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Rubrique Contribution

COVID-19 Grande réinitialisation ou insurrection des consciences ?

Par Pr Chems Eddine Chitour Ecole polytechnique, Alger

«Il faut que tout change pour que tout redevienne comme avant.»
Tancrède dans le film Le Guépard de Luchino Visconti


Cette phrase est à méditer car elle trace la frontière entre ceux qui souhaitent un nouveau monde plus juste et ceux qui s’accrochent à une vision passéiste avec des réformettes cosmétiques du système néolibéral. La pandémie actuelle laissera des traces. Depuis ses débuts sur la scène internationale, la Covid-19 a radicalement bouleversé la manière de gouverner des pays, de vivre avec les autres et de participer à l’économie mondiale. L’ouvrage de Klaus Schwab, The Great Reset, La grande réinitialisation, nous propose un mode d’emploi après la Covid-19.
Ce livre propose une analyse inquiétante et pourtant pleine d’espoir. La Covid-19, la plus grande crise de santé publique de ce siècle, a entraîné une catastrophe économique phénoménale et empiré les inégalités déjà présentes. Mais la force de l’être humain réside dans sa clairvoyance, son ingéniosité et, du moins dans une certaine mesure, sa capacité à prendre son destin en main et planifier un avenir meilleur. On sait qu’une épidémie est en général un phénomène naturel, mais peut aussi être un acte de guerre. Le gouvernement chinois a publiquement demandé aux USA de faire toute la lumière sur l’incident survenu dans leur laboratoire militaire tandis que le gouvernement états-unien a demandé la même transparence pour le laboratoire de Wuhan.
En quelques semaines, le monde s’est arrêté de fonctionner. La moitié de la planète est confinée. L’existence de la civilisation telle qu’elle a sédimenté depuis l’organisation des premiers villages, il y a huit mille ans, en Syrie et Mésopotamie, est plus que jamais remise en cause.

Le vaccin pour tous les 7 milliards d’individus de la planète ?
On apprend que les laboratoires Pfizer et BioNtech déclarent que leur vaccin est efficace «à 95%», le vaccin russe du Covid-19 serait 2% plus efficace que le vaccin Pfizer. Un vaccin, et tout redeviendra comme avant ? Cela est de moins en moins sûr, peut-être à cause du Covid. Peut-être d’autres causes comme celle de reformater le monde, comme l’avait prédit entre autres Jacques Attali, à savoir qu’une bonne pandémie permettrait au «système néolibéral» de se régénérer sans casse majeure.
«Si l'on s'en tient aux déclarations des producteurs de vaccins, on pourrait espérer disposer de quelque 10 milliards de doses en 2021. L'industriel le plus offrant est de loin Astra Zeneca, qui promet 2,94 milliards de doses si son vaccin est accepté. Quasiment la moitié de celles-ci sont d'ores et déjà préachetées par le Royaume-Uni, les États-Unis, l'Europe et le Japon. De fait, les pays riches, qui représentent 13% de la population mondiale, ont déjà préacheté 51% des doses promises. Pour l'heure, à peine 1,5% de la population des pays à faibles et moyens revenus pourraient recevoir une dose.»(1)
«Cependant, lit-on dans la suite de l’article, si tout le monde n’est pas vacciné, cela ne servirait à rien dans l’éradication.» «Or, une stratégie d'approvisionnement pays par pays, en fonction des revenus de ces derniers, pourrait s'avérer perdante à l'échelle mondiale. D'après une récente modélisation effectuée par une équipe de chercheurs américains, si les pays riches monopolisaient 2 milliards de doses sur 3 milliards de disponibles, alors la pandémie continuerait partout ailleurs, ce qui entraînerait deux fois plus de morts que si les doses étaient distribuées de manière équitable partout dans le monde.»(1)

