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Rubrique Contribution

LE PACTE NATIONAL DE CONFIANCE L’Algérie doit agir et ne plus subir

Par Djed Adam, cadre à la retraite
Les uns disent «rien ne va plus en Algérie. Tout doit changer», les autres répondent «élire un Président selon les institutions», moi, je dis «d’abord la République et rien que la République».

Avant-propos
Cet article n’a d’autre ambition que de décrypter ce qui se cache derrière les mots. Sans prétention aucune, il pourrait servir de repère à la construction d’une société moderne, c'est-à-dire une société où les Algériens pourraient croire que leur avenir sera meilleur que leur passé et partager un projet serein et positif.
Cet article est rédigé sans l’appui ni le financement d’aucun groupe de pression de quelque nature que ce soit. Je ne suis pas un politicien professionnel et n’ai pas la prétention d’être représentatif. Je ne suis adhérent à aucun parti. Vous l’aurez compris. Je ne vise aucune ambition. 
Évidemment, d’autres interprétations et solutions constructives pourraient venir enrichir cette réflexion et servir de repère à une médiation pacifique.

Introduction
Tout bouge en Algérie. La crise actuelle en témoigne. Notre pays peine à s’adapter aux temps modernes. Institutions, rôle de l’Etat, corruption, chômage, pauvreté, santé, éducation, mode de vie : les révisions s’annoncent déchirantes. Et, faute de bien comprendre les enjeux, le peuple s’insurge, les gouvernants rechignent, les partis se murent dans le mutisme et les hommes politiques attendent. Ce n’est certes pas la première fois que la société algérienne est confrontée à une crise d’ampleur. 
Mais de crise en crise, toute l’Algérie finit par être en proie au doute. Les dirigeants politiques d’hier peuvent-ils nous être utiles aujourd’hui ? Le mode de démocratie d’hier est-il viable aujourd’hui ? Les politiques économiques et sociales d’hier sont-elles adaptées aux évolutions induites par les technologies, la robotique, la biotechnologie, les neurosciences ou les nanotechnologies ? L’utilisation actuelle des ressources naturelles est-elle utile aux générations à venir ? La croissance actuelle suffit-elle à un partage équitable des revenus et de l’emploi ? La qualité de vie d’aujourd’hui est-elle synonyme de bien-être ? 

1. Où en est l’Algérie sur le plan institutionnel
a. Les uns disent : «rien ne va plus. Tout le système doit changer»
Le «Système» correspond à la conception de l’organisation et du fonctionnement des pouvoirs selon l’idée que l’on s’en fait. Quand un prétendant à la fonction suprême de l’Etat nous dit qu’il ne veut pas être un ¾ de Président, cela nous renseigne sur sa vision de l’exercice du pouvoir. Entre valeurs individuelles et valeurs collectives, la démocratie doit trouver son équilibre. Ce peut être l’œuvre commune des générations qui viennent.
Vouloir tout gouverner du centre entraîne toujours des excès. Quand l’âge, l’usure du pouvoir, la maladie ou les échecs politiques et économiques viennent affaiblir le centre, nous voyons toujours des «roitelets» revenir à la périphérie pour défendre leurs privilèges, familles, partis ou clans. Cette situation est courante lorsqu’un Président est omnipotent, c'est-à-dire avec un pouvoir absolu.
Si les Algériens en ont assez de la passivité de leurs dirigeants et de ceux qui aspirent à le devenir ou à le redevenir, ils en ont aussi assez des partis et des syndicats qui ne mènent aucune action concrète sur le terrain et qui ne sont plus capables de produire la moindre idée utile au peuple. Les partis ne regroupent plus que des candidats à une élection ou des candidats à une candidature. Ils confisquent la politique et les professionnels de la politique confisquent les partis.
A côté de ce microcosme, la vie semble très dure pour un grand nombre d’Algériens. Ils se pensent oubliés parce qu’ils vivent loin des centres de décision, dans des wilayas éloignées des centres de pouvoir, ou dans des territoires ou quartiers délaissés. Ils sont devenus inaudibles, invisibles et mal représentés par la démocratie représentative. Ils le clament haut et fort chaque vendredi.
C’est ce visage du pouvoir sans limites, sans partage et sans contrôle que les Algériens appellent le «SYSTÈME» et dont ils ne veulent plus.

