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Rubrique Constances

Un maçon est mort

Ils ne doivent pas être nombreux, ceux qui connaissent Mechta-el-Fouara. Le nom ne vous dit rien et c’est normal. Les noms de lieux, de personnes, d’animaux ou de choses ne parlent pas, ceux des femmes et des hommes non plus, d’ailleurs. Surtout quand ils n’en ont pas les moyens. Jamais un nom de bourgade ne s’est adressé à quelqu’un pour lui dire quoi que ce soit. Mais ça peut parler, quand c’est écouté. Qui écoute Mechta-el-Fouara ? On ne sait pas, c’est où, déjà ? C’est dans la commune de Morsott. Vous ne connaissez pas Morsott non plus ? C’est normal mais, « théoriquement » du moins, selon la hiérarchie administrative et institutionnelle du grand et beau pays qu’est l’Algérie, vous avez plus de chances de connaître Morsott qui est une commune que Mechta-el-Fouara qui n’est qu’une… mechta comme son nom l’indique sans avoir besoin de parler. C’est quoi une mechta, déjà ? Ce n’est pas important, c’est un lieu où vivent des femmes et des hommes qui ont rarement choisi d’y habiter. Rarement mais pas jamais, parce que, paraît-il, toutes les mechtas ne sont pas des zones d’ombre. C’est quoi une zone d’ombre ? Ce n’est pas important, non pas parce que le mot est d’invention récente mais parce que le mot va disparaître dès que son utilité sera parvenue à sa date de péremption.
A Mechta-el-Fouara, dans la commune de Morsott, à quelques dizaines de kilomètres de Tébessa, un maçon est mort. Il a succombé à ses graves blessures causées par une chute du deuxième étage d’un immeuble où il bossait. Personne ne vous demandera si vous connaissez Tébessa, puisque vous connaissez forcément. C’est la ville dont Djemaï, l’innommable préposé au FLN, avait dit un jour que tout le monde était trabendiste sauf sa famille ! Il y a plein d’autres raisons de connaître et d’aimer Tébessa. Il n’y en a aucune qui nous empêcherait de parler de la mort d’un maçon. C’est important un maçon, ça construit des maisons, ça élève des enfants et ça travaille dur. Un maçon, ça bosse souvent au-delà de l’âge de la retraite, qui devrait être revu à la baisse d’ailleurs, tellement c’est pénible. Mais il y a pire : souvent, il n’y a pas d’âge de retraite parce qu’il n’y a pas de retraite ! Un maçon, ça travaille au noir dans de grandes proportions. A Mechta-el-Fouara dans la commune de Morsott à 30 kilomètres de Tébessa comme ailleurs dans le vaste et beau pays qui est le nôtre, ça peut mourir à tout instant. Parce qu’à 62 ans, on n’a plus rien à faire sur un échafaudage, parce que l’échafaudage est fait de bric et de broc et parce que la mort d’un maçon, ça n’émeut pas grand monde. Surtout quand ça arrive dans une mechta, pas loin de la ligne Morice et tout près des seuils de pauvreté.
S. L.

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