Placeholder

Rubrique Contribution

Propreté des toilettes (WC) Au temps du choléra, une priorité absolue

Pr Soukehal Abdelkrim(*)
Qui n’a pas déjà vécu cette situation ubuesque : une envie pressante, la recherche frénétique de toilettes (WC), et, une fois trouvées, la découverte que le siège est couvert de… souvenirs de l’utilisateur précédent. Dès lors, que faire ? Se comporter comme si de rien n’était et procéder comme à l’accoutumée, ou bien tenter de faire son affaire accroupi, en équilibre précaire ? Le monde actuel est, une immense  planète peuplée de microbes de plus en plus résistants aux antibiotiques.   Comme tout le monde, nous portons sur notre peau et à l’intérieur de nos intestins nos propres microbes, que nous échangeons en permanence, non seulement avec notre environnement immédiat, mais également les uns avec les autres. Les microbes sont extrêmement nombreux sur et dans tout le corps, y compris sur la peau, dans la bouche, dans les yeux, dans les organes urinaires et génitaux ainsi que dans le système gastro-intestinal. La plupart des gens transportent jusqu’à un kilogramme de micro-organismes vivants… Tous ces bactéries, virus, champignons, levures et parasites vivent majoritairement à l’intérieur de l’intestin. Ils constituent environ 25 à 54% des matières fécales humaines. L’éventail des micro-organismes pathogènes transmis par les matières fécales est très large. Il est composé de bactéries de type Enterococcus, Campylobacter, Salmonella, Vibrion cholérique, Escherichia Coli, Shigella, Staphylococcus, Streptococcus, de virus comme le virus de l’hépatite A , de l’hépatite E, de la poliomyélite, les rotavirus, les norovirus et des parasites comme ceux de l’amibiase, des giardia, des oxyures… pour ne citer que les pathogènes fécaux les plus fréquents. Lors d’une rencontre, dans les toilettes, avec des matières fécales, il existera donc effectivement et toujours un risque important de contamination et donc d’infection réelle d’origine entérique… 

La préoccupation est planétaire…
Dans le programme de développement mondial, le domaine de l’eau fait l’objet de toutes les attentions et reçoit plus de financement et d’attention que tous les autres programmes. Malgré des preuves irréfutables portant sur avantages et  bénéfices de l’investissement dans l’assainissement, celui-ci reste un sujet «peu glorieux» pour de nombreux décideurs et un silence pesant entoure la question des toilettes (WC) et de l’assainissement alors que la non-prise en charge de cette question  a des conséquences mortelles sur l’individu. Pourtant, nous  utilisons les toilettes tous les jours — à la maison, à l'école, à la mosquée, au travail, dans les restaurants, les centres commerciaux, les gares routières, les aéroports et j’en passe… mais nous n’en parlons que très rarement  pour ne pas dire jamais.
 Cela doit changer, et cela change lentement. L’épidémie de choléra de cette saison nous en rappelle toute l’importance. En effet, les maladies diarrhéiques, quelle qu’en soit leur cause (bactérienne, virale, parasitaire, fongique)  sont  une des conséquences directes d'un assainissement insuffisant. Chaque année, les épidémies de  maladies diarrhéiques, dont la plus létale reste le choléra, tuent plus d'enfants que  sida, paludisme et rougeole réunis.
En 2015, les Nations unies ont présenté leur programme mondial et ses dix-sept objectifs de développement durable à atteindre d'ici 2030.
Le sixième objectif fait référence, de façon directe, à la mise en place de toilettes et prévoit la fin de la défécation à l'air libre et un assainissement et une hygiène adéquats et équitables pour tous dans les dix années à venir. C’est un objectif ambitieux que l’on doit atteindre, compte tenu des conséquences néfastes d’un assainissement insuffisant. 

19 novembre : une Journée mondiale des toilettes sous le thème STOP aux maladies à transmission entérique !
C’est un problème endémique à prendre en charge. Pour être précis, il convient de rappeler qu’environ un milliard de personnes dans le monde sont confrontées à l'indignité de déféquer à l'air libre. Le principe de base à conforter et à imposer  est que «des toilettes propres et sûres sont des conditions préalables à la santé, à la dignité, à la vie privée et à l’éducation de l’individu». Le sujet des toilettes (WC) est assez important pour qu’une organisation se consacre à son étude et à sa promotion. En effet, la World Toilets Organization (WTO), créée en 2001 dans le but de briser le tabou autour des toilettes et de la crise de l'assainissement, organise notamment une Journée mondiale des toilettes chaque 19 novembre, afin de mettre en lumière l’importance du sujet et la priorité à accorder à l’assainissement dans le programme de développement. 
Chaque année, dans le monde, 700 000 enfants meurent de diarrhées causées par l’eau non potable et les mauvaises conditions d’hygiène. Ceci est dû essentiellement au fait que 40% de la population mondiale n’ont pas accès à des installations sanitaires. Il faut donc promouvoir  des politiques d'assainissement  pour assurer la santé, la dignité et le bien- être pour tout le monde et partout.