Covid-19 remodèle l'avenir de l’humanité
«Tout le monde s’accorde à dire que plus rien ne sera comme avant. Comment le virus Sras-CoV-2 remodèlerait-il notre société et nos vies dans les jours, semaines, mois, années et même décennies à venir ?
Il est indéniable que les gens se déplaceront moins et adopteront d’autres méthodes de travail. Cela remettra en question l'importance de la proximité du lieu de travail, ce qui pourrait à son tour diminuer l'importance des villes, voire même influer sur les transports qui seront moins fréquents mais plus personnels.»(2)
J. Stephen Morrison et Anna Carroll du SCRS ont observé : «Les pandémies changent l'histoire en transformant les populations, les États, les sociétés, les économies, les normes et les structures de gouvernance. Des changements durables dans les villes du monde sont déjà en cours. Les urbanistes réorganisent les espaces publics pour mettre en valeur les espaces verts, les zones de loisirs en plein air et les zones piétonnes.
l'utilisation des transports en commun a largement chuté en faveur partielle des voitures à la suite de Covid-19. L'évaluation nette est que Covid-19 est très perturbateur à court terme et hautement imprévisible à moyen et long terme. La pandémie a également fait comprendre à quel point les populations à haute densité sont vulnérables à la propagation de la maladie. Alors que 55% de la population mondiale vivent maintenant dans des zones urbaines, ce pourcentage devrait passer à 66% d'ici 2050. La santé publique et la surveillance des maladies seront une considération essentielle pour les villes du futur.» (3)

La vie idyllique dans un monde vert, gentil, dans la 4e révolution industrielle
Klaus Schwab, fondateur du Forum de Davos, avance que dans un monde post-Covid «vert» avec les bénéfices de la 4e révolution industrielle, il n’est pas nécessaire de posséder. D’une façon imaginaire, il décrit un monde où il n’est pas nécessaire d’avoir. Tout peut se partager. Cette mutualisation est une nouvelle façon de vivre dans un monde post-carbone. Il écrit : «Vous ne posséderez rien» – Et «vous en serez heureux». «Vous ne mourrez pas en attendant un donneur d’organes.» – «Ils seront réalisés par des imprimantes 3D.» «Vous mangerez beaucoup moins de viande.» – La viande sera «une friandise occasionnelle, pas un aliment de base, pour le bien de l’environnement et de notre santé.» «Un milliard de personnes seront déplacées par le changement climatique.» «Les pollueurs devront payer pour émettre du dioxyde de carbone.» — «Il y aura un prix mondial pour le carbone. Cela contribuera à reléguer les combustibles fossiles aux oubliettes.» «Vous pourriez vous préparer à aller sur Mars.» – Les scientifiques «auront trouvé comment vous garder en bonne santé dans l’espace».(4)

