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Rubrique Corruption

Pour contrer la corruption dans le secteur privé Quelles solutions envisager ?

Depuis plusieurs années, la lutte contre la corruption dans le secteur privé fait l’objet — un peu partout dans le monde — de multiples réflexions et analyses. Nombre d’initiatives ont été prises dans ce sens… Aucune en Algérie !

La prévention des fraudes dans les opérations d’achat.
Payer des pots-de-vin dans le cadre de contrats d’achat est la forme la plus usitée de fraude dans le secteur privé, probablement plus que ne le pensent les employeurs. Bien qu’elles ne soient pas suffisantes à elles seules, plusieurs mesures peuvent réduire les risques de corruption à ce niveau : 
• faire évaluer les offres par différentes personnes sur plusieurs étapes ; 
• éviter des spécifications qui avantagent un fournisseur plutôt qu’un autre ;
 • s’assurer de l’envoi des mêmes spécifications à tous les fournisseurs ; 
• surveiller les relations    de longue durée avec les fournisseurs. 

Des règles de bonne conduite pour les entreprises…
La pratique exemplaire exige des entreprises du secteur privé de : 
• obéir à la loi dans tous les pays où elles opèrent ; 
• veiller à ce que les directeurs aient pleinement conscience de leur responsabilité juridique ; 
• exiger une clarification ou un renforcement de la loi, si la loi actuelle met l’entreprise dans une situation désavantageuse par rapport à ses concurrents ; 
• introduire des clauses spéciales contre la corruption dans les codes de conduite d’entreprise et veiller à ce que tous les employés s’y conforment ; 
• encourager les directeurs à surveiller activement l’application et l’efficacité des codes de conduite d’entreprise ;
• encourager tout corps professionnel international auquel les directeurs sont affiliés à inclure une clause anti-corruption obligatoire dans son code de conduite ; 
• appuyer le «Pacte d’intégrité» dans le cadre de tout appel d’offres important.

… Et pour les employés
Dans nombre de pays, beaucoup de grandes entreprises consacrent une bonne partie de leur code de conduite à définir des règles pour les employés, afin de renforcer l’éthique dans les affaires commerciales notamment, à signaler des cas de corruption et surtout à prévenir des risques de corruption. 
Ce n’est pas encore le cas en Algérie. Parfois, certains employés, dont le comportement peut laisser penser qu’il y a malversation, sont mis sous surveillance de leur hiérarchie. 
Des éléments de cette surveillance ont même été répertoriés. Des signaux d’alerte d’employés potentiellement corrompus peuvent être énumérés. 
Ces indicateurs indiquent les circonstances où les directeurs devraient examiner de près le comportement de leurs employés : 
• refuser un poste même accompagné d’avancement ou d’avantages ; 
• rester souvent tard au bureau lorsque peu de gens sont présents ; 
• ne pas prendre de vacances ; 
• acheter fréquemment du matériel chez un même fournisseur, même si c’est pour des sommes modestes ;
• payer en espèces ou effectuer des paiements par anticipation ou en retard ;  • produire fréquemment des rapports sur la perte de marchandises ou sur la passation par pertes et profits de stocks ou dettes irrécouvrables ; 
• accorder trop de facilités de crédit ; 
• changer brusquement et inexplicablement de train de vie ;
• pratiquer une déférence excessive vis-à-vis des dirigeants ou des fournisseurs ; 
• s’entourer de collaborateurs amis ou incompétents ;
• développer des relations fréquentes avec des personnes suspectes ; 
• faire beaucoup d’efforts pour développer une image de probité ; 
• lenteur excessive dans le traitement des dossiers.

Mieux définir les mesures à prendre
Selon l’«Association of Certified Fraud Examiners», la confiance et les abus de confiance sont à l’origine de la fraude sur le lieu de travail. Il recommande un bon équilibre entre faire trop confiance aux employés et ne pas en faire assez.
Il propose : 
• l’initiation par les cadres dirigeants d’une entreprise de sa ligne de conduite éthique ;
 • un code de conduite écrit ; 
• la vérification des références des employés ; 
• la nomination d’une personne responsable, non liée aux opérations de rapprochement bancaire, qui examinera les relevés de compte de la société et qui devra faire attention aux opérations répétées et aux sorties de capitaux inhabituels ; 
• la création d’un canal officiel et sûr (numéro vert) permettant aux employés de signaler les fautes professionnelles ; 
• la création d’un cadre de travail positif. Il y a encore beaucoup à faire pour contrer fermement et durablement la corruption dans le secteur privé. Il sera nécessaire, notamment, de définir une politique de bonne concurrence, sans laquelle la corruption continuera de sévir et de porter préjudice aux économies nationales et à l’économie mondiale. 
Se doter d’instruments et d’outils efficaces est indispensable pour cerner l’étendue de la corruption, en évaluer les conséquences et surtout pour mieux définir les mesures à prendre pour la contrer.

Ça commence par des cadeaux…
Les contacts personnels dans les affaires, comme dans d’autres domaines, se traduisent souvent par des échanges de cadeaux et de gestes d’hospitalité. Mais dans les affaires, lorsque des acheteurs et des vendeurs potentiels se rencontrent, cela prend un sens plus significatif. 
Très rapidement survient la question de savoir si un cadeau est opportun ou non. Lorsqu’un agent commercial est payé par exemple à la commission ou bénéficie de primes à la performance, ou qu’il a besoin de conclure un contrat pour conserver son poste, la tentation est grande d’user de tous les moyens possibles (y compris les «cadeaux» aux clients). 
Il est fortement recommandé que les entreprises aient des politiques et des règles internes régissant le don et la réception de cadeaux, à défaut de quoi, il serait souhaitable de les interdire. 
À l’origine, l’idée de rédiger une «politique de cadeaux» est née dans un cabinet danois de consultants. Après l’arrivée d’une nouvelle direction, il fut décidé qu’il était dans l’intérêt de la firme de maîtriser ces pratiques considérées comme abusives. En général, les «cadeaux visibles», licites dans le pays où le travail a été réalisé, furent considérés comme étant une pratique commerciale normale. 
En revanche, les «cadeaux invisibles» furent classés dans la catégorie pots-de-vin et donc proscrits. Curieusement, une exception était admise : les sommes officieuses à verser pour remplir les tâches quotidiennes liées au travail demandé (obtention de permis, visas, branchement de téléphone, etc.) et considérées comme «pratique courante et inévitable» dans certains pays.  Dans ce cas, une note devait être jointe à la demande de remboursement des frais en expliquant les mesures prises pour l’éviter. 
Cette exception tolère une pratique qui devrait être tout autant répréhensible que celle des «cadeaux invisibles».
Djilali Hadjadj

 

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