STOP aux pathologies liées à la non-fréquentation des toilettes dans les établissements scolaires !
Intéressons-nous d’abord au milieu éducatif qui prend en charge notre jeunesse. Des sanitaires (WC) bien conçus peuvent avoir un effet positif et sécurisant sur l’environnement pédagogique d'une école, d’un collège, d’un lycée et d’une université. En effet, des sanitaires propres, dont le matériel fonctionne correctement, sont une façon de rappeler  aux  élèves et étudiants  que leur établissement d’enseignement  se soucie vraiment de leur bien-être. De façon précise, il est maintenant  admis que le manque de toilettes propres et sûres dans les écoles entraîne une augmentation des pathologies chez les enfants. Faut-il rappeler que le lieu public le plus fréquenté par les enfants est l’école : ils y passent les deux tiers de leur temps éveillé. A titre d’exemple, en France, les études réalisées sur les toilettes, notamment par l’Observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements scolaires (ONS) montrent que plus de 1 élève sur 3 ne fréquente pas les toilettes, avec des répercussions sur leur santé. Les pathologies provoquées par la non-fréquentation des toilettes sont essentiellement urologiques et digestives. Du point de vue urologique, ce sont les infections urinaires et l’incontinence urinaire qui sont les plus prégnantes. Selon Michel Averous (uropédiatre), le problème est à relier à la fréquentation scolaire. En effet, les consultations pour infections urinaires et vaginales sont plus fréquentes pendant le temps scolaire que pendant les vacances. Alain Pigné (gynécologue spécialiste de l’incontinence urinaire), relie également ce symptôme à la non-fréquentation des toilettes par les jeunes filles dans les établissements scolaires. L’incontinence urinaire est un problème de santé publique, puisque 27,6 % des femmes en souffrent. Elle existe également chez la jeune fille. Ce spécialiste interpelle les médecins de santé scolaire  pour travailler sur l’amélioration du passage aux toilettes. 
A ce sujet, l’Association française d’urologie (AFU) préconise pour les enfants, de façon minimale, d’aller uriner toutes les 3 heures : le matin avant de partir à l’école, à chaque récréation durant la journée, au retour à la maison et avant de se coucher, ceci dans le but de prévenir le développement des germes et des infections de l’appareil uro-génital. Parmi les pathologies digestives qui touchent les enfants, on rencontre surtout  des problèmes de douleurs abdominales et de constipation. Ceci est cohérent avec le fait que 84,6% des élèves ne vont jamais à la selle au collège. 
Il est maintenant admis que la fréquentation des toilettes à l’école participe à la satisfaction des besoins fondamentaux de la pyramide de Maslow (1943). Selon cet auteur, quelle que soit sa culture, une personne puise sa motivation dans cinq besoins qui sont hiérarchisés, chaque besoin non satisfait constituant une source de motivation potentielle. Du point de vue managérial, il faut commencer par garantir les besoins de base (physiologiques et de sécurité) pour pouvoir ensuite travailler sur les besoins sociaux et psychologiques. Toujours selon Maslow, il est vain de répondre au besoin supérieur si celui qui est inférieur n'est pas traité. Or, un tiers des élèves ne vont pas aux toilettes dans leur école car elles sont sales et malodorantes. Au niveau secondaire, les toilettes sont perçues comme un lieu de non-droit. Des pathologies infectieuses peuvent en découler. 

