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Rubrique Constances

Le temps et la diversion

On ne sait pas si le pouvoir est réellement en train de multiplier les «diversions» mais on sait que ceux, nombreux, qui soutiennent cette thèse ne manquent pas d’arguments. Mais d’abord, pourquoi le pouvoir aurait besoin de faire de la diversion ? Pour «gagner du temps», paraît-il. Et pourquoi il chercherait à gagner du temps ? Il en ferait quoi ? Il paraît que la candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat n’est plus une évidence, alors il se donne le temps de choisir l’alternative maison. Ah, bon ? Il y a pourtant bien des gens qui pensent qu’on fait de la diversion parce que le cinquième mandat est une… certitude. Ce n’est pas interdit de faire de la diversion et de gagner du temps pour la chose et son contraire. A propos de choses et de leurs contraires, il n’y a pas longtemps, il a été dit que les jours d’Ouyahia comme Premier ministre étaient comptés parce qu’il aurait des «ambitions présidentielles». Aujourd’hui, on le met en avant, on susurre qu’il pourrait, à Dieu ne plaise, être l’alternative présidentielle, on recadre même Tayeb Louh pour son indélicatesse envers son «chef». Est-ce que Tayeb Louh veut prendre la place d’Ouyahia comme candidat du «plan B» après avoir cru qu’il pouvait le remplacer à la tête du gouvernement ? Si on veut faire de la diversion et gagner du temps, en quoi la destitution de Saïd Bouhadja, le président de l’APN pouvait-elle être utile ? Pour la diversion, on ne sait pas mais pour le temps, si : ça a duré plusieurs semaines tout de même. Sinon on aurait procédé «normalement» avec un signe du chef de l’Etat, qui l’a désigné. La chose et son contraire : le président de l’Assemblée nationale est «désigné» au moment de sa nomination. Il devient… élu au moment de son limogeage, histoire de permettre aux députés qui en piaffaient d’envie, de se rendre utile. Et… gagner du temps dans la foulée, un bonheur n’arrivant jamais seul.
Il n’y pas si longtemps, on nous expliquait que les crêpages de chignons entre Ouyahia et Ould-Abbès, c’était aussi de la diversion. Même s’il était difficile de saisir comment ça pouvait servir à gagner du temps, il y a une réponse expéditive à cela : une diversion, ça ne sert qu’à ça, quand il n’y a aucune raison de vouloir «détourner l’attention», puisqu’il est maintenant entendu qu’il y a des raisons de gagner du temps. La chose et son contraire : après la bagarre, c’est maintenant le grand amour déclaré entre Ould-Abbès et Ouyahia qui servirait de diversion ! Mais Ould-Abbès est malade, alors il a démissionné. A moins qu’il ne soit malade parce qu’on l’a démissionné.
Finalement, il n’a pas démissionné, il est seulement malade. A moins qu’il ne soit pas malade mais seulement démissionné. On ne sait pas si le pouvoir fait de la diversion pour gagner du temps mais on sait qu’il fournit la matière et les arguments à ceux, nombreux, qui en sont convaincus.
S. L.

 

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