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Rubrique Constances

Service public ou presse publique ?

L’ENTV n’est pas obligée de s’inviter dans l’intimité de la salle de réunion du Conseil des ministres, elle est seulement obligée de rapporter ce qui s’y est discuté et les décisions auxquelles la rencontre a abouti. Dans la foulée, elle peut solliciter les éclairages d’experts, de l’opposition, des syndicats et pourquoi pas l’avis de citoyens ordinaires. Or, hier au journal télévisé de 13 heures, elle a fait «comme d’habitude», en introduisant ses caméras dans la salle, ce qui, dans l’absolu, n’est pas un souci. Le problème, c’est qu’elle n’en a rien fait ou presque : les caméras ont balayé le décor, fixé le Président et quelques ministres avec un fond sonore insondable et puis s’en vont… vers ce qu’elle sait faire de mieux : la lecture des résolutions et les… lectures à sens unique de ses consultants attitrés, infaillibles et indéboulonnables. Dans ce groupe d’experts, il n’y a pas une tête, ni même un mot qui dépasse. Sauf quand il s’agit d’aller plus loin dans la pertinence ou la vertu des résultats du Conseil des ministres et les promesses de bonheur qu’ils impliquent. Là, il y a une vraie compétition. En la matière, il se peut même que le zèle et les heureuses extrapolations surprennent les gouvernants qui découvrent qu’ils ont fait preuve d’autant de génie ! C’est d’autant plus encourageant et confortable pour les «experts» d’aller chercher ce qu’ils veulent dans une réunion du Conseil des ministres qu’ils évoluent en terrain conquis. Pourquoi devraient-ils se gêner et s’imposer des limites quand il n’y a personne pour leur porter la contradiction, surtout qu’ils sont convaincus qu’ils sont là pour ça ? Parce que jusqu’à preuve du contraire, personne ne leur a dit que les choses ont changé. Et les choses… n’ont pas changé. Sinon, ils… ne seraient peut-être pas là, il y aurait de vrais débats sur de vrais plateaux de télévision, de vrais experts qui ne pensent pas tous la même chose, de vrais contradicteurs politiques, de vrais syndicats et de vrais micros-trottoirs qui ne seraient pas triés sur le volet avant ou après les enregistrements. Mais on aurait pu faire l’économie de tous ces développements et «expédier l’affaire» : personne au sommet de l’Etat, n’a encore parlé de… service public dans la presse. Il est seulement question de «presse publique» et ça, on sait ce que c’est. Il n’est même pas possible de l’oublier puisqu’on le constate tous les jours, surtout depuis que les Algériens se sont surpris à rêver. Le maintien d’un strict contrôle sur ce qu’on appelle «les médias lourds» inquiète doublement : il prive les Algériens qui les financent d’une information libre, crédible et ouverte sur la société d’un côté. De l’autre, le message que cela délivre n’est pas très rassurant pour le reste des médias et pour les autres libertés. Trop tôt pour l’affirmation ? Remettons-nous à rêver et attendons d’être démentis.
S. L.

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