«Damma fel oued» est une expression populaire qui veut dire, notamment, que nous sommes face à une situation où tout est bloqué et verrouillé et qu’il n’y a donc rien à faire. «Damma fel oued» signifie aussi que quelque chose ou une personne est hors d’atteinte de ses adversaires.
Cette expression vient du jeu de dames (damma). L’oued est cette succession ininterrompue de cases noires qui va de la première case à droite, à la dernière à gauche en coupant le damier en deux. Même si elle est l’unique survivante, la dame (damma) est invincible quand elle se réfugie dans l’oued. Seul un novice peut tomber dans le piège de la «makla» (le manger) et de la «derbet ezzoudj» (coup de deux) qui le fait sortir de l’oued et lui fait perdre la partie. Une partie entre deux professionnels est automatiquement déclarée «tabla» (match nul) quand un des deux joueurs, en infériorité numérique, arrive à placer sa dame dans l’oued. Prolonger la partie ne sert à rien et c’est monotone ! Aussi, deux vrais et loyaux joueurs se quittent sur un match nul ou décident de refaire une nouvelle partie.
«Damma fel oued» est certes invincible. Mais elle est aussi incapable de gagner. Sa marge de manœuvre est limitée à des va-et-vient sur le même axe, par précaution, d’une extrémité à une autre du damier. Quitter l’oued est fatal pour elle, car ses adversaires, à l’affût, ne cherchent qu’à occuper cette position stratégique, puis lui porter l’estocade.
«Damma fel oued» est certainement la situation actuelle du pays. «Ma yebqa fel oued ghir hdjarou» (ne restent dans l’oued que ses pierres) est d’ailleurs la devise populaire préférée du parti au pouvoir.
K. B.
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