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Rubrique Constances

Un vendredi, deux matchs décisifs

Demain, avant de rentrer à la maison, rejoindre une « fan zone » ou chercher le café qui offre les meilleures commodités, les Algériens vont d’abord livrer leur propre « match ». A Alger comme dans toutes les autres villes du pays, ils l’ont déjà gagnée cette première partie. Ils les ont toutes gagnées, depuis ce vendredi 22 février où ils ont investi le terrain où se sont jouées toutes les batailles du destin. La grande victoire, la plus importante et la plus prometteuse pour l’avenir est qu’ils sont toujours là, à chaque fois plus nombreux même si le nombre ne veut plus rien dire, à chaque fois plus déterminés, à chaque fois plus inventifs et à chaque fois plus adaptés aux retours d’écoute. Les retours ont rarement été dans le sens de leurs attentes mais ils ont quand même gagné des batailles. Ils ont déjoué des pièges, contourné tous les obstacles et ignoré toutes les petites manœuvres. Ils ont marché le ventre vide et la bouche sèche, ils ont marché quand on a avancé les vacances des étudiants, quand ils ont bloqué les routes et quand il fallait affronter camions à eau et gaz lacrymogènes, quand ils leur ont arraché des emblèmes, quand ils ont barricadé la Grande-Poste et quand ils ont emprisonné les leurs. Demain, vendredi, ils vont encore marcher pour dire que le match se joue et se gagne d’abord ici, même si on attend fiévreusement  le soir pour celui du Caire. Ils n’auront jamais assez d’avions pour transporter l’Algérie vers l’Egypte et même s’ils en ont, les Algériens peuvent tous partir là-bas tout en restant ici. C’est à « eux » de partir, pas au Caire mais partir tout court. L’autre match se jouera après la énième victoire sur l’asphalte. Même celui-là est déjà gagné. Personne ne leur dira merci pour les avions, personne ne dira merci pour les promesses de « rapatriement » de ceux qui sont restés en terre égyptienne sans moyens parce qu’ils ont été contraints à une formule de voyage au rabais. C’est l’argent public, mal utilisé comme toujours, l’argent encore sorti pour acheter une chimérique accalmie. Mais on les a pris, ces vols, et s’il y en a encore, on va les remplir. Sans un mot, sans un regard vers ceux qui veulent encore parader face à un bonheur qui se vit sans eux. Parce que c’est un grain de sable dans l’immensité de ce qui a été dilapidé, gaspillé, volé. Ce match aussi est déjà gagné, non pas parce que les gouverneurs ont réussi à installer les Algériens dans la petite ambition mais parce que les Verts ont déjà conquis tout le monde. Et aussi parce que, quelque part, ils gagnent aussi contre ceux qui ne voient en eux qu’un petit outil dans la logistique du statu quo. Les fans de l’équipe nationale sont aussi partis au Caire pour dire à leurs… transporteurs de partir !

S. L.

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