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Rubrique Constances

Mohamed Aïssa, le vivre-ensemble et tout le reste

Tous ceux qui ont écouté le discours prononcé à Oran par le ministre des Affaires religieuses à l’occasion de la béatification des moines de Tibhirine auront d’abord retenu ceci : il n’y a pas eu un mot sur leurs assassins. Ils ont ensuite apprécié, certainement avec une vive émotion, la hauteur du propos : le vivre-ensemble, la coexistence des religions, le «brassage des cultures, le dialogue des civilisations, la tolérance et l’amour de l’autre, toute la panoplie des concepts qui articulent le rêve de la société humaine de demain y est passé. On peut être attentif à un discours, faire preuve de toute la courtoisie que requiert la solennité de ce moment de recueillement et espérer… béatement «un début à tout».
Les Algériens qui ont eu cette illusion ne doivent pas être nombreux, c’est le moins qu’on puisse dire, mais on peut le concéder, puisqu’on ne peut pas reprocher à quelqu’un qui dit des choses publiquement de ne pas y croire. Par contre, et c’est sans doute le plus important, on ne peut pas oublier «dans quel pays on est». Oran, à moins d’un dérapage des continents qu’on n’a pas senti, c’est l’Algérie et en écoutant M. Mohamed Aïssa, on n’a pas vraiment cette impression. Parce que, dans l’Algérie de la vraie vie, la police arrête des «individus» détenant des exemplaires de la Bible quand leur foi n’a pas de lien avec leur origine… «étrangère».
Parce que, dans l’Algérie de la vraie vie, on a persécuté des groupes de libre croyance… musulmane. Parce que, dans l’Algérie de la vraie vie, les services de sécurité pourchassent plus les chrétiens que les brigands de Kabylie. Parce que, dans l’Algérie de la vraie vie, on s’en prend aux… musulmans chiites comme on s’en prend au pire ennemi. Parce que, dans l’Algérie de la vraie vie, on n’a pas le droit de se réclamer d’une autre religion. Parce que, dans l’Algérie de la vraie vie, on n’a pas le droit de ne pas avoir de religion. Parce que, dans l’Algérie de la vraie vie, des agents de la… Protection civile ont tabassé un jeune qui se désaltérait sur un coin de plage pendant le Ramadhan et des descentes se font jusque dans des endroits privés pour «appréhender les casseurs de jeûne». Parce que, dans l’Algérie de la vraie vie, les non-musulmans n’ont pas un seul restaurant ouvert dans la journée un mois durant par an. Parce que, dans l’Algérie de la vraie vie, insulter les juifs ne relève même plus de la banalité mais de la hauteur intellectuelle. Parce que, dans l’Algérie de la vraie vie, chaque conversion à l’islam devient une «information». Alors, Monsieur le Ministre, on ne sait pas de quel pays vous parliez. Ni quand vous vous êtes exprimé dans la foulée de la béatification des moines de Tibhirine, ni quand, sur les ondes de la Radio nationale, vous avez déclaré que «nous avons vaincu l’extrémisme». Vous voulez dire le terrorisme ? Nous voilà peut-être dans un autre débat, mais ce n’est pas sûr.
S. L.

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