Les toilettes des établissements scolaires ne doivent plus être des lieux de contamination 
Les solutions pour améliorer la fréquentation des toilettes doivent être travaillées selon trois axes : la conception des lieux, la mise en place d’une surveillance efficace et l’élaboration avec les élèves d’un plan d’éducation pour la santé.  
Les normes de sécurité des sanitaires pour enfants doivent être respectées lors de la conception des toilettes d’une école. Il est important de garder en tête toutes les normes de sécurité afin de choisir un matériel adapté car les enfants sont plus vulnérables que les adultes. L’hygiène des mains au sortir des toilettes est impérative pour tous, en tout lieu et en tout temps. La prise de conscience du risque de transmission manuportée d’agents infectieux est un véritable enjeu de santé publique. Elle fait également partie des bonnes pratiques d’hygiène vitale qui doivent être  enseignées à l’enfant. Il est maintenant prouvé que l’absence du lavage des mains est à l'origine de plus de 50% des toxi-infections d’origine alimentaire après transmission par des mains souillées. Pourtant, le lavage des mains au savon liquide à partir d’un distributeur, puis séchage des mains avec un essuie-mains à usage unique, en particulier après un contact avec des excréments (après défécation et après manipulation des selles d’enfants), peut réduire l’incidence des diarrhées, du choléra  et de la fièvre typhoïde (maladies des mains sales par excellence) de plus de 40%. Récemment, en Europe, l'observation de personnes dans les toilettes publiques révèle que 14,6% des hommes ne se lavent pas les mains du tout, versus 7,1% pour les femmes. Quand ils se lavent les mains, seuls 50,3% des hommes utilisent du savon, versus 77,9% pour les femmes. Les gens prétendent qu'ils se lavent les mains «régulièrement» mais toutes les études scientifiques montrent le contraire : alors que 92% des smartphones sont recouverts de microorganismes pathogènes, 16% d’entre eux sont contaminés par des bactéries fécales de type Escherichia Coli à l’origine de graves infections digestives et urinaires. «En serrant la main d’une personne sortant des toilettes sans s’être lavé les mains, vous risquez une fois sur trois de retrouver des germes fécaux de cette personne dans votre bouche dans les deux heures qui suivent…» Dr Frédéric Saldmann - in On s’en lave les mains.

Alerte à la contamination d’origine fécale dans les toilettes (H/F) et particulièrement  les toilettes ouvertes au public ou celles dédiée à une population spécifique, quel que soit son lieu d’implantation  (mosquées, écoles, lycées, universités, aéroports, administrations, hôtels, usines, établissements de production agroalimentaire, établissements de santé, lieux de restauration, cafés, casernements, toilettes publiques et autres). Ces toilettes sont des lieux à très haut  risque de contamination par les entérobactéries, les entérovirus, les parasites intestinaux… Toute action de bonne pratique d’hygiène des mains doit se réaliser, en priorité absolue, à ce niveau et à la sortie des toilettes. L’existence d’un poste de lavage des mains complet dans les toilettes est impérative.

On ne doit pas se contenter d’un filet d’eau froide… en guise de lavage des mains !!! La récente poussée épidémique de choléra au centre du pays nous le rappelle.

La conception des toilettes à l’école : les normes à respecter, les bonnes pratiques à adopter
L’hygiène de l’environnement dans les sanitaires (WC) doit être permanente. L’hygiène des sanitaires est primordiale  lors de la conception. 
L’entretien doit être facilité. Les produits doivent être hygiéniques. Vous retrouverez ainsi des urinoirs sans eau ainsi que des cuvettes WC sans bride pour enfants qui réduisent les espaces cachés où toutes sortes de microbes sont susceptibles de proliférer et de contaminer les utilisateurs. 
Le ratio des toilettes doit être suffisant, car l’utilisation est irrégulière, pendant le temps hors classe, avec un flux important d’élèves pressés pouvant interdire l’accès aux élèves les plus fragiles. Ce ratio n’est pas suffisant dans beaucoup d’écoles.
Les toilettes «à la turque» doivent être bannies dans les écoles car outre le fait que les enfants ne les fréquentent pas parce qu’ils ont peur, la position que doivent adopter les filles pour uriner fragilise leur périnée.