b. Les autres disent «élire un Président selon les institutions»
Évidemment, dans tous les pays du monde, nous rencontrons un gouvernement, des ministres, une Assemblée, un Sénat, une Cour suprême, une Cour des comptes, des tribunaux, etc. Cela ne prouve rien et ne doit pas nous abuser. 
Dans le monde, de nombreuses républiques se donnent des institutions pour offrir un air de légalité à leur pouvoir. Elles vont même jusqu’à élever quelques « petits rois » nés du peuple pour donner un air de justice à l’inégalité.
Il est un fait incontestable. Il existe dans le monde plus de Présidents omnipotents parmi les Présidents élus que chez les souverains constitutionnels. On les surnomme «père de la nation» et ils se dotent de pouvoirs absolus. Cela prouve que l’on peut vivre en république et profiter de l’aubaine, sans se conduire en républicain. C’est même le plus courant.
La confusion des pouvoirs mène toujours au désordre, et ce, même si son détenteur, au départ, est animé de bonnes intentions. Tout pouvoir peut tendre à l’excès. Pour prévenir ou corriger les abus, la bonne règle est de respecter scrupuleusement les valeurs fondamentales de la république. La séparation des pouvoirs est une des valeurs que tout prétendant à la fonction suprême devra respecter à l’avenir. «Seul le pouvoir peut arrêter le pouvoir», tout comme, seule la puissance publique peut surmonter les mille et un intérêts privés et faire que les magistrats appliquent les mêmes lois sur tout le territoire, et dans le même esprit, aux célèbres et aux anonymes, aux riches et aux pauvres. 

c. Moi, je dis « d’abord la République et rien que la République»
République désigne n’importe quel «Etat régi par des lois». Sa première caractéristique est l’indivisibilité de la Nation et de son peuple. La République connaît mais ne reconnaît pas tout ce qui tend à morceler, séparer, démanteler la communauté civique. Si la République connaît et respecte les populations et leurs cultures, elle ne reconnaît qu’un seul peuple algérien et soumet à la loi commune tous les citoyens (principe d’égalité). Les Kabyles, les Touaregs, les Chaouias, les Mozabites, les Chenouas, les amazighophones de Tlemcen, de Chréa, de Tissemsilt, de Sougueur, les tribus issues des Banou Hilal et des Banou Souleyman, dont la tribu Chaâmbas établie à Metlili, les populations arabes venues depuis le Hedjaz à partir du 11ème siècle et dispersées sur les Hauts-Plateaux (Djelfa, Aïn Bessam, Messaâd, etc.) représentent des populations algériennes mais pas le peuple algérien.
Démocratie vient du grec et veut dire «pouvoir du peuple». Mais, la démocratie n’est pas le règne de la majorité. C’est quand aucune fraction du peuple, aucun groupe, aucun individu ne peuvent imposer leur loi aux autres. Quand aucun parti, clan, ou famille ne peuvent confisquer la souveraineté du peuple. La République, c’est beaucoup d’histoire, un peu de doctrine, mais avant tout une façon d’être. La République intérieure compte plus que la forme de gouvernement. Quand elle n’est plus dans les cœurs, mais uniquement dans les textes, elle n’est pas loin de périr. Un souffle peut emporter une République de stucs et de papier, sans citoyens pour en faire vivre l’esprit. 
Dans l’histoire du monde, la défaite de la République s’est à chaque fois traduite par une oppression décuplée. C’est un constat objectif qu’un citoyen algérien doit toujours garder à l’esprit pour ne pas rééditer les malheureuses expériences vécues depuis quelques décennies. 
Notre République est malade des abus qu’elle a tolérés et des valeurs qui lui sont confisquées. Comme toute maladie, des réactions se manifestent à plusieurs niveaux. Nos institutions se sont fragilisées, notre politique et notre économie se sont paralysées, notre pays est tétanisé.

