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Rubrique Constances

Les magistrats, la grève et le leurre

Dans toute la littérature publiée ces derniers jours par le Syndicat des magistrats, il se dégageait cette nette impression que l’indépendance de la justice n’était pas vraiment au cœur de leurs revendications. A des endroits, la question était évoquée dans des termes alambiqués qui leur laissent de larges issues pour la rétraction le moment venu. A d’autres,  la formulation était un peu plus claire parce qu’ils devaient quand même savoir que leur débrayage n’avait aucune chance de susciter la sympathie, encore moins l’adhésion populaire s’ils venaient à évacuer de leur action l’essentiel de la question qui préoccupe les Algériens. Déjà que l’écrasante majorité des citoyens ont du mal à les croire quand ils en parlent franchement, ils n’allaient tout de même pas en faire des héros quand l’indépendance de la justice est difficilement trouvable dans le flot des corporatistes revendications socioprofessionnelles qu’ils ont exprimées. Il n’y a finalement que l’horrible intervention des gendarmes dans l’enceinte de la cour d’Oran qui a valu aux magistrats un élan — mitigé — de solidarité, souvent accompagné de « réserves » sur la sincérité et la vertu de la protestation. On ne peut rien sur quelques certitudes populaires, comme celle-ci : une action réprimée avec autant de véhémence et d’« audace » ne peut pas être sans intérêt. On ne mobilise la force publique en y mettant la manière forte que parce que la « cible » et son entreprise dérangent en haut lieu. Surtout quand, dans la foulée, elle est susceptible de renforcer le soulèvement populaire avec l’efficacité due à son importance « sectorielle ». Mais en haut lieu, on savait aussi la fragilité des magistrats. Et pour cause, c’est essentiellement le pouvoir politique qui en a fait ce qu’ils sont : un instrument à son service, avec tous les leviers nécessaires pour l’entretenir. La corruption, les passe-droits, le téléphone, les scandales tus, les condamnations-règlements de comptes, les états de service sont trop  lourds pour être dépassés. Pour cela, il eût fallu un mouvement… révolutionnaire à entamer par de courageuses remises en cause et un projet de rupture qui place résolument l’émancipation de la justice au cœur du combat. En la matière, les Algériens ont vite déchanté, sans grande surprise par ailleurs. Après les premières velléités de rejoindre le mouvement populaire et ses aspirations à un profond changement, les juges sont vite rentrés dans les rangs après avoir constaté leur erreur d’appréciation quant à la volonté politique au sommet de l’Etat de… changer. Ils sont rentrés dans les rangs et de quelle manière ! En… inventant, entre autres, des délits et des chefs d’inculpation pour envoyer des centaines de jeunes et de moins jeunes en prison ! Mais le mouvement populaire est tellement généreux, tellement soucieux de renforcer ses rangs et d’aller à l’essentiel qu’il a été tenté d’oublier ses désillusions pourtant encore fraîches et douloureuses. Il n’a, pour autant, rien oublié et voilà que ses appréhensions se confirment. Une augmentation de salaire avec une année de rétroactivité, des « recours » pour les mutations et une… commission pour l’indépendance de la justice et voilà la grève… réussie !
S. L.

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