Quels sont les normes à respecter dans une école ? 
Chaque installation sanitaire d’une école doit comprendre au minimum :
• des cabines WC filles et garçons, pouvant être verrouillées de l’intérieur ;
• des urinoirs pour les garçons ;
• des postes de lavage des mains (lavabos avec accessoires adaptés) ; lavabos d’une hauteur au-dessus du sol d’environ 0,50 m à raison d’un jet pour 10 enfants ;
• prévoir pour 30 filles : deux cabines WC et un poste de lavage des mains ;
• prévoir pour 30 garçons : une cabine WC, deux urinoirs et un poste de lavage des mains ;
• des WC pour les enseignants et le personnel administratif ; 
• pour le personnel enseignant et administratif : une cabine WC et un poste de lavage des mains pour 10 personnes ;
• un vidoir d’étage.
Tous les dispositifs seront adaptés à la taille des utilisateurs. Ils sont caractérisés par leur robustesse, leur simplicité de fonctionnement et leur facilité d’entretien. Pour les installations WC, seuls les appareils avec réservoirs sont pris en compte. 
Les urinoirs sont obligatoirement pourvus d’un système de chasse. 
Les séparations latérales recommandées. 
Ces aspects sont  importants et doivent être pris en compte.
Un aspect dynamique et attrayant  pour les toilettes…
L’imagination des enfants doit être stimulée tout le temps. C’est pour cela que les toilettes des écoles doivent avoir une allure attrayante afin qu'ils associent le fait de s'y rendre à une expérience positive. 
Une utilisation intelligente des couleurs peut faire toute la différence dans la perception qu’auront les écoliers de la pièce. Il est donc essentiel d’envisager tout ce qui peut être fait pour rendre l’endroit plus attrayant pour les plus jeunes et les plus âgés. 

L’équipement des toilettes (WC)
• Le manque de papier toilette et de papier essuie-mains à usage unique est un sujet qui revient souvent dans les causes de non-fréquentation des toilettes. Les adultes avancent le fait que le papier sert à une toute autre fonction que celle prévue au départ. 
• La quantité doit être suffisante afin d’éviter le contact des doigts avec les matières fécales. Un distributeur mural sécurisé de papier essuie-mains à usage unique est impératif dans les toilettes. 
• L’utilisation d’une soufflerie sèche- mains n’est plus préconisée du fait de ses inconvénients indésirables.
• Peu de toilettes sont équipées de patère ; cela évite pourtant ainsi aux enfants de mettre leurs manteaux à terre pendant la période hivernale. 
• Des poubelles doivent être prévues dans les toilettes des filles. Il est de plus en plus fréquent que des filles soient réglées dès l’âge de 12 ans, voire plus tôt.
• Les toilettes doivent être pourvues de balayettes.

Le poste de lavage des mains dans les toilettes : la seule riposte au péril orofécal 
Le lavage et l’essuyage immédiat des mains sont indispensables pour éviter la contamination orofécale, mais il est parfois difficile pour les enfants de se laver les mains en l’absence d’un poste de lavage des mains. Pour être opérationnel, ce poste de lavage des mains doit comporter : 
- un lavabo avec robinet mitigeur ; 
- un distributeur mural sécurisé de savon liquide à usage fréquent (l’utilisation de  savons en morceaux ou de savonnettes  sont proscrits en raison de la stagnation sur leur surface de germes pathogènes à l’origine de contaminations manuportées) ;                                                                           
- un distributeur sécurisé mural d’essuie-mains en papier à usage unique ; une poubelle non munie de couvercle. 

Les toilettes à l’école… c’est actuellement un espace «anxiogène» pour les élèves…
Ce qui rebute les enfants au sujet des toilettes… une récente étude (2010)  dans des écoles françaises a montré que  40% des élèves interrogés disent ne pas se laver les mains car l’eau est trop froide. De même, 75% des élèves ne se lavent  les mains que «parfois» après être allés aux toilettes car ils n’ont rien pour les essuyer. La plupart du temps le point d’eau pour le lavage des mains et pour la boisson est le même, ce qui favorise également la dissémination des bactéries orofécales, les enfants buvant souvent à même le robinet. Enfin, 34% des élèves qui boivent aux toilettes s’essuient la bouche avec leurs mains contaminées. Le savon liquide pour le lavage des mains n’est pas fourni car les adultes considèrent que les enfants jouent avec le savon liquide, ce qui entraîne une surconsommation et un entretien plus important pour nettoyer les lavabos. La même enquête a montré également le manque d’intimité dans les toilettes, ce qui constitue un frein important à leur fréquentation. Du reste, l’une des tactiques des élèves est de demander à aller aux toilettes pendant le temps de classe afin d’être plus tranquilles… Les urinoirs pour les garçons ne sont pas cloisonnés, placés à l’entrée du bloc sanitaire, là où tout le monde peut les voir. Souvent, ce sont des cloisons insuffisamment hautes ou basses qui facilitent le voyeurisme de certains élèves (49% des élèves ont peur que quelqu’un les voie aux toilettes). Par ailleurs, les élèves se plaignent également du manque de verrou : ce problème est contourné par les filles qui vont souvent à deux aux toilettes et surveillent la porte à tour de rôle. Parmi les autres peurs d’aller aux toilettes, il faut signaler celle d’être enfermés (66%), mais également la crainte du comportement d’autres élèves en raison d’un manque de surveillance (69,2% des écoles n’ont pas de surveillance spécifique de cette zone). Les toilettes deviennent un lieu de non-droit avec moqueries, bousculades, bagarres et violences. Certains élèves ont peur de s’y rendre du fait d’un manque d’éclairage ou d’une minuterie trop courte. Enfin, s’exprimant sur ce qui les empêche d’utiliser normalement les toilettes, les élèves relèvent en tout premier lieu les mauvaises odeurs et le manque de propreté des lieux. Les toilettes sont jugées peu accueillantes par la majorité d’entre eux. Ceci peut concerner à la fois l’entretien des locaux, mais également les matériaux utilisés dans les toilettes, les joints de carrelage et l’insuffisance de ventilation étant souvent mis en cause dans la persistance des odeurs nauséabondes des toilettes. La présence d’odeurs dans les toilettes est le signe de la prolifération d’agents biologiques pathogènes dont la dissémination peut être la cause de maladies infectieuses transmissibles.  En un mot, les toilettes, une zone de l’école à éviter car elle est considérée comme  lieu d’insécurité avec  absence totale d’hygiène… 