Bienvenue en 2030. Je ne possède rien, et la vie n'a jamais été aussi belle
La même perception du futur dépouillé de la dimension richesse nous est donnée aussi par Ida Auken, membre du Parlement du Danemark (Folketinget). Elle décrit ce que pourrait être la vie du futur où l’individu n’a plus de challenge ni de cause ni d’ambition. Il se laisse porter par le système qui met tout à sa disposition, à charge pour lui d’obéir et d’être numérisable, traçable. Nous lisons : «Bienvenue en 2030. Bienvenue dans ma ville — ou devrais-je dire ‘’notre ville’’. Je ne possède rien. Je ne possède pas de voiture. Je ne possède pas de maison. Je ne possède aucun appareil ni aucun vêtement. Cela peut vous sembler étrange, mais c'est tout à fait logique pour nous dans cette ville. Tout ce que vous considérez comme un produit est maintenant devenu un service. Nous avons accès au transport, au logement, à la nourriture et à tout ce dont nous avons besoin dans notre vie quotidienne. Une par une, toutes ces choses sont devenues gratuites, donc cela n'a plus de sens pour nous de posséder beaucoup.»(5)
«Cela n'avait plus aucun sens pour nous de posséder des voitures, car nous pouvions appeler un véhicule sans conducteur ou une voiture volante pour des trajets plus longs en quelques minutes. Nous avons commencé à nous transporter de manière beaucoup plus organisée et coordonnée lorsque les transports publics sont devenus plus faciles, plus rapides et plus pratiques que la voiture.
C'est drôle comme certaines choses semblent ne jamais perdre leur excitation : marcher, faire du vélo, cuisiner, dessiner et faire pousser des plantes. Cela prend tout son sens et nous rappelle comment notre culture est née d'une relation étroite avec la nature. Dans notre ville, nous ne payons aucun loyer, car quelqu'un d'autre utilise notre espace libre chaque fois que nous n'en avons pas besoin.
De temps en temps, je choisirai de cuisiner moi-même. C'est facile — le matériel de cuisine nécessaire est livré à ma porte en quelques minutes. Pourquoi garder une machine et un cuiseur à crêpes dans nos placards? Nous pouvons simplement les commander lorsque nous en avons besoin.»(5)
«Cela a également facilité la percée de l'économie circulaire. Lorsque les produits sont transformés en services, personne ne s'intéresse aux choses à courte durée de vie. Tout est conçu pour la durabilité, la réparabilité et la recyclabilité. L'air est pur, l'eau est propre et personne n'oserait toucher les espaces protégés de la nature car ils constituent une telle valeur pour notre bien-être. Dans les villes, nous avons de nombreux espaces verts, des plantes et des arbres partout. Achats ? Je ne me souviens pas vraiment de ce que c'est. Parfois, je trouve cela amusant, et parfois je veux juste que l'algorithme le fasse pour moi. Il connaît mon goût mieux que moi maintenant.
Lorsque l'IA et les robots ont pris en charge une grande partie de notre travail, nous avons soudainement eu le temps de bien manger, de bien dormir et de passer du temps avec d'autres personnes. Le concept d'heure de pointe n'a plus de sens, puisque le travail que nous faisons peut être fait à tout moment. Cela ressemble plus au temps de réflexion, au temps de création et au temps de développement. (…) De temps en temps, je suis ennuyée par le fait que je n'ai pas vraiment d'intimité. Aucun endroit où je peux aller et ne pas être inscrit. Je sais que quelque part, tout ce que je fais, pense et rêve est enregistré.»
L’auteure parle de la condition de ceux qui refusent de rentrer dans le moule : «Ma plus grande préoccupation concerne toutes les personnes qui ne vivent pas dans notre ville. Ceux que nous avons perdus en chemin. Ceux qui ont décidé que c'était trop, toute cette technologie. Certains ont formé de petites communautés autonomes. Dans l'ensemble, conclut-elle, c'est une belle vie. Bien mieux que le chemin sur lequel nous étions, où il est devenu si clair que nous ne pouvions pas continuer avec le même modèle de croissance. Nous avons connu toutes ces choses terribles : les maladies liées au mode de vie, le changement climatique, la crise des réfugiés, la dégradation de l'environnement, les villes complètement encombrées, la pollution de l'eau, la pollution de l'air, nous avons perdu beaucoup trop de gens avant de réaliser que nous pouvions faire les choses différemment.»(5)

