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Rubrique Constances

Yennayer : c’est quoi la fête ?

Il y a quelques années, alors que le pouvoir faisait feu de tous bois pour se mettre à l’abri d’une «contamination» par la vague de révoltes populaires déclenchées dans certains pays arabes, Abdelmalek Sellal disait, avec l’inspiration qu’on lui connaît, qu’il ne pouvait pas y avoir de «printemps arabe» chez nous parce que l’Algérie se préparait à… célébrer le Nouvel An berbère ! Tous ceux qui ont eu du mal à saisir cet exercice de contorsion de haute volée ont fini par comprendre, juste au prix d’un petit effort. Yennayer a fini par être formellement reconnu grâce au combat de plusieurs générations de militants et à la résistance paisible mais tenace des Algériens qui ont continué à observer le rituel comme pratique ancestrale du terroir. Pour autant, ce n’est pas vraiment dans ces termes que le pouvoir et les gardiens du temple installés à sa périphérie conçoivent Yennayer. Non seulement, il faut le maintenir dans ses stricts aspects folkloriques mais, pourquoi s’arrêter en si bon chemin, il est possible d’en faire aussi un ingrédient à ajouter à la logistique déployée pour parer le changement. En termes plus clairs, sans besoin de gymnastique cette fois-ci, c’est la «fête » au service du statu quo ! Ou pire, de la régression. Car avant la sortie de Sellal, le «ministre de la République» et chef de parti Amar Ghoul avait déclaré, fier de lui et manifestement prétendant à une récompense pour la pertinence et le courage de son propos, qu’il ne «célébrerait pas Yennayer parce que c’est une fête d’hérétiques» ! L’année berbère a continué à être fêtée, prenant chaque année un peu plus d’ampleur mais pour autant, l’effort qui devait l’installer dans son temps a été très faible et c’est le moins qu’on puisse dire. En dehors de quelques ilots d’audace et de liberté encore au stade de la marginalité, on n’a pas vraiment innové en la matière. Plus malins que Ghoul, d’autres en ont même trouvé un usage à leur convenance. Ils ont travaillé à soustraire Yennayer à la vie moderne, en le canalisant dans des pratiques «ancestrales» au sens le plus archaïque et le plus régressif du terme, en l’opposant aux fêtes de fin d’année universelles, ils l’ont peut-être combattu avec plus d’efficacité. Sur ce terrain, il convient de reconnaître que l’opposition dans la socièté a été très maigre. Le couscous aux légumes secs, les beignets, les «expositions» de moulins et de charrues artisanaux et les rudimentaires «carnavals» dominent encore cette journée. Pendant ce temps, le ministère de la Culture et le Haut-Commissariat à l’amazighité continuent à financer quelques «spectacles» du genre et quelque part dans le «pays profond», la fête se fait entre… femmes ou, plus pénible encore dans des cohues masculines et plurielles. Yennayer amervuh, quand même.

S. L.

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