2. Que nous reste-t-il en définitive ?
Il nous reste un héritage inestimable. C’est la «République algérienne démocratique et populaire». Elle n’a pas poussé sur une terre vierge. Elle est née de la victoire remportée par nos aînés sur un régime venu d’ailleurs et qui avait renié ses valeurs, lui aussi, en tentant de nous asservir et de nous dégrader. Que de sang, de sacrifices et de larmes versées pour faire passer dans notre vie les valeurs fondamentales de la République algérienne démocratique et populaire et ses symboles. Le drapeau dont les couleurs ravivent la grisaille actuelle et portent des valeurs en jeu, l’hymne national, la devise «Par le peuple et pour le peuple», les fêtes du début de la révolution en Novembre 1954 et de l’indépendance en juillet 1962 ainsi que la monnaie sont les symboles que nous ont légués nos aînés. Nous ne pouvons à la fois aimer la Révolution algérienne et son aboutissement et renier la République démocratique et populaire avec ses valeurs et ses symboles. Elles sont comme mère et fille. Évidemment, si nous ne connaissons pas notre histoire, ces symboles resteront lettre morte.
Il nous reste aussi beaucoup de ressources précieuses. L’Algérie demeure un grand pays, jaloux de son indépendance, de ses valeurs comme l’indépendance des peuples, de non-ingérence ou de non-alignement. Elle bénéficie encore, et pour un temps, de richesses naturelles considérables, d’un climat idéal, d’espaces terrestres et maritimes remarquables et surtout d’une population jeune, volontaire et patriotique.
Il nous reste enfin des institutions militaires et non militaires. 
i. Notre armée est garante de la cohésion de la Nation, de l’intégrité de ses frontières et de la sécurité pour tous. Elle le prouve quotidiennement.
ii. Notre institution judiciaire rend la justice. Elle fait appliquer les lois sans les interpréter ou les adapter aux circonstances du moment. La  loi est commune à tous (principe d’égalité). Elle  n’est ni celle de la rue, ni celle de la jungle où la raison du plus fort reste la meilleure. Les lois sont impératives, même quand elles ne nous plaisent pas. Il n’appartient pas à chaque individu, chaque minorité, chaque culture, chaque région de s’arroger le droit de définir ce qui est juste. Sans la loi, le «chacun pour soi» tournerait vite au «tous contre tous», c'est-à-dire l’anarchie.
iii. Enfin, il nous reste une institution publique qui continue malgré tout, dans des conditions parfois difficiles, d’assurer la cohésion du pays en prenant en charge l’éducation, l’ordre public, la santé, la sécurité des frontières, la justice, les routes, l’eau, les carburants, l’alimentation, la sécurité de tous, la répartition des richesses, etc. perfectible certes, mais elle existe et elle assume son rôle avec les moyens qui lui sont consentis.

3. Quel choix pour la foi et la passion de l’Algérie ?
Le peuple algérien s’est insurgé pacifiquement contre les hommes qui lui ont confisqué le pouvoir de participer à la vie démocratique de la cité. Le peuple a perdu confiance en ses institutions et ses dirigeants. Il se trouve face à une bifurcation qui lui est proposée et devant laquelle il hésite à prendre une direction. Sans qu’apparaissent clairement les motifs ou les mobiles des 2 alternatives, le citoyen algérien devra choisir entre la voie de l’élection d’un président de la République dès le 4 juillet 2019 ou la voie qui conduirait à constituer un comité chargé de l’organisation de l’élection présidentielle. L’une et l’autre ont leurs avantages et inconvénients mais l’une et l’autre continuent à opposer le peuple et ses gouvernants. Et s’il existait une troisième voie qui nous éviterait l’affrontement, qui souderait les uns aux autres autour d’une volonté politique commune ? Un consensus qui réconcilierait les uns avec les autres, qui ne ferait ni gagnants ni perdants mais que des gagnants concentrés sur le seul intérêt de notre Nation et des générations à venir ?