Les préconisations universelles pour les toilettes  
L’école se doit d’accueillir les enfants dans les meilleures conditions de sécurité, d’hygiène et de bien-être. 
Il faut donc penser à la conception des toilettes idéales dans les établissements scolaires, en prenant en compte les éléments suivants :
• les toilettes doivent tout d’abord être en nombre suffisant ;
• les toilettes doivent ensuite être accueillantes : propres, sans odeur désagréable (les matières utilisées doivent être choisies pour leur facilité d’entretien), munies de papier hygiénique et de poubelles dans les toilettes filles. Du papier hygiénique doit être prévu à côté des urinoirs pour les garçons, une balayette également mise en place dans chaque cabine ;
• le lavage des mains avec du savon liquide en distributeur mural sécurisé doit être prévu avec de l’eau tiède : les mitigeurs peuvent être placés avant les robinets de manière à favoriser l’économie de l’eau et assurer la sécurité des élèves par rapport aux brûlures dues à de l’eau trop chaude. Des papiers essuie-mains à usage unique en distributeur mural doivent être mis en place dans chaque toilette ; 
• afin d’éviter l’utilisation des lavabos des toilettes pour la boisson et éviter ainsi la contamination orofécale, des fontaines à eau doivent être mises en place dans l’établissement scolaire ;
• l’intimité des élèves doit être respectée en concevant des cabines de toilettes sans espace excessif au-dessus et en-dessous, empêchant l’utilisation des téléphones portables. Les urinoirs ne doivent pas être placés au vu des personnes passant devant les toilettes. Au mieux, ceux-ci peuvent être remplacés par des cabines, ce qui faciliterait le passage des garçons à la selle et respecterait la différence de maturité des garçons au collège. Dans les petites classes, les toilettes doivent être séparées les unes des autres, voire pourvues de cabines – de nombreux enfants étant très pudiques même à cet âge ;
• permettre la surveillance des toilettes, reste un enjeu social important.

En guise de conclusion…
Les maladies à transmission orofécale ont encore de beaux jours devant elles si un effort multisectoriel n’est pas engagé. 
L’autorité en charge des élèves dans les établissements d’enseignement doit favoriser l’amélioration des toilettes pour les rendre facilement accessibles et conformes aux normes pour permettre le  respect des bonnes pratiques en hygiène, universellement admises. Pour l’heure, le constat est réel et sans appel : «Les toilettes sont une grande honte de notre système éducatif.» 
Toutes les  toilettes des établissements éducatifs devraient être pensées comme le lieu d’accueil le mieux conçu de l’établissement pour l’éducation sanitaire.  Une seule ligne de conduite doit être suivie pour le bien-être de notre jeunesse. 
Les toilettes doivent respecter les normes universelles en vigueur. Elles doivent être propres… impeccables...
S. A.
(*) Épidémiologiste, spécialiste en médecine préventive, santé publique et hygiène.

Placeholder

Multimédia

Plus

Placeholder