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Conflit entre le GPRA et l’Etat-Major général

Par Ali Chérif Deroua
Avant de reprendre l’écriture sur les évènements qui ont jalonné l’Histoire de la Révolution algérienne, que le lecteur m’excuse d’apporter certains éclaircissements sur l’article paru le 22 janvier 2020 dans Le Soir d’Algérie, concernant l’incident de Mellègue avec un avion ennemi détruit et son pilote fait prisonnier.

Certains lecteurs se demandent si l’avion était un avion de reconnaissance ou un chasseur-bombardier tel que lu ou rapporté par d’autres acteurs potentiels ou auteurs confirmés. Pour ma part, je confirme et je signe, c’était un avion de reconnaissance. Pour les détails, je les «garde pour mes vieux jours».
J’aimerais aussi, par la même occasion, rappeler à certains lecteurs potentiels qui s’intéressent spécialement à l’Histoire de l’Algérie le fait de n’avoir pas relevé ou commenté ou, à plus forte raison, critiqué un passage de mon article paru dans Le Soir d’Algérie du14 janvier 2020.
J’en déduis, d’après l’adage populaire universel «qui ne dit mot consent» et je m’en réjouis.
Revenons à l’Histoire
Dès son installation à Ghardimaou le 30 janvier 1960, l’EMG, pour ne pas dire Boumediène, s’est attelé à la tâche la plus urgente : mettre le holà au laisser-aller, au marasme, à l’indiscipline, à l’insouciance, à l’irresponsabilité qui faisaient florès à la frontière algéro-tunisienne.
Avec des méthodes organisationnelles fermes, appliquées avec succès à la frontière algéro-marocaine, et le cas échéant, des sanctions et des exécutions, il est arrivé à redresser la barre et imposer la discipline militaire à la frontière.
En l’espace de 2 mois, il a réussi à intégrer les différentes composantes des forces présentes à la frontière qui dépendaient de plusieurs «chapelles» : forces Wilaya I, Wilaya II, base de l’Est, Wilaya III, Wilaya IV et même certains qui dépendaient de la Fédération FLN de Tunisie.
Il est vrai que les djounoud qui composaient ces forces provenaient de ces différentes parties de l’Algérie, malheureusement ils n’ont jamais été intégrés dans une force commune, dépendant pendant presque 2 ans du Commandement des opérations militaires (COM) Est.
Au mois de mars 1960, il lance des attaques contre le barrage électrifié, sans tentative de passage, avec aussi la destruction par bengalores (tubes en fer bourrés de poudre à même de faire des ouvertures sur le barrage de 5 à 8 m et la destruction des mines environnantes sur une longueur plus importante).
Cette opération ainsi que le passage de petits groupes de moudjahidine ont été exécutés couramment durant toute l’année 1960 et 1961.
Boumediène voulait former, à la longue, une armée conventionnelle classique, avec les moyens matériels et armement mis à sa disposition par le ministère de l’Armement et des Liaisons générales (Malg).
Son tour de force, ou son «génie», a été de faire cohabiter des forces antagonistes, de ménager les susceptibilités de tout un chacun des responsables sous ses ordres, de désamorcer ou résoudre les conflits d’autorité, d’ambition ou de jalousie.
Il a bénéficié des bonnes relations entre la Tunisie et le GPRA pour être alimenté par du matériel militaire lourd, acheminé en grande quantité par le Malg de Marsa Matrouh (Égypte), ceci a été facilité aussi par la reprise des relations entre la Tunisie et l’Égypte.
Elle s’est tellement armée que les officiels tunisiens la jalousaient et s’en méfiaient.
On peut dire qu’en quelques mois, Boumediène avait donné à cette armée un esprit de corps, qu’elle n’avait nullement avant sa prise de fonction. A la discipline, il avait ajouté la formation militaire et surtout politique.
La pression sur les barrages de troupes bien armées, motivées, disciplinées a permis de soulager, relativement, les djounoud de l’intérieur, en mobilisant en permanence entre 100 et 120 000 soldats ennemis pour la surveillance et l’intervention aux frontières.
Congrès de Tripoli du 9 au 28 août 1961
Avec la création de l’EMG au congrès précédent, le CNRA n’a fait qu’aggraver la fragilité du Commandement de la Révolution avec la multiplication, la juxtaposition et l’enchevêtrement de plusieurs autorités, sans prérogatives bien déterminées, ni aucune synergie entre elles (GPRA, CIG, EMG).
C’est ainsi que dès la clôture des travaux du précédent Congrès de Tripoli, ces trois entités se sont fait un malin plaisir de se déstabiliser mutuellement.
L’EMG faisait tout pour ignorer le CIG afin d’assurer son autonomie de responsabilité. Le CIG faisait tout pour fragiliser le GPRA dont il ne partageait pas les objectifs. Le GPRA, qui ne savait plus sur quel pied danser, a préféré laisser faire sans se rendre compte des conséquences. Devant cette situation et surtout devant un début de négociations sérieuses qui s’annonçaient, plusieurs membres du CNRA, se trouvant à l’extérieur, sans aucune responsabilité, encouragés par les membres de l’EMG, ont demandé la réunion du CNRA pour faire le bilan de 18 mois de gestion.
Ils ont saisi le bureau du CNRA composé de Mohamed Benyahia, Ali Kafi et Omar Boudaoud.
C’est ainsi que le CNRA s’est réuni à Tripoli du 9 au 28 août 1961. Chacun avait son ordre du jour et ses ambitions.
Etant donné que les trois entités GPRA, CIG et EMG ne s’entendaient pas du tout, les membres du CNRA se sont adonnés à l’ancien clivage partisan : MTLD, Centralistes, UDMA, Oulémas, avec une nouvelle donne non négligeable, l’EMG. Celui-ci se comporte comme un groupe de direction politique avec un poids considérable, le soutien d’une bonne partie des membres du CNRA sans responsabilité et celui de la Fédération de France du FLN. Il bénéficiait aussi de la brouille au sein du CIG.
Comme d’habitude, deux solutions étaient sur la table des négociations : la reconduction d’Abbas ou le choix de Krim comme successeur. Les deux solutions ont été rejetées et comme d’habitude encore, les membres du CNRA ont désigné une commission composée de Mohamed Benyahia, Mohammedi Saïd et Omar Boudaoud pour leur faire des propositions. C’était sans compter sur Saâd Dahleb, vieux expert de la politique des couloirs, et Abdallah Bentobal qui cherchait désespérément une issue à cette crise.
La commission a proposé la candidature de Benyoucef Benkhedda avec une équipe restreinte pour sortir de cette crise.
C’est ainsi qu’un gouvernement de 12 membres dont 5 membres détenus
en France a été formé, dont voici la composition :
Benyoucef Benkhedda, Président et ministre des Finances
Belkacem Krim, vice-président, ministre de l’Intérieur
Ahmed Ben Bella, vice-Président
Mohamed Boudiaf, vice-Président
Mohamed Khider, ministre d’Etat
Hocine Aït Ahmed, ministre d’Etat
Rabah Bitat, ministre d’Etat
Abdallah Bentobal, ministre d’Etat
Saïd Mohammedi, ministre d’Etat
Abdelhafid Boussouf, ministre Armement et Liaisons générales
Saâd Dahleb, ministre des Affaires étrangères.
M’hammed Yazid, ministre de l’Information.
Cette réunion a entériné la disparition du CIG et le maintien de l’EMG avec Boumediène et 2 adjoints au lieu de 3, le commandant Rabah Zerari demandant à ne plus assumer de responsabilité au sein de l’EMG.
A. C. D.

 

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