a. Un comité correspondrait à une vue myope des enjeux
L’organisation d’un comité peut constituer une réponse à des circonstances exceptionnelles, durement marquées par une insurrection, une guerre civile ou une confusion généralisée. Ce fut le cas du HCE qui s’était avéré utile et bénéfique à l’Algérie durant les années de braise. Pour l’heure, ce n’est pas le cas en Algérie. 
La République algérienne repose principalement sur 3 piliers indissociables : le président de la République, le Parlement (avec ses deux Chambres, l’Assemblée populaire nationale et le Sénat) et le Conseil constitutionnel. Dans ce trépied républicain, chaque pilier a besoin des 2 autres. Aucun ne tiendrait debout sans le contrepoids du voisin. Ce trépied fait l’équilibre entre les droits de chacun et l’intérêt de tous. Notre armée se substitue au pilier tenu jusqu’alors par le président de la République. Grâce à notre armée, notre République tient encore debout, même si cette dernière demeure malade. Est-il raisonnable de continuer à penser que l’unique remède à la situation générale de l’Algérie consiste uniquement à enterrer aujourd’hui tous les dirigeants et toutes les institutions d’hier ?
Il serait illusoire de croire que le seul remplacement des hommes d’hier représente la réponse efficace à tous les défis que l’Algérie doit relever. L’évolution des mentalités, des comportements et des structures sociales représente le principal facteur de développement ou de sous-développement de notre société. C’est le principal défi que doit relever l’Algérie pour se moderniser. À moins d’une mutation génétique, il serait naïf de penser que les hommes d’aujourd’hui (par opposition aux hommes d’hier) soient devenus des «homos modernus» et qu’ils soient prêts à bousculer, en l’espace de quelques semaines, les tabous traditionnels, à favoriser la modernité, le progrès, l’initiative rationnelle et la responsabilité. Évidemment que cela est possible. Cela devra être un des objectifs à viser. Mais cela ne se réalisera pas sans un programme d’accompagnement dans la durée, sans la volonté, le courage, l’audace, sans la patience et le temps. Un comité composite et éphémère ne pourrait répondre à cet objectif.
La constitution et l’organisation d’un comité nécessitent préalablement un consensus général sur sa composition, ses prérogatives, son fonctionnement, ses objectifs, son contrôle. Il ne devra pas comprendre de prétendants à la fonction suprême. Il devra avoir une compréhension commune des problèmes à résoudre et avoir un consensus sur les solutions à mettre en œuvre. Conceptuellement, c’est possible. Pratiquement, cela correspond à une médication palliative pour un mal profond. Où trouver ses membres et quand sera-t-il opérationnel sachant que le temps joue contre nous tous. Le temps est le seul innovateur capable d’éditer de nouveaux maux auxquels personne ne s’attend.

b. Une élection correspondrait à une mise en pilotage automatique
L’économie moderne est devenue infiniment complexe. La multiplicité des enjeux, l’évolution du monde, l’imbrication des rouages rendent légitime un pouvoir régulateur. Mais où le trouver sinon dans un État (autorité supérieure) dirigé par un Président ? C’est une évidence que personne ne pourrait contester.
Mais, l’Etat a faussé le droit en considérant qu’il était le seul détenteur des connaissances, de la vérité et de la raison. Il a modifié la Constitution et a fondé sa crédibilité sur les craintes qu’il inspirait et non sur le développement effectif de la Nation. Cela s’est avéré contre-productif. Il a altéré la confiance que le peuple lui vouait sans réserve. Il a ruiné la confiance de la société qu’elle avait en elle-même et a brisé de surcroît la dynamique de la Nation. Les citoyens se sentent abusés.
Demander aujourd’hui au peuple algérien de voter pour un Président selon les institutions revient à demander à un commandant de bord d’accepter de transporter des passagers dans un avion dont les instruments de navigation sont défectueux et non fiables. Vouloir aussi faire prévaloir les acquis d’hier, c’est comme jeter un bâton dans les jambes d’un coureur. On casse sa dynamique.
Dans ce contexte, il paraît difficile d’entrevoir une sortie de crise convenable sans concession des uns et des autres. 

