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Les «élections», est-ce la solution ? Non ! C’est la machine à reproduire le système et l’islamisme politique !

Par Moulay Chentouf(*) 
1. Le vide politique se perpétue !
L’Algérie est enlisée dans une instabilité au sommet de l’Etat sur fond de contestation populaire. Cette précarité chronique est en fait symptomatique d’une crise multidimensionnelle qui frappe tous les secteurs vitaux du pays. 

Bouteflika avait été chassé en avril 2019 du pouvoir sous la pression du mouvement citoyen du 22 février. Un vide politique de plus de 8 mois s’en était suivi, au terme duquel son successeur, Tebboune, a été «élu». En octobre 2020, celui-ci aussi a été contraint, sous le coup de la maladie, d’abandonner le fauteuil présidentiel après l’avoir occupé moins d’une année.
Ce qui a replongé le pays dans une nouvelle phase d’incertitudes. Et nul ne sait encore combien va durer cette vacance présidentielle-bis, ni comment le pouvoir va l’appréhender et quelles solutions de sortie de crise il compte proposer. Va-t-il recourir aux mêmes subterfuges qu’auparavant pour de nouveau accorder un sursis supplémentaire au système ? Ou bien va-t-il adopter une démarche de rupture pour tenir compte enfin des intérêts supérieurs de la nation et avancer une alternative crédible ? 

2. Aux revendications du peuple, une seule réponse : le bâton !
La scène politique, telle qu’elle se présente aujourd’hui, ne plaide pas pour l’optimisme. Le peuple continue d’être méprisé et infantilisé. L’information est distillée au compte-gouttes, voire complètement censurée. L’Algérie vit dans l’opacité totale et dans un régime de répression sans précédent. Les libertés individuelles et collectives sont bafouées, les médias interdits à toute voix discordante et les emprisonnements pour délit d’opinion prononcés en masse par les juges du «téléphone».
Ce qui est sûr, en revanche, c’est que le système est dos au mur : d’une part, le peuple, aguerri par de longs mois de combat, refuse d’être une variable d'ajustement ; d’autre part, le pays est dans une situation politique intérieure et extérieure aussi inextricable que périlleuse.

3. Une nouvelle menace se précise : les visées impérialistes du royaume du Maroc
Au plan international, le terrorisme islamiste exerce des pressions considérables sur les milliers de kilomètres de frontières du pays et ses menaces se font de plus en plus sérieuses aussi bien dans le Grand Sud qu’à l’est du pays, à la frontière libyenne et tunisienne. Mais un nouveau foyer de tension vient de surgir à l’ouest du pays, car une transaction frauduleuse à rebours des résolutions de l’ONU a été actée entre Israël et le Maroc : la normalisation des relations politiques contre la reconnaissance, par les Etats-Unis, de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental. 
Ce virage politique du Maroc fait passer à  la trappe la question palestinienne et spolie le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Il réveille, par ailleurs, un contentieux algéro-marocain vieux de plusieurs décennies et pousse le Maroc sur le sentier de la guerre d’autant que celui-ci, désormais protégé par le bouclier israélo-américain, est conforté dans ses visées expansionnistes. C’est pourquoi cette nouvelle donne politique rebat les cartes dans la région et résonne dans l’imaginaire collectif du peuple comme un acte de guerre, puisque les frontières du pays sont contestées et les prétentions territoriales marocaines se font de plus en plus tapageuses.

4. Bradage des frontières : qui au nom de la «Oumma» ! Qui au nom du Maghreb !
Mais le pire est que des partis politiques algériens sont dans la complicité, voire la trahison. Ainsi, pour les islamistes, les frontières du pays ne sont d’aucune importance. Pour eux, elles sont peu de chose au regard de l’objectif qui surplombe toute leur politique, la restauration du califat. C’est pourquoi ils sont prêts, au nom d’une  «oumma» fantasmée, à brader les attributs d’une souveraineté pour laquelle le peuple algérien a payé le prix fort. Si une telle éventualité venait à se produire, elle ouvrirait inéluctablement la voie aux puissances du moment, la Turquie d’Erdogan notamment, laquelle rêve de nouvelles conquêtes et d’Empire ottoman.
Quant au discours de certains démocrates, s’il est d’une autre teneur, ses conséquences, en revanche, conduisent au même résultat, c'est-à-dire à la dislocation de l’Etat-nation algérien. En effet, il suffirait, disent-ils, de s’inscrire dans une politique d’intégration économique entre Etats de la région pour que le problème devienne une solution et que la question des frontières, comme par miracle… devienne caduque !!??

5. Misère sociale et misère sanitaire
Pendant que certains politiques algériens prennent des vessies pour des lanternes, le pays, percuté par la pandémie, est à terre. En effet, la situation sanitaire, exacerbée par le Covid, est de plus en plus meurtrière. Au plan social, les horizons se sont durablement assombris et la situation socioéconomique est dans un état comateux. Depuis deux ans, la spectaculaire chute des revenus des hydrocarbures et la réduction  telle une peau de chagrin des réserves du Trésor mettent à mal les capacités financières du pays, si bien que l’Algérie peine de plus en plus à honorer l’ardoise alimentaire. 
L’inflation s’est envolée atteignant des seuils tels que des pans entiers de la société ont basculé dans l’insécurité alimentaire, tandis que le chômage frappe de larges couches de la population où les jeunes  sont les plus touchés. Face à la généralisation de la misère et à un quotidien insupportable, la jeunesse n’a plus d’autres alternatives que : le suicide ou la harga, ou, pire encore, la perspective de l’insurrection et du chaos !
Dans un contexte aussi inflammable, le pays est assis sur un volcan et tandis que le terrorisme islamiste refait parler les armes, une agression militaire étrangère n’est pas à exclure. Tout porte à croire que la maison nationale est en danger !