Les leçons de la Covid-19 : la grande réinitialisation
S’il est admis que nous allons vivre avec le Covid, comment le faire si on sait qu’il y a un autre danger tout aussi imminent dans le temps long concernant les changements climatiques ? En continuant comme par le passé comme si de rien n’était ? Rien n’est moins sûr ! D’autant que le tsunami de la Covid-19 de force 10 sur l’échelle de Richter ne s’arrêtera pas de se manifester par des répliques. Klaus Schwab propose de changer de paradigme dans son ouvrage Covid-19 : The Great Reset. Rien de moins que la «grande réinitialisation», un engagement à construire conjointement et de manière urgente les bases de notre système économique et social pour un avenir plus juste, plus durable et plus résistant. Elle exige un nouveau contrat social centré sur la dignité humaine et la justice sociale, et dans lequel le développement économique n’empiète pas sur le progrès de la société. La crise sanitaire mondiale a mis à nu des ruptures de longue date dans nos économies et nos société. «Nous n'avons qu'une seule planète et nous savons que le changement climatique pourrait être la prochaine catastrophe mondiale ayant des conséquences encore plus dramatiques pour l'humanité. Nous devons décarboniser l'économie dans la courte fenêtre d’action qui nous reste et mettre à nouveau notre pensée et notre comportement en harmonie avec la nature», a déclaré Klaus Schwab. «Afin d'assurer notre avenir et de prospérer, nous devons faire évoluer notre modèle économique et placer les humains et la planète au cœur d’une création de valeur mondiale. S'il y a une leçon essentielle à tirer de cette crise, c'est que nous devons placer la nature au cœur de notre mode de fonctionnement», a déclaré SAR le Prince de Galles»(6).
«La grande réinitialisation est la confirmation que nous devons considérer cette tragédie humaine comme un signal d'alarme. Nous devons construire des économies et des sociétés plus égales, plus inclusives et plus durables, qui soient plus résistantes face aux pandémies, au changement climatique et aux nombreux autres défis auxquels nous sommes confrontés au niveau global», a déclaré Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies à New York.
«Une grande réinitialisation est nécessaire pour construire un nouveau contrat social qui honore la dignité de chaque être humain», a ajouté M. Schwab. «La crise sanitaire mondiale a mis à nu la non-durabilité de notre ancien système en termes de cohésion sociale, d'absence d'égalité des chances et d'inclusion. De plus, nous ne pouvons pas non plus tourner le dos aux maux causés par le racisme et la discrimination. Nous devons intégrer dans ce nouveau contrat social notre responsabilité intergénérationnelle pour nous assurer que nous sommes à la hauteur des attentes des jeunes.» «La Covid-19 a accéléré notre transition vers l'ère de la quatrième révolution industrielle. Nous devons nous assurer que les nouvelles technologies dans le monde numérique, biologique et physique restent centrées sur l'homme et servent la société dans son ensemble, en offrant à chacun un accès équitable.» «Nous devons changer de mentalité, passer d'une réflexion à court terme à une réflexion à long terme. La gouvernance environnementale et sociale et la bonne gouvernance doivent être des éléments mesurés de la responsabilité des entreprises et des gouvernements», a-t-il encore ajouté.(6)(7)
À peine six mois après le début de la pandémie, le monde n’est plus celui que nous connaissions. Dans ce court laps de temps, la Covid-19 a, à la fois, déclenché des changements considérables et amplifié les divisions qui assaillent déjà nos économies et nos sociétés. Des inégalités croissantes, un sentiment d’injustice généralisé, l’approfondissement des clivages géopolitiques, la polarisation politique, des déficits publics croissants et des niveaux d’endettement élevés, une gouvernance mondiale inefficace ou inexistante, une financiarisation excessive, la dégradation de l’environnement : tels sont quelques-uns des défis majeurs qui existaient avant la pandémie. La crise du coronavirus les a exacerbés(6).
«Nous ne pouvons pas savoir à quoi ressemblera le monde dans dix mois, encore moins dans dix ans, mais ce que nous savons, c’est que si nous ne faisons rien pour réinitialiser le monde d’aujourd’hui, celui de demain sera profondément impacté. Dans la Chronique d’une mort annoncée de Gabriel Garcia Marquez, un village entier prévoit une catastrophe imminente, et pourtant aucun des villageois ne semble capable ou désireux d’agir pour l’empêcher, jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Nous ne voulons pas être ce village.»(7)
«Pour éviter d’en arriver là, nous devons, sans tarder, mettre en route la grande réinitialisation. Ce n’est pas un ‘’bonus’’ mais une nécessité absolue. Ne pas traiter et réparer les maux profondément enracinés de nos sociétés et de nos économies pourrait accroître le risque, comme tout au long de l’histoire, d’une réinitialisation finalement imposée par des chocs violents comme des conflits et même des révolutions. Il nous incombe de prendre le taureau par les cornes. La pandémie nous donne cette chance : elle représente une fenêtre d’opportunité rare mais étroite pour réfléchir, réimaginer et réinitialiser notre monde.»(7)
«Nous devons faire en sorte que le grand rétablissement se fasse correctement. Les défis sont plus grands que ce que l'on imaginait, mais notre capacité à réinitialiser est également plus grande que ce que nous avions osé espérer auparavant. «Cette réinitialisation est une tâche ambitieuse, peut-être trop ambitieuse, mais nous n’avons pas d’autre choix que de faire tout notre possible pour l’accomplir. Il s’agit de rendre le monde moins clivant, moins polluant, moins destructeur, plus inclusif, plus équitable et plus juste que celui dans lequel nous vivions à l’ère pré-pandémique. Ne rien faire, ou trop peu, revient à avancer aveuglément vers toujours plus d’inégalités sociales, de déséquilibres économiques, d’injustice et de dégradation de l’environnement».(7)
Certes comme Klaus Schwab, je pense que beaucoup peuvent invoquer l’argument. Nous avons déjà connu cela et nous nous en sommes sortis. Rien n’est moins sûr. «Nous sommes maintenant à la croisée des chemins. Une seule voie nous mènera vers un monde meilleur : plus inclusif, plus équitable et plus respectueux de Mère Nature. L’autre nous conduira dans un monde semblable à celui que nous venons de laisser derrière nous — mais en pire et constamment jalonné de mauvaises surprises.»(7)
Parmi les autres arguments repris en boucle dans cet ouvrage nous citerons des arguments apparemment de «gauche» : «La dépendance excessive des décideurs politiques à l’égard du PIB comme indicateur de la prospérité économique a conduit à l’épuisement actuel des ressources naturelles et sociales. L’augmentation du PIB ne garantit pas l’amélioration du niveau de vie et du bien-être social. Avant tout, l’ère post-pandémique inaugurera une période de redistribution massive des richesses, des riches vers les pauvres et du capital vers le travail. Ensuite, la Covid-19 sonnera probablement le glas du néolibéralisme, un corpus d’idées et de politiques que l’on peut librement définir comme privilégiant la concurrence à la solidarité, depuis quelques années, la doctrine néolibérale tend à perdre en puissance, de nombreux commentateurs, chefs d’entreprise et décideurs politiques dénoncent de plus en plus son ‘’fétichisme du marché’’, mais la Covid-19 lui a porté le coup de grâce.»(8)
Les auteurs font la liaison avec les changements climatiques : «À première vue, la pandémie et l’environnement pourraient passer pour des cousins éloignés ; mais ils sont bien plus proches et imbriqués que nous le pensons. […] en termes de risque global, c’est avec le changement climatique et l’effondrement des écosystèmes (les deux principaux risques environnementaux) qu’on peut le plus facilement comparer la pandémie […] il se peut que la Covid-19 nous ait déjà donné un aperçu, ou un avant-goût, de ce qu’une crise climatique et un effondrement des écosystèmes à part entière pourraient entraîner d’un point de vue économique.»(8)
«Il faut espérer que la menace que représente la Covid-19 ne durera pas. Un jour, elle sera derrière nous. En revanche, le changement climatique et les phénomènes météorologiques extrêmes qui lui sont associés continueront de représenter un danger dans un avenir proche et bien après. Le risque climatique se développe plus lentement que la pandémie, mais il aura des conséquences encore plus graves.» «Cette réinitialisation est une tâche ambitieuse, peut-être trop ambitieuse, mais nous n’avons pas d’autre choix que de faire tout notre possible pour l’accomplir. Il s’agit de rendre le monde moins clivant, moins polluant, moins destructeur, plus inclusif, plus équitable et plus juste que celui dans lequel nous vivions à l’ère pré-pandémique. […] Ne pas agir équivaudrait à laisser notre monde devenir plus méchant, plus divisé, plus dangereux, plus égoïste et tout simplement insupportable pour de larges segments de la population mondiale.»(8)

