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Rubrique Constances

Vendredi 12 et demi

Vendredi, quelque part à Alger, devant un restaurant avec terrasse. Il paraît qu’on y mange bien. Le poisson est frais, le service et la propreté irréprochables. Le bonhomme, entouré de son épouse et ses deux enfants, est sur le trottoir, scrutant le ciel et par intermittence ramenant son regard sur terre pour échanger de courtes phrases avec sa compagne et sa progéniture. Ils sont venus manger, il est 12h40, le ciel est gris mais la petite famille ne semblait pas faire attention à la fine et discrète pluie qui tombait. Ils vivent à Londres et s’agissant de grisaille ou de pluie, il en faut beaucoup plus pour les effaroucher. Nabil a quitté le pays au milieu des années 80. Des années après le printemps de Tizi et quelques autres avant l’automne des Stan Smith. Non, il n’est pas parti par dépit, encore moins par désespoir. A l’époque, la crise de perspective n’avait pas encore pris ses aises, du moins pour lui et quelques uns de sa condition. Nabil est ingénieur, il venait de sortir de Polytech d’El Harrach, directement recruté par l’ancienne SNS qui l’avait déjà envoyé pour un stage de perfectionnement et il avait tout l’avenir devant lui. Oui, à l’époque, on pouvait encore partir en formation à l’étranger et revenir. Puis Nabil est reparti. Ou plutôt… parti, puisque la première fois, ce n’était pas vraiment un départ. Ne comptez surtout pas sur lui pour politiser sa décision. Nabil n’a pas la parlotte facile. Dans sa bouche, personne n’a entendu le discours de l’aigreur sur la déliquescence du pays qui «pousse ses meilleurs enfants à l’exil». Il ne s’est jamais laissé aller à l’étalage de sa réussite, qu’il n’aurait jamais eue ici. Il est comme ça, Nabil, n’attendez pas de lui qu’il descende en flammes le pays, ses gouvernants et tous les gens qui y habitent. Nabil est parti parce qu’un jour il a eu envie d’ailleurs, d’une autre vie, de se réveiller le matin sous un autre pan du ciel. Il ne revendique ni le parcours du «self mad man» de quelqu’un qui… s’est fait tout seul ni la lassante profession de foi qui préconise que nul n’est prophète en son pays. Nabil n’a jamais crevé la dalle, il faut chercher ailleurs si vous êtes friands d’histoires de longues journées sans pain. Il n’est pas né avec une cuiller dorée à la bouche mais il a eu une enfance confortable d’enfant de fonctionnaire. Ça fait des années que Nabil n’est pas revenu au pays, sans raison particulière. En tout cas, ne comptez pas sur lui pour en faire une longue et fastidieuse dissertation. Si vous insistez à savoir pourquoi, il finira par vous dire qu’il ne le sait pas, lui-même. Il y a quelques jours, il a eu une vive envie de sardines grillées et un voisin lui a recommandé ce restaurant. En y arrivant, on lui avait dit que c’était fermé pendant la prière du vendredi. Un restaurant fermé au moment de… déjeuner. Sur le trottoir, il ne faisait toujours pas attention à la pluie même si elle s’est faite plus visible. Il parlait encore à ses enfants, des adolescents qui viennent pour la première fois. Allez savoir ce qu’il leur donne comme explication.
S. L.

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