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Rubrique Constances

Les expatriés de la Révolution

Ils ont le pays chevillé au corps et le fait de le dire est déjà embarrassant. Parce que revenir sur une évidence peut parfois suggérer une forme de doute aussi injuste que douloureuse. Nos expatriés aiment l’Algérie. Ils l’aiment peut-être différemment, non seulement par rapport  à  leurs  patriotes   d’ici   mais aussi  dans  leur  diversité  de «là-bas», puisqu’il est évident que ce n’est pas parce qu’ils partagent l’exil qu’ils partagent tout. Ils sont différents dans leurs espaces de vie, dans leur parcours individuel, dans leur niveau de prospérité sociale et dans les choix politiques de chacun. Mais ils ont l’Algérie en partage, cette fois, il n’y a aucun embarras pour en parler. Depuis le début du soulèvement populaire, ils ont été là. Passés les moments de naturelles interrogations où ils ont eu à subir à la fois l’inquiétude du mal informé et la frustration de l’éloigné, ils ont investi la rue là où le volume de leur présence le permet, les réseaux sociaux et parfois des voyages-éclairs au pays, histoire de «voir ça de près», convaincus à juste titre que c’est ici que se passe l’essentiel. Avec la même régularité, la même détermination et la même sérénité, ils se sont installés dans la protestation comme on s’installe dans la bonne habitude. Ils ont substitué le dimanche au vendredi et en ont fait le verbe de circonstance. Ils ont repris les mots d’ordre d’ici et ont inventé les leurs propres avec l’esthétique de leur environnement. Parmi eux, il y en a qui avaient désespéré du pays, le soulèvement leur a donné des raisons d’espérer à nouveau. Il y en a qui sont revenus d’une confortable résignation avec la résurrection de tous les possibles. Il y en a qui ont abandonné leur «bulle» des petits combats sans perspective sérieuse. Il y en a qui ont déserté des idées faciles selon lesquelles leurs compatriotes d’ici sont incapables d’indignation. Il y en a qui ont envisagé le pire avant de découvrir que le meilleur venait de sonner à la porte. Loin du pays mais jamais aussi proches, ils se rassemblent sur l’essentiel, marchent, crient la colère et le bonheur, discutent, s’informent et espèrent. D’ici, on les suit, on les écoute et du coup on se sent moins seuls ou plus nombreux. D’Europe et des Amériques nous parviennent des voix et des images en temps réel avec des pavés de renfort et de réconfort. Ils sont parfois inquiets parce que les lignes d’horizon ne sont pas toujours visibles. Puis ils se rassurent parce qu’ici, il y a les mêmes impatiences. Dans le rêve commun et sur les sentiers qui y mènent, nos expatriés retrouvent le pays qu’ils ont souvent quitté parce qu’ils l’aiment trop. Et qui les étrenne aux confluents de la libération.
S. L.

 

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