6. Instrumentalisation du religieux au service du charlatanisme et du féminicide
La classe politique est hors sol. Les partis démocrates sont subjugués par le chant des sirènes des islamistes et du pouvoir. 
En effet, certains d’entre eux sont dans l’illusion que l’islamisme politique s'est définitivement converti aux canons de la démocratie, tandis que d’autres sont dans la chimère de pouvoir rénover le système de l’intérieur. 
C’est pourquoi nous ne les avons pas trop entendus fulminer contre un pouvoir qui soumet la validation du vaccin contre le Covid à l’approbation d’un personnel qui n’a aucune compétence en matière médicale. Hormis la communauté scientifique, aucune instance, fût-elle religieuse, n’a vocation à statuer sur la validité d’un vaccin. Seule l’expertise scientifique garantit son efficacité  et non la conformité aux prescriptions religieuses. Nous ne les avons pas vus aussi monter au créneau pour dénoncer le climat de violence que subissent les femmes, notamment les féminicides, qui, pendant la seule année 2020, ont culminé à… 54 victimes !! Ils ont récidivé dernièrement en passant sous silence le crime «d’honneur» perpétré contre la journaliste Tinhinane Leceb. Pourtant, celle-ci a été égorgée dans des conditions de cruauté innommables. Pire encore, la mise en scène de sa mort a été effroyable et rappelle en tous points celle que le FIS avait infligée au sociologue M’hamed Boukhobza : l’égorgement s’est déroulé sous les yeux… des enfants !! 
La question de cette fatwa «médicale» ou bien celle des assassinats en série de femmes sont autant d’événements qui montrent à quel point l’islam est devenu un fonds de commerce et la société est encore engluée dans une temporalité où s’affrontent  archaïsme et modernité. 
C’est précisément cette notion d’hybridité qu’avait convoquée Hachemi Cherif pour analyser ce qu’était l’Algérie il y a déjà plus de 30 ans et qui l’a conduit à s’inscrire dans la radicalité pour tordre le cou à toute ambiguïté politique et ancrer le pays dans la modernité. C’est pourquoi  le premier pas clarificateur à franchir, pour fermer la porte à toute tentative d’ingérence du religieux dans l’organisation de la vie sociale, passe par l’abrogation de  l’article 2 de la Constitution ;  autrement dit, sans séparation du politique et du religieux, point de salut !   

7. Dissoudre la classe politique, c’est sortir du tunnel pour enfin voir le jour !  
Ces apprentis sorciers sont prompts à rompre le silence quand il s’agit de coller à l’agenda du pouvoir. Succomber à la tentation des urnes est devenu pour eux une pratique routinière et présenter des candidats aux «élections» législatives que le pouvoir compte organiser prochainement une formalité. 
Ces partis démocrates feignent d’ignorer que le système fait son miel précisément des «élections». En réalité, ce qui intéresse ces khobzistes, ce sont les strapontins avant tout, et rien d’autre !
Avec sa nouvelle loi électorale, le pouvoir ne renonce pas à ses manigances. Au lieu de dissoudre la classe politique, il continue à en faire un acteur incontournable de la scène politique alors qu’elle est totalement discréditée. Il veut l’instrumentaliser dans une nième mascarade électorale avec pour unique visée : consacrer le statu quo pour pérenniser le système.
Mais la triste réalité est que le statu quo que le système impose au pays bâillonne toute perspective de changement tandis que l’islamisme politique, en dépit de ses gesticulations «démocratiques», n’abandonnera pas son projet théocratique. Il ne suffit pas de se repeindre en démocrate pour s’autoproclamer démocrate !

8. Pour sortir de la crise : une transition républicaine et patriotique !
L'urgence est de se mettre en ordre de bataille et d'empoigner à bras-le-corps le combat du rassemblement des démocrates, de tous les démocrates, sans exclusive, en bannissant toute velléité d’agréger les ennemis de l’Algérie, à savoir le système et l’islamisme politique. Pourquoi hésiter à emprunter un tel chemin quand le mouvement citoyen a montré de façon éclatante que ni le système ni l’islamisme politique ne sont indépassables ? En effet, le mouvement citoyen a révélé à l’Algérie et au monde l’existence d’un immense gisement démocratique dans le pays, a balisé la voie des luttes, ranimé la flamme du patriotisme et réinventé l’Algérie. 
La solution à la crise que traverse le pays n’est pas dans les «élections», mais dans la nécessité impérieuse d’ouvrir la voie à une transition républicaine pour permettre à l’Algérie d’envisager pacifiquement sa renaissance dans le cadre de l’Etat de droit. 
M. C.
* Porte-parole du PLD

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