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Rubrique Culture

Théâtre Kateb-Yacine de Tizi-Ouzou Générale de Les Célibattantes de Houche Abderahmane

Un discours crypto-féministe sur les relations homme-femme, le mariage et autres stéréotypes. Elles s’appellent Fatima (Zoulikha Talbi) et Zahra (Kamelia Hacid).

Elles sont jeunes, âgées entre 35 et 40 ans. Elles viennent de divorcer. Fatima et Zahra sont les deux héroïnes tragi-comiques de la nouvelle production du théâtre régional Kateb-Yacine, Les Célibattantes ou Timwurab, en kabyle, dans le texte écrit et mis en scène par Houche Abderrahmane et dont la générale a été présentée, samedi dernier, devant un public nombreux.
Timwurab qui signifie littéralement celles qui ont choisi, quelquefois de façon volontaire, de se séparer d’avec leurs époux et de regagner le domicile parental est une satire sur les rapports homme-femme dans le cadre de l’institution du mariage. D’emblée, le spectateur est projeté dans l’intimité de l’une des protagonistes qui revient chez elle après la rupture avec son mari.
Dans le confort douillet de sa demeure retrouvée, et contente d’être libérée des contraintes de la vie de couple, Fatima reçoit son amie Zahra qui, comme elle, venait de «plaquer» son homme. S’ensuit, alors, un échange sur leur nouvelle condition de divorcées et de néocélibataires qui respirent à pleins poumons,  la joie de la libération du joug de la vie conjugale. Les retrouvailles entre les deux femmes donnent lieu à une sorte d’exutoire sur leurs traumatismes, leurs angoisses, leurs aspirations, leurs sensations, parfois les plus intimes : de subtiles évocations des joies du corps, et de l’expérience euphorisante et fantasmée  de la maternité, invoqués par petites touches et de façon subliminale.

Une pièce engagée ?
Dans une suite de répliques, entre envolées lyriques et banalités humoristiques, les deux copines s’donnent à une critique féroce de leurs «ex», incarnation, à leurs yeux, du machisme ambiant et débridé des hommes qui voient en la femme un objet soumis à leur volonté et à leurs désirs. «Pour vivre heureuses, mettons fin à nos vies d’épouses», semblent se dire les deux comparses. Voilà qui résume l’essentiel du propos de la pièce qui, au premier abord et en surface, peut se comprendre comme une critique sociale de l’institution du mariage façonné par le carcan social qui est le notre et qui impose des contraintes draconiennes  aux femmes.
Dans Les célibattantes, Fatima et Zahra se veulent, ainsi, selon l’intention première de l’auteur (le choix du titre en est  l’un des marqueurs), l’incarnation du  prototype d’un nouveau genre de femmes : divorcées et fières de revenir à leur statut de célibataires indépendantes et libérées. «Des femmes, écrit un auteur, qui ne sont plus économiquement, socialement assujetties (…) qui mènent une vie sociale épanouie, elles sont majoritairement urbaines et professionnellement actives.»
Voilà le portrait robot de celles qu’une certaine vulgate médiatique et à la mode, sous d’autres cieux, appelle les célibattantes.
Mais si telle était le cas pour les Célibattantes de Houche Salah, on l’aurait su. Les deux personnages (magistralement campés par Zoulikha Talbi et Kamélia Hacid) passent le plus clair du temps à se donner la réplique en «chambrant» leurs ex-époux. S’il est vrai que Fatima et Zahra ont fait le choix de se rebeller contre l’ordre établi au sein du couple (à l’algérienne), un modèle suranné qui fait la part belle au pouvoir hégémonique de l’homme, elles sont, en revanche, loin d’être l’illustration parfaite de ces célibataires assumées qu’on appelle les célibattantes. Indicateurs des nouvelles mœurs urbaines, comme en France ou dans d’autres pays occidentaux, les célibattantes sont les avatars des mouvements féministes des années 1970 et 1980. Un statut qui, comme le rappelle le même auteur, «n’est pas universellement admis (chez nous, il peut donner lieu à la stigmatisation sociale, ndlr) (qui)  est la conséquence des combats féministes et des acquis sociaux du XXe siècle : le droit de vote, l’avortement, les moyens de contraception, le recours au divorce, l’accès au marché de l’emploi et les revendications salariales». 
Une posture qui n’est pas tranchée dans les célibattantes de A. Houche qui s’engage du bout des lèvres en faveur d’un nouvel ordre social où la femme serait l’égale de l’homme. Le discours narratif est un énoncé de propos crypto-féministes sur la condition de la femme. Un discours, qui, au final, fait davantage l’éloge du divorce et constitue  un plaidoyer pour un meilleur rôle de la femme au sein du couple. Sans plus.
Cela n’enlève rien à la qualité technique  du spectacle et n’altère point sa beauté. La mise en scène est soignée, bien servie par un accompagnent  sonore et musical insufflant un surcroît d’émotion et un rythme soutenu à la dramaturgie. Une note spéciale pour les deux comédiennes qui ont réussi à donner crédibilité et vraisemblance  à des personnages qui, présentés qu'ils sont sous le le profil  de célibattantes, peuvent paraître désincarnés dans le contexte social qui est le nôtre.  
S. A. M.

Fiche technique : 
Timwurab (Les célibattantes). Texte et mise en scène :   Houche  Abderahamane. 
Conseiller littéraire : Boucetta Rabah. 
Musique : Salem Kerrouche. 
Chorégraphie : Sarah Bouzar
Distribution des rôles : Fatima : Zoulikha Talbi, Zahra : Kamélia Hacid.

 

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