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La démocratie entre conformités et anomalies

Par Badis Khenissa
Ne dit-on pas que c’est aux démocrates de faire la démocratie et aux citoyens de faire la République ? 
La démocratie, cette notion aux mécanismes à la fois limpides et évasifs, selon l’angle de vue adopté. Un fonds de commerce pour les uns ;  un combat d’une vie pour d’autres, mais tous s’accordent à penser que c’est le modèle approprié pour l’émancipation du peuple algérien après sa traversée du désert conjuguée à l’avenir dépossédé ! 
Cependant, la démocratie et son exercice, à ce jour, sont encore semblables à un nouveau vaste continent, qui demande à être exploré tant sur sa surface que dans ses plus profondes entrailles ! En d’autres termes, l’apprentissage de la démocratie est une longue route à parcourir, parsemée d’embûches. Mais tel le  Rubicon, une fois franchi,  nul ne pourra rebrousser chemin.
Hélas, bon nombre d’apprentis démocrates font le grand écart entre les deux rives ! La démocratie ne pourra jamais se construire sur le mensonge et l’hypocrisie, sur la répression sous toutes ses formes et les comportements liberticides.
La servitude volontaire du peuple se nourrit souvent de l’angoisse devant l’inconnu de la liberté et de la démocratie. Ces démocrates du dimanche qui communient dans l’irrationalité et les visions courtermistes en ont très vite saisi le sens et tentent même d’imposer leur doxa !
Après son «Independance Day»,(*) le peuple algérien ne peut être ni apprivoisé, encore moins domestiqué ni dans ses rêves, ni ses envies, ni ses fonctions cognitives. 
Tentatives vaines de ceux qui exercent du prosélytisme démocratique d’apparence et font l’apologie de la pensée unique en toile de fond. Quelle étrange analogie avec un régime déchu mais à la doctrine coriace, longévive, voire éternelle, il faut croire ! 
Des disciples de l’instinct grégaire, farouches ennemis de la réflexion individuelle ! Ces soubresauts de l’apprentissage aux jugements faciles et assertifs prônent bon gré mal gré le repli sur soi et impulsent l’isolement idéologique, qui conduit indéniablement à l’extrémisme intellectuel sous toutes ses formes directes ou indirectes : le rejet de l’autre et de l’avis qu’il incarne ; et l’exclusion addictive de l’opinion contraire parfois même de l’opinion complémentaire ! Ceux-là mêmes, qui aseptisent le débat et veulent le réduire à une vulgaire grande arène pour s’adonner à un spectacle de grande précarité politique ! Des prédateurs, sous couvert de bienveillance agressive et violente ! Comme pour figer le temps et vivre dans la nostalgie d’un temps révolu !
Non ! La démocratie n’est pas un menu à la carte. Soit on l’adopte à cœur vaillant, soit on en reconnaît l’irréversible incompatibilité. Le peuple veut arracher le droit de disposer de lui-même, car il sait que le changement ne viendra pas du statu quo, ni des vieilles habitudes des deux bords.
Les Algériennes et les Algériens se mobilisent au pas de charge, collectivement et sans faille, jusqu’à la restitution totale de la souveraineté du peuple : la souveraineté de la pensée et de l’intelligence, la souveraineté du choix et la construction de ses rêves. Il convient de penser que :
- au vu des récentes «guerres des boutons», tantôt puériles, tantôt subjectivement haineuses, souvent les deux ;
- au vu des procès d’intention  virtuels, portés par des magistrats youtubeurs, facebookers, populistes, juges et parties à la fois, à l’encontre de celui qui ose les défier par un choix différent, qu’il juge comme corollaire de ses combats et luttes politiques des années durant ;
- au vu également de l’absence de volonté de construire collectivement via une trajectoire aux prismes multiples et l’absence palpable de bonne foi pour un dialogue foncièrement honnête.
Que nous faisons face à une nouvelle catégorie de militants tsaristes, fossoyeurs démocrates, minoritaires, minorés et conspués, VRP du prêt-à-penser qui continuent à se borner multipliant les anomalies démocratiques au point de phagocyter le nouveau logiciel «Démocratie»!
Non ! Dans un État de droit ou en devenir,    la criminalisation arbitraire d’autrui n’est pas une opinion.
Non ! Semer les graines de la haine et de la détestation en période charnière et fragile de notre patrie  n’est pas une opinion non plus.
Le plus difficile dans la spéculation démocratique, c’est de savoir garder le cap de ses convictions intrinsèques et originelles, préserver la cohérence de ses actes — aux paroles — et enfin veiller sur sa constance intellectuelle et militante.
Car la transition, c’est la subsistance de l’ancien et l’émergence du nouveau. Entre les deux ? Le défi de construire ensemble !
La polarisation extrême autour de la petite actualité occulte les urgences et illustre bien, que l’offre sur la scène politique demeure encore soporifique et timorée, aux conséquences analogues à une époque prétendue révolue. Une classe politique manifestement bridée, otage d’un exercice conformiste et protocolaire, oscillant entre complaisance et bienséance, entre disruptif et figuratif ! 
N’est-il pas temps de réfléchir à un point d’équilibre, un juste milieu ? Pour faire converger les forces vers le même et unique centre de gravité : le Peuple.
Tout le monde veut le Paradis mais personne n’aime mourir ! «La démocrature» à l’échelle d’un État ou «le démocrator» à l’échelle d’un militant messianique sont des postures à bannir dans la nouvelle Algérie telle que nous la concevons dans notre imaginaire collectif et lutte politique ! Chacun de nous doit vaincre l’émotivité outrancière et la subjectivité conceptuelle !
La boussole démocratique des deux bords constitue le salut de l’Algérie ! C’est pourquoi  il est indispensable de procéder régulièrement, sous l’œil averti et affûté du peuple garant, au parallélisme politique et au contrôle technique de la démocratie, dans toutes les strates qui composent notre vieille maison Algérie, afin de veiller à la bonne santé et à la longévité de l’État de droit et de l’État-nation.
Il est temps de se ressaisir et penser le lendemain, collectivement. J’estime qu’il faut, à un moment donné, sortir de l’opposition sémantique, le réflexe reptilien et aller avec pragmatisme et sincérité vers la proposition responsable et l’alternative intelligente, sans se noyer nécessairement dans la compromission et la surenchère.  La rupture doit être en priorité dans les mentalités, car l’important n’est pas de parler fort mais de parler juste.
Je considère qu’un temps précieux a été perdu. Des passerelles doivent être vite érigées, des ponts construits, pour entretenir une paix de collaboration : graver le passé, écrire le présent et incarner l’avenir ! 
D’édifier tous ensemble un décorum favorable. De combattre ses vieux démons, orgueils, revanches, vendettas, bûchers populaires, calculs étroits, considérations personnelles ou claniques. S’armer d’humilité, de positivisme, de modération raisonnée, de confiance, de confiance en soi d’abord ! Ne dit-on pas que l’humilité précède la gloire, l’orgueil  la chute ?!
Le plus dur dans la démocratie, ce n’est pas de la revendiquer en trophée, mais de la pratiquer pleinement et fidèlement en toutes circonstances. Cela vaut aussi bien pour l’exécutif que le simple citoyen lambda, si nous voulons instaurer un climat inclusif et de confiance propice à la renaissance !
B. K
(*) Jour d’indépendance.

 

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