c. Rien ne sera possible si une même volonté ne soude pas le peuple et ses gouvernants actuels
Il est maintenant nécessaire de reconstruire une culture du droit qui est la base essentielle de la confiance sociale. Nous pourrions commencer par réapprendre à marcher. Et la marche n’est, comme chacun sait, qu’une série de chutes évitées de justesse. Notre mémoire jouera le rôle qui est le sien pour nous éviter de nouvelles chutes encore.
Une solution qui ne fait ni vainqueur, ni vaincu serait le remède à cette crise. Cette solution consisterait à reprendre le contrôle de la situation en réconciliant les sagesses d’hier et d’aujourd’hui. Plus concrètement, cela conduit les uns et les autres à prendre des engagements formels devant la nation avant même que les élections n’aient commencé. Ils devront surtout s’attacher à respecter leurs engagements. Nous sommes tous dans un même avion, cet avion est lancé à pleine vitesse sans boussole ni instruments de navigation fiables, et la question de savoir comment reprendre le contrôle est, dans l’état actuel des choses, encore largement hors de portée des uns et des autres. Pour sortir de crise et restaurer la dynamique électorale :
i. L’armée devra s’engager à poursuivre ses efforts en faveur de l’instauration d’une véritable République avec toutes ses valeurs fondamentales que sont notamment la séparation des pouvoirs et l’égalité pour toutes et tous.
ii. L’armée devra s’engager à ce que les élections se déroulent démocratiquement, c'est-à-dire des élections où les résultats ne sont pas d’ores et déjà connus d’un Président d’ores et déjà désigné.
iii. L’élection présidentielle devrait être retardée pour permettre aux candidats de s’y préparer.
iv. Les citoyens algériens devraient accepter le principe d’une élection présidentielle démocratique.
v. Un comité chargé de l’organisation et du suivi des élections devrait être constitué. Il devra représenter toutes les sensibilités. Les représentants (hommes et femmes) devront être fiables, intègres, respectés et acceptés.
vi. Toutes les sensibilités pourraient présenter un candidat selon les principes établis par la loi électorale.
vii. Les élections se feront sur les bases suivantes :
a. Bien avant que la campagne officielle ne commence, les candidats devront avoir déclaré publiquement l’exhaustivité de leur patrimoine familial (époux, épouse et enfants), aussi bien financier qu’immobilier, en Algérie qu’à l’étranger. Plus tard, des modifications seront apportées aux textes régulateurs pour amener chaque élu de la Nation et chaque haut fonctionnaire à la tête d’une institution d’en faire autant.
b. Toutes les candidates et tous les candidats devront avoir présenté un programme formel, clair et concret qu’ils discuteront avec les électeurs jusqu’au jour des élections. Ce programme complet devra articuler une vision de là où chaque candidat entend conduire l’Algérie dans chacun des domaines clamés par les Algériens. Il doit tracer et donner le cap. C’est de cette vision qui sera choisie ou non par les électeurs et appliquée ou non par le Président élu démocratiquement que dépendra la renaissance ou le déclin de notre pays.
c. Les candidats devront s’engager devant la Nation à accepter un mandat de 5 ans renouvelable qu’une seule fois au maximum. Ils s’engageront à prendre la décision dans les 3 mois qui suivent l’élection présidentielle.
d. Ils devront enfin s’engager formellement, qu’en cas de victoire, ils mettront en œuvre leur programme à marche forcée, dans les 3 premiers mois suivant l’élection présidentielle, en s’appuyant sur un gouvernement et sur une majorité aussi large que possible. 
Pour la première fois depuis la guerre de Libération, les citoyens pourront donner un mandat à un président de la République qu’ils auront choisi sur la base d’un programme clair et formel. C’est le programme qui nous renseignera sur l’ampleur des changements proposés et du calendrier associé. Les citoyens voteront ainsi pour qui ils voudront. Mais, le plus important est de voter pour un programme et non pas pour un discours, une posture, une personne, un parti ou des incantations creuses. Si nous rêvons d’un changement profond des institutions et des hommes, alors nous n’aurons qu’à voter pour le programme qui répond à ces aspirations.

