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Rubrique Constances

Le train des ouvriers

A Sidi-Bel-Abbès, il y a, ou plutôt  il «y avait» un train qui partait très tôt le matin vers Oran. Cinq heures et demie du matin, vous imaginez ? Ça fait vraiment plaisir d’apprendre ça, presque émouvant. On pensait que le matin ne faisait plus partie de notre vie. Le train non plus. Enfin presque. Normal, nous avons intégré depuis un temps déjà que nous sommes les ronfleurs incurables
des premières heures de la journée parce que nous sommes les somnambules cliniques de tous les instants de la nuit. Pour le train, il n’y a aucune raison pour qu’il roule. Ni sur les rails ni dans nos têtes. Nous sommes convaincus que le pays est à l’arrêt mais on ne sait pas à quelle gare. Alors on a perdu jusqu’à  l’habitude  d’aller chercher une locomotive. A Sidi-Bel-Abbès, il y avait un train qui démarrait à cinq heure trente du matin, pour rallier Oran au bout de 70 minutes. «Il y avait». Jusqu’à ce qu’il reprenne, le verbe sera à l’imparfait de l’indicatif. Soixante-dix minutes pour 80 kilomètres, ce n’est pas vraiment un exemple de rapidité mais ça faisait le bonheur des salariés qui arrivaient à Oran à l’avance sur leurs horaires de travail. Vous vous rendez compte ? Arriver à l’avance, dans un pays où même le retard arrive en retard. On l’appelle le «train des ouvriers». On ne sait pas qui l’a appelé ainsi mais ce n’est pas important. Un célèbre... anonyme a dû lancer ça à la cantonade et c’est resté. C’est toujours sympa quand le train a un nom, ça vous humanise un transport. Parce que les wagons, ce n’est pas que de la ferraille. Et puis ce baptême nous apprend qu’il y a encore des ouvriers. Ils habitent à Sidi-Bel-Abbès et travaillent à Oran. Ils ne doivent pas chanter l’Internationale, ne connaissent pas Kateb Yacine mais ils doivent trimer. Ils devaient déjà trimer quand il y avait le «train des ouvriers» qui les acheminait vers les ateliers.
Ils triment encore plus maintenant que le verbe avoir du train se décline à l’imparfait. La conjugaison, ils doivent bien s’en moquer mais le retard au boulot ça ne les fait pas rire. Ils triment mais ils travaillent. Ils imaginent déjà la pire des galères. Depuis que quelqu’un a eu l’idée saugrenue mais surtout cruelle d’arrêter le train des ouvriers, ils doivent attendre le train de Tlemcen. Il arrive à SBA à sept heures et demie. Enfin, quand il arrive à l’heure, ce qui n’est pas une première nature pour les trains d’Algérie. Depuis, les retards se multiplient et les menaces de jour sans pain se dessinent.
Les salariés ont signé une pétition pour le retour du train. Est-ce qu’il reviendra ? On ne sait pas encore mais on sait que le train, c’est la vie. Le travail un peu plus. A Sidi-Bel-Abbès, à Tlemcen, à Oran et ailleurs.
S. L.

 

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