La dure réalité d’une planète guerrière
Cette vision aussi idyllique que possible — sur le consommateur sous influence — repose sur le postulat : «Il faut que tout change pour que tout redevienne comme avant.» Dans cet ordre, les États-nations seront de plus en plus sur le pied de guerre. La contribution suivante a le mérite d’être sans appel : «La domination américaine est terminée. D'ici 2030, nous aurons une poignée de puissances mondiales. Francis Fukuyama avait dit un jour, suite à la chute du mur de Berlin et l’écroulement de l’empire soviétique, que c’était la fin de l’Histoire, le nouvel ordre mondial sous gouvernance mondiale sonnait le glas des États-nations. Il se trompait.» Comme l’écrit Robert Muggah : «Le paysage politique mondial en 2030 sera considérablement différent de celui actuel. Les États-nations resteront les acteurs centraux. Il n’y aura pas de force hégémonique unique, mais plutôt une poignée de pays — les États-Unis, la Russie, la Chine, l'Allemagne, l'Inde et le Japon en tête — affichant des tendances semi-impériales. Attendez-vous à de l'incertitude et de l'instabilité à venir. Les États-nations font un retour. Les plus grands étendent activement leur portée mondiale tout en renforçant leurs frontières territoriales et numériques. Le changement climatique implacable, les migrations, le terrorisme, les inégalités et les changements technologiques rapides vont augmenter l'anxiété, l'insécurité et, comme cela est déjà douloureusement apparent, le populisme et l'autoritarisme. Tout en montrant des fissures, le règne de quatre siècles de l'État-nation durera encore quelques décennies. Loin de connaître un déclin du hard power, les grands États-nations renforcent régulièrement leurs capacités militaires.»(9)

