Quel nom donner à ce qu’il se passe aujourd’hui en Algérie ?
Beaucoup l’appellent «hirak chaâbi», terme en langue arabe utilisé par les médias publics, au lendemain des manifestations du 22 février dernier contre le 5e mandat. Mais, à ce nom, il est reproché notamment d’avoir été déjà utilisé par un mouvement étranger et d’être intraduisible vers le français où il devient un banal «mouvement populaire», voire «mouvance populaire».
«Protesta» est également rejeté car les acteurs sur le terrain estimant qu’il est réducteur pour un mouvement d’une telle ampleur qui mobilise des millions de personnes et dont les idées sont à elles- mêmes une véritable révolution. «Printemps» est tout aussi rejeté par une jeunesse jalouse de ses références et méthodes algériennes, car il renvoie lui aussi à des événements qui se sont déroulés à l’étranger comme le «Printemps de Prague» en 1968 et le chaotique «Printemps arabe» et ses «vendredis de la colère». On hésite à donner un nom de fleur à cette révolution, malgré le respect pour la Révolution des œillets au Portugal en 1974 qui avait, comme l’avait chanté Georges Moustaki, mis fin à un empire colonial.
Un ami photographe, présent sur le terrain depuis le début des manifs, a proposé la «révolution du sourire». Un journaliste du même journal préfère la «révolution de l’amour». C’est beau !
K. B.
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