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Rubrique Contre poings

Rabah Bouzidi : les yeux dans les étoiles

Comment a-t-il pu tomber dans les bras de la science quand ses congénères chutaient dans ceux du songe ou des jeunes filles ?
Comment un montagnard voué à une vie de berger, de cultivateur ou, au mieux, de petit fonctionnaire peut-il ouvrir l'œil sur l'univers ?
Ou à quel endroit un enfant en guenilles, presque affamé, peut-il se dire qu'il y a un monde à rencontrer, embrasser ailleurs ?
Il voulait faire de la physique. Avait-il lu Einstein au creux des collines qui l'ont vu naître? Rabah Bouzidi est un homme tranquille. Zen. C'est rare de nos jours. Il est rare !
Il a 57 ans, l'âge d'un grand-père, d'un sage, d'un enseignant. C'est ce qu'il est. Formé à l'École nationale des travaux publics de Kouba, à Alger, il a quitté le pays pour poursuivre une post-graduation, il y a 33 ans. Il a fait l'une des meilleures écoles dans sa spécialité en Europe.
Après son doctorat, il été, comme tant de cerveaux algériens, englouti par la quête du savoir et le relatif confort même si avéré de son pays d'accueil, la France.
Dans un laïus qu'il a écrit pour se souvenir, il raconte les premiers dos-d'âne qu'il a croisés dans son pays, avant son épopée européenne : «Après mon bac, je voulais faire un DES de physique à l'université de Sétif. C'est une discipline que j'aimais tout particulièrement. Le peu de lois physiques que je connaissais, alors, me donnait l'impression que je dominais le monde. Ma passion pour cette matière a fait de moi un bon élève. À ma grande surprise, il y avait aussi d'autres matières qui n'avaient rien à voir dans un cursus universitaire. Imaginez ! De l'éducation civique pour adultes! Rien que ça ! J'ai boycotté ces deux modules que j'ai jugés inadaptés, incongrus dans une formation scientifique. Malgré la validation de mes partiels, j'ai été sanctionné. J'ai été orienté en chimie. J'ai vite changé de fusil d'épaule. J'ai fait un ingéniorat en travaux publics.»
À Orvault, dans la banlieue nantaise, à la lisière de la Bretagne, Rabah a retrouvé un bout de sa  Kabylie natale, du moins ses senteurs...
Aujourd'hui et depuis plusieurs décennies, Rabah Bouzidi est maître de conférence à l'université de Nantes. Il y enseigne la mécanique et le calcul des structures. Il y explique à ses étudiants «le mouvement des objets et leur résistance».
Si comme moi, vous êtes un peu largués, je vous suggère de demander à nos responsables de vous mettre au parfum !
Rabah est ingénieur, professeur, astronome et mathématicien. 
Il a publié ou co-publié avec ses pairs plusieurs manuels de maths destinés aux étudiants de tous les  pays de la planète.
Il est aussi astronome amateur, dit-il. La nuit, il dort souvent l'œil collé au télescope qui squatte son jardin depuis de nombreuses années. Il aime les étoiles, l'univers. Il aime douter. Ce qui lui fait dire : «Les religions réductrices n'ont pas leur place dans notre vie. Chacun de nous est libre de croire à ce qu'il veut. À mon avis, le défaut des religions, c'est qu'elles ne laissent la place à rien. Surtout pas à la poésie ou à l'imagination. Je n'aime pas les dogmes. Le paradis, par exemple, est une représentation médiocre, basique, loufoque. L'âme, à mon sens, n'existe pas ! Tout ce qu'on peut faire, on le fait tant qu'on est vivant! Après, tout est incertitude... Je n'ai aucune certitude mais je n'écoute pas les marchands de la religion qui soufflent à l'oreille des nouveau-nés pour leur enseigner la peur !»
Covid, incendies, crimes, embastillements...?
Rabah Bouzidi reste à l'écoute de son pays mais en cartésien, il estime que la solution qui a été esquissée par le Hirak passera nécessairement par une crise. Il prédit : «Il faut que tout s'effondre sans l’avènement de forces sombres. Aujourd'hui, tout Algérien est corrompu ou corrupteur. Tout est à reconstruire, pas seulement la police, la justice ou l'école.»
Je cherchais des mots rassurants, j'en ai pour l'argent que je n'ai pas ! Aux dizaines de milliers de cerveaux algériens égarés sur la planète, vivez, nous vivons par vous et avec vous !
M. O.

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