la capitale de l’Est algérien et la troisième ville du pays ! Constantine, la cité de la culture, de la finesse gastronomique et de la finesse tout court, manque de farine au point où ses boulangers, tellement révoltés et inquiets pour leur gagne… pain — le jeu de mots est facile mais il est venu tout seul — qu’ils menacent de débrayer dans deux jours, si d’ici là, les choses ne se sont pas améliorées. Dans ce qui motive la menace — à moins que ce ne soit plutôt une promesse — de grève des braves faiseurs de pain constantinois, il n’y a pas que cette énigmatique pénurie de farine, il y a également « l’augmentation des prix des ingrédients entrant dans la fabrication du pain ». On n’en a pas entendu parler dans d’autres régions du pays et personne n’a été effleuré par le moindre doute : si tel était le cas, ça se saurait et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, les boulangers de Constantine n’ayant pas la réputation d’être les plus récalcitrants du pays. S’agissant de débrayage, les faiseurs de pain de l’Antique Cirta auraient certainement été devancés. En tout cas, ils n’auraient pas été seuls à se rebiffer. Ce n’est même pas sûr que le reste des boulangers du pays ne suivent pas, l’effet boule de neige en l’occurrence étant souvent une évidence. Il faut juste rappeler que le prix du pain ordinaire est – théoriquement — de 8 dinars et qu’il n’y a aucun contrôle sur « les » pains améliorés, fabriqués aussi avec la farine subventionnée, jusqu’à preuve du contraire ! C’est tellement commode, c’est-à-dire… rentable, que certains boulangers ne font même plus de pain ordinaire ! Hier, il y avait une réunion du Conseil des ministres. Le sujet majeur à l’ordre du jour, la spéculation.
S. L.

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