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Rubrique Culture

Entretien avec la photographe Sabrina Belouaar A la découverte d’un métier en or

Sabrina Belouaar est une jeune artiste franco-algérienne, au parcours multiple. Récompensée en 2016, du prix Art-o-rama à Marseille, elle expose ses créations à la galerie Madragoa à Lisbonne en 2017, puis à la biennale de Sharjah (Emirats arabes unis) et au Liban une année plus tard. En 2018, Sabrina expose une œuvre au studio 13/17, du centre Georges-Pompidou, sous l’égide du célèbre Mohamed Bourouissa. Pour sa première exposition en Algérie, elle choisit le thème des marchandes d’or de rue — «El Dellalate».  L’expo est ouverte à la galerie Al Marhoon (Saïd Hamdine, Alger), fondée en  2015 et qui œuvre dans la promotion de l’art moderne et contemporain algérien, en organisant plusieurs expositions permanentes ou temporaires. 
 

Le Soir d’Algérie : Pourquoi avoir choisi ces représentantes d’un métier ancestral, aujourd’hui considéré désuet ? 
Sabrina Belouaar
: A chacun de mes séjours en Algérie durant mon enfance, j’étais marquée par les recommandations de ma mère, qui me demandait d’éviter de les fixer, sans plus d’explications. Cela m’a toujours intrigué, je ne comprenais pas où était le mal ?  En grandissant, je m’y suis intéressée de près, et j’ai découvert le monde «fabuleux» de ces femmes, au final business women. En cherchant un peu plus, je découvre que derrière cette façade «dorée», c’était des femmes au parcours difficile, souvent veuves, divorcées, en charge d’une famille nombreuse… Et pour s’en sortir, elles ont commencé à vendre leur dote. Elles créent donc un marché souterrain, régi par des femmes, dans un pays musulman. Tombées là-dedans, certaines m’ont dit qu’elles étaient devenues addictes à leur  propre  métier. Elles ont pris goût à cette vie. J’ai trouvé ça fantastique.

Vous semblez  avoir passé pas mal de temps avec elles. Comment s’est passée votre  immersion ? Se sont-elles montrées ouvertes à ta curiosité ? 
Très très ouvertes ! Elles parlaient facilement, avec une grande aisance, et une détermination qui m’ont surprise. Certaines m’ont même demandé de prendre des selfies ensemble. 

Et pour les photographies, vous avez   pu en prendre facilement ? Est-ce qu’elles ont compris le sens de votre  démarche ? 
J’ai pu facilement prendre des photographies de leurs mains, la seule condition étant l’anonymat. Quand je me présentais en tant qu’artiste, elles comprenaient journaliste, mais en réalité ce qui leur importait le plus, était mon statut civile, et donc quelques part ma vie en tant que femme. Elles me posaient beaucoup de questions sur mon éventuel époux… J’ai compris que pour faciliter l’échange, et donc les confidences, j’ai donné un peu de moi. Nous avons échangé ; de femmes à femme. 

Et pour la sécurité, ces femmes vendent des bijoux en tous genres, comment se protègent-elles des agresseurs ? 
Il faut savoir que ces femmes ont perdu leur soutien masculin, elles ont dû se trouver des protecteurs de rechange, moyennant finance. Ces protecteurs ont pris en quelque sorte le relais, se transformant eux-mêmes en «dellalate».  

Et la question qu’on se pose tous, est-ce que c’est vraiment de l’or ? 
Ce sont des bijoux annoncés vrais (18 K). Je ne saurai dire s’ils sont vrais ou faux. Mais ce qui est sûr, c’est que vous y trouverez toutes sortes de merveilles kitch… Du Chanel, en passant par Bvlgari... Tout y est ! 

Quel est le message que vous avez voulu transmettre  à travers cette expo ?
J’ai voulu révéler ces femmes, et leur travail. Pour justement effacer le cliché et les préjugés, que l’on m’a également transmis étant jeune. Pour moi, ce sont des femmes fortes, qui, après galère sur galère, ont tenté de s’en sortir avec ce qu’elles avaient. Ces femmes sont toutes les femmes. Tout le monde peut se reconnaître à travers ce genre de parcours, et pourtant ce n’est pas ce qui saute aux yeux, quand, nous, simples passants, les croisons. 

Pour finir, est-ce que cette exposition vous a donné d’autres idées pour la suite, et une autre raison de revenir en Algérie ?
Ce pays est tellement riche, il est très inspirant. En tant qu’artiste, de simples objets du quotidien, tels que les paraboles, ou le linge pendu aux fenêtres sont des sujets qui me donnent envie de me réapproprier ces codes, dans de prochaines installations. 
Entretien réalisé par 
Mira Gacem et Kader B.

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