4. Un Président élu par le peuple pour transformer des rentes illusoires en opportunités concrètes
Les défis à relever sont nombreux et complexes. Ils sont d’ordre institutionnel, sécuritaire, politique, social, économique, financier, énergétique, environnemental, éducatif, etc. Si nous n’apportons aucun remède de fond à cette situation, alors il faudra s’attendre à ce que de nouveaux maux apparaissent. Au-delà de l’image d’un peuple abusé et désabusé, nos institutions périront, notre politique se paralysera davantage si cela n’est déjà le cas et notre économie fera naufrage. Il faut repenser le modèle de développement de l’Algérie.

a. Sortir les institutions de l’impasse actuelle.
Le futur Président devra :
1. Accepter un mandat de 5 ans renouvelable qu’une seule fois.
2. Permettre à la justice de poursuivre son travail sereinement. Ce sera une première étape vers l’indépendance des pouvoirs.
3. Ne plus confisquer les valeurs fondamentales de la République (séparation des pouvoirs, indivisibilité de la Nation, égalité et justice pour tous, sécurité pour tous.). Il ne doit plus décider de tout pour tous.
4. Revenir à une Constitution qui donne un mandat de 5 ans renouvelable une seule fois.
5. Modifier la Constitution en précisant les responsabilités effectives à partager avec le Parlement (Sénat et l’Assemblée populaire) et le gouvernement.
6. Renouveler les députés pour assurer une meilleure représentativité de toutes les catégories socioprofessionnelles, de tous les âges, des jeunes et des femmes.
7. Planifier et organiser le renouvellement des sénateurs et de leur mode d’élection pour ne plus être les représentants du pouvoir mais du peuple et des régions dans lesquelles ils vivent.
8. Renouveler dans le temps les membres du Conseil constitutionnel.
9. Développer le dialogue social notamment par un syndicalisme libre et non asservi et trouver le moyen de porter les intérêts des chômeurs, des inactifs et des citoyens.
10. Abroger les lois qui freinent les initiatives.
Le futur Président ne doit pas être dogmatique mais ouvert. Il doit être de caractère, de vision à court et long terme, de grande compétence technique et ayant exercé de préférence d’autres métiers que la politique. Une personne cultivée, courageuse, désintéressée, connaissant le monde et ses enjeux, motivée par le seul souci d’être utile au pays pendant une courte période et qui, dans l’idéal, annoncera à l’avance qu’il ne sera candidat à aucun autre mandat. Il ne devra pas se substituer au gouvernement, ni au Parlement, ni au Sénat, ni au Conseil constitutionnel, ni aux syndicats, ni aux entreprises et ni à la société civile. Il devra être capable de déléguer, de négocier, de laisser d’autres décider, de faire confiance et d’inspirer durablement confiance.  

b. Sortir l’Algérie de la paralysie politique
L’Algérie est sceptique sur le monde, l’Europe, l’Afrique et même le monde arabe. Elle se méfie du Maghreb. Elle ne sait plus penser clairement et fièrement sa place dans le monde, ni en déduire une politique étrangère et stratégique ambitieuse. Elle ne fait plus entendre sa voix sur la scène internationale. Elle ne sait plus si elle doit s’ouvrir au monde ou se refermer sur elle-même. Si elle doit accueillir ou même aller chercher ceux qui peuvent venir lui apporter leurs talents. Cette paralysie politique de l’Etat entrave aujourd’hui toute possibilité de sortie du statu quo politique, social et économique. L’Algérie doit apprendre à penser stratégiquement dans 3 dimensions que sont la Nation d’abord, l’Europe ensuite et le monde enfin.
i. L’Algérie ne doit avoir ni amis permanents, ni ennemis permanents mais seulement des intérêts permanents. La recherche simpliste de boucs émissaires permanents, internes ou externes, n’est plus audible. 
ii. Elle ne doit intervenir que lorsque ses intérêts propres directs ou indirects sont menacés
iii. L’Algérie doit agir sans faille contre les nations ou les « architectes du démantèlement » qui constitueraient un danger pour sa sécurité, sa cohésion ou son intégrité.
iv. Elle doit s’ancrer dans un réseau d’alliances et de négociations multilatérales clair.
v. Elle doit promouvoir ses intérêts économiques en tout premier lieu.
vi. Elle doit assurer son rayonnement, celui de sa culture et de ses idées.

