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Rubrique Constances

Le vol et l’argent volé

Cela fait longtemps que les Algériens en parlent. Ce n’est pas parce que les espaces d’expression sont souvent verrouillés, facticement ouverts du fait qu’ils n’offrent aucune perspective de changement ou franchement dédiés au maintien du statu quo que le citoyen garde la bouche cousue. Ils parlent dans quelques espaces  de résistance qui n’ont pas encore cédé à la résignation, ils parlent dans des groupes d’affinité familiale, amicale ou professionnelle. Ils parlent au café ou au bistrot, dans les palabres de quartiers ou l’intimité des chaumières. Tenez, les Algériens ont toujours parlé du vol sous toutes ses déclinaisons de l’argent public. Ils ont souvent parlé du vol mais il leur est parfois arrivé de parler aussi de… l’argent du vol. Pour l’usage et la destination, ils « spéculent »,  souvent pas loin de la vérité. Sinon, ils ont quelques certitudes dans les mêmes zones. La « star » des spéculations et des certitudes réunies revient aux placements et aux « investissements » à l’étranger. Par intermittence, quelques fuites matériellement prouvées viennent confirmer ce qu’ils savaient déjà. Un appartement grand standing à Paris, un hôtel à Palma de Majorque ou un compte à UBS de Genève, ils en ont toujours rigolé à gorge déployée, convaincus que ce n’est que du menu fretin. Ils savent que quand les voleurs ne prennent pas toutes les précautions pour cacher un œuf, c’est toujours pour mieux dissimuler le bœuf.  Habitués à constater l’impunité, les Algériens parlent sans grande illusion de leurs biens spoliés et de la possibilité  de le récupérer un jour. Mais ne plus se faire d’illusion n’empêche pas de fantasmer. Alors ils ont fantasmé. Sur les milliards de Sonatrach, les milliards de Khalifa, les milliards de l’autoroute Est-Ouest, les milliards du FNDRA, les milliards prêtés par les banques publiques jamais remboursés, les milliards des surcoûts, les milliards des surfacturations, les milliards de l’évasion fiscale, les milliards des campagnes électorales et les milliards puisés directement dans les caisses de l’Etat. Tous ces milliards, en reverra-t-on la couleur un jour ? Les Algériens n’ont pas commencé à y croire, sans doute parce qu’ils n’ont pas beaucoup de raisons de le faire. Alors, ils continuent à fantasmer… autrement. Le vol et l’argent du vol sont au cœur de l’actualité. Ils l’ont toujours été mais cette fois, c’est différent. Il y a du « concret », comme disent les footballeurs algériens pour signifier qu’ils ont reçu une offre chiffrée de recrutement. Les chiffres, justement, nous viennent maintenant des tribunaux, en attendant les autres, qui sont encore dans la nature. L’Algérie est riche de son pétrole, de son désert, de ses pleines, de ses côtes et de son… argent volé à récupérer. Si la récupération cesse à terme d’être un fantasme.
S. L.

 

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