L’insurrection des consciences
Percevons-nous réellement l’étendue des dangers qui nous guettent en prime de la pandémie ? En fait, tous les vœux pieux sont entachés de suspicion ! Souvenons-nous des slogans de rédemption après nous avoir dit que la Première Guerre mondiale était la «der de der», «plus jamais ça». Après, nous faire le chant de l’écologie, du réchauffement climatique, de la pollution et de la préservation des espèces… Les tenants du pouvoir y tiennent plus que jamais. Accepterons-nous d’être transformés en cyborgs connectés pour être des sujets-esclaves consentants pendant que les 1% qui possèdent 50% de la richesse mondiale inventent des scénarios pour durer ? Le «Grand Reset» a déjà été évoqué en 2014 par Christine Lagarde, alors directrice du FMI. On doit au physicien Albert Jacquart de nous proposer l’équation du nénuphar qui illustre bien le phénomène de la croissance dans un milieu fermé à l’instar de l’avance inexorable des changements climatiques. «Imaginons, écrit-il, un nénuphar planté dans un grand lac qui aurait la propriété héréditaire de produire, chaque jour, un autre nénuphar. Au bout de trente jours, la totalité du lac est couverte et l’espèce meurt étouffée, privée d’espace et de nourriture. Question : au bout de combien de jours les nénuphars vont-ils couvrir la moitié du lac ? Réponse : non pas 15 jours, comme on pourrait le penser un peu hâtivement, mais bien 29 jours, c’est-à-dire la veille, puisque le double est obtenu chaque jour. Si nous étions l’un de ces nénuphars, à quel moment aurions-nous conscience que l’on s’apprête à manquer d’espace ? Au bout du 24e jour, 97% de la surface du lac est encore disponible et nous n’imaginons probablement pas la catastrophe qui se prépare et pourtant nous sommes à moins d’une semaine de l’extinction de l’espèce…»(10)
Nous sommes assignés à résidence sur la Terre que nous avons abîmée par notre boulimie destructrice en créant de la misère pour les quatre cinquièmes de la planète. Peut-être qu’il faille, encore une fois, en appeler à une insurrection des consciences pour l’avènement d’un monde meilleur..
C’est en tout cas le noble objectif des 13 réseaux mondiaux qui constituent actuellement un processus de multiconvergence — dans lequel ils s’engagent à se connaître, à se soutenir mutuellement et à travailler ensemble — et se préparent maintenant à finaliser une lettre ouverte au Secrétaire général des Nations Unies, M. Antonio Guterres. «(…) Cette lettre propose à l’ONU : d’entamer un processus de construction d’une Assemblée citoyenne planétaire dans le cadre du centenaire de l’ONU en 2045, en reconnaissant le droit des citoyens à participer de leur voix et de leur vote à la dynamique politique de l’ONU, et en reconnaissant la Terre comme un sujet de droits ; d’engager activement les dizaines de réseaux internationaux qui existent aujourd’hui dans le monde dans un dialogue critique et une collaboration avec les agences des Nations Unies (Conseil économique et social, Conseil des droits de l’Homme, Unesco, Cnuced, OMS, Pnud et Pnue) dans le cadre de la décennie d’action sur les ODD (Objectifs de développement durable) (2020-2030).»(11)
«Le but est aussi d’organiser une réunion mondiale des Parlements régionaux, avec la participation des citoyens, à la fin de 2022, pour jeter les bases d’un débat sur la gouvernance démocratique des biens publics communs mondiaux ; en adoptant comme référence les indicateurs du Pacte mondial, de la Charte de la Terre, ainsi que ceux des pays qui ont adopté des indicateurs de bien-être et de bonheur pour gérer leur développement.»(11))
«Les 13 réseaux aujourd’hui à la recherche de la multiconvergence envisagent de lancer la construction d’un Parlement de la citoyenneté planétaire sur une base expérimentale. Nous chercherons à apprendre la multiconvergence sur la façon de construire la légitimité de la représentation de l’Humanité. A apprendre à construire un processus de gouvernance inclusif et soucieux de la vie sur la planète, en partenariat avec la nature et non contre elle.»(11)
Amen..
C. E. C. 

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