c. Sortir l’Algérie du statu quo économique en tenant compte des générations à venir
L’économie de l’Algérie est à bout de souffle. À ce jour, elle ne s’est contentée que de petits ajustements techniques. Des secteurs entiers vivent une crise existentielle (agriculture, industrie, services, santé, éducation, enseignement supérieur, la recherche, l’administration, la finance, la justice, l’usage de la technologie, etc.) 
Le taux de chômage est considérable, en particulier chez les jeunes diplômés ou non-diplômés. Les moins de 30 ans qui représentent 55% de la population entrent aujourd’hui sur le marché du travail avec de sombres perspectives et une capacité très réduite de l’Etat à les soutenir. La jeunesse se sent particulièrement maltraitée, notamment par le coût du logement et ses difficultés d’accès à l’emploi.
Plusieurs millions ne sont ni à l’école, ni en formation, ni en emploi. De jeunes et moins jeunes Algériens quittent le pays pour tenter d’accomplir leur destin ailleurs. Certains Algériens quittent le pays dans des embarcations de fortune, au péril de leur vie, pour accomplir ce que leur pays ne leur permet pas. 
i. Définir le rôle de l’Etat stratège industriel.
ii. Créer un environnement juridique stable et lisible, un système fiscal incitatif et un cadre de vie attirant pour les entreprises, les salariés et leurs familles.
iii. Moderniser et simplifier l’administration et son fonctionnement.
iv. Intensifier le développement d’une industrie du futur et dans laquelle se trouvent les plus grands gisements de productivité et d’amélioration du pouvoir d’achat (services, santé, éducation, transport, tourisme, etc.)
v. Concentrer les décisions de l’Etat sur les filières d’avenir sans pour autant le substituer aux entreprises.
vi. Développer les PME et les ETI (entreprises à taille intermédiaire).
vii. Promouvoir les filières de la santé, de l’éducation, de l’environnement et de l’énergie, des technologies d’avenir, du numérique et des biotechnologies.
viii. Faire évoluer nos institutions financières et adapter les financements bancaires.
ix. Adapter les qualifications de la demande par rapport aux offres de travail.
x. Créer un terreau incitatif pour la recherche-développement.
xi. Créer le terreau favorable à l’éclosion des entreprises et de l’industrie.

Conclusion
La politique actuelle peut paraître procéder d’une logique simpliste : une élection démocratique sous le contrôle d’un comité contre une élection selon les institutions ? Cette confrontation ne devra-t-elle pas être une parenthèse à refermer rapidement ? En effet, il peut paraître curieux de substituer à une politique générale déficitaire un deal dont le premier effet est d’éloigner les uns des autres au lieu de les rapprocher.
Néanmoins, et même si beaucoup semblent résignés au déclin de l’Algérie, notre pays dispose encore de tous les moyens humains et matériels pour redevenir une grande Nation où il fera durablement bon vivre ensemble, en toute sécurité, et où chacun pourra s’épanouir. 
Pour y parvenir, les citoyens devront confier au prochain président de la République la mise en œuvre d’un pacte national de confiance. Chacun s’engagera à échanger des rentes illusoires contre des opportunités concrètes pour faire renaître notre pays et créer de la croissance pour tous.
Je suis convaincu que rien n’est perdu. L’Algérie a encore les moyens de reprendre confiance en elle-même, de s’ouvrir sur le monde et de permettre aux générations à venir de trouver les moyens de réaliser leur destin. 
Si nous pouvons rêver d’une Algérie moderne, alors nous pouvons commencer à la construire sans plus tarder. Cette construction passe inéluctablement par le peuple qui clame son désir et par un Président qui sera mandaté pour réaliser les rêves du peuple.
D. A.

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