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Rubrique Culture

Exposition L'art brut en contrepoint à la Fiac

L'art brut, à l'origine considéré comme «l'art des fous», séduit collectionneurs et galeries car proche des gens, loin d'un art conceptuel, luxueux ou kitsch : en témoigne «l'Outsider art fair», une des foires off en marge de la Foire internationale d'art contemporain (Fiac) à Paris. La septième édition de cette foire anti-conformiste, fondée en 1993 à New York, regroupe une quarantaine d'exposants, dont 22 galeries étrangères, de Poznan à Marrakech.
L'art brut, parfois aussi défini comme un «art hors normes», se vend «de 300 jusqu'à 800 000 euros pour des artistes confirmés comme l'Américain Henry Darger», évalue pour l'AFP le grand collectionneur d'art brut Bruno Decharme. Sur les cimaises de l'Atelier Richelieu, proche de l'Hôtel Drouot, les œuvres, inégales, ont en commun d'être d'une sincérité sans apprêt, parlant des tripes, de l'esprit parfois dérangé de l'homme. On peut ainsi contempler les tatouages sur les corps, œuvres de la «Leu Family», famille d'artistes suisses ; un surprenant «If I were God» montrant un Africain en cage, du peintre prêcheur ghanéen Kwame Akoto dit Almighty God ; ou la saisissante série noir et blanc de la photographe des rues américaines Vivian Maier. Cette foire off est appréciée de revues critiques du marché de l'art comme Artension et d'artistes en précarité économique, révulsés par l'élitisme et les prix du «Fine art». Des «anti-Jeff Koons»...
Martine Lusardy, conservatrice de la Halle Saint-Pierre, temple parisien de l'art alternatif, est la dépositaire de la trouvaille de Jean Dubuffet. Elle défend l'héritage de celui, qui, il y a 70 ans, avait dénoncé un monde des arts autoréférentiel et élitiste, et défini l'Art brut, qu'il découvrait dans les œuvres des aliénés et des personnes sans contact avec la culture dominante.
«Dans notre époque en crise, l'art brut, plaide-t-elle passionnément, représente l'impensé de l'art. Il est tout sauf collectif comme le Street Art, il est désintéressé. Le public qu'a l'auteur, c'est le public intérieur en lui. Il a une indifférence totale au devenir de son œuvre». Interrogée sur la concurrence art établi/art brut, Mme Lusardy juge que «c'est l'art établi qui doit se défendre face à l'art brut. Le propre de l'art brut, c'est de ne pas se défendre contre qui que ce soit !» Cet art, voix des anonymes, pénètre dans le temple raffiné de la Fiac, et des galeristes de renom s'y intéressent. Plutôt que «brut», l'appellation «outsider» est retenue, et beaucoup parlent plutôt d’«art singulier», d’«art populaire» pour ratisser large.
Tout marginal qu'il revendique d'être, l'art brut se voit ainsi souvent récupéré par le monde marchand de l'art. C'est son ambiguïté.
«Nous sommes ici parce que des marchands collectionnent ces œuvres. Nous exposons nos auteurs les plus célèbres comme Henry Darger. Mais nous restons sur le front pour découvrir des œuvres d'artistes qui n'ont jamais été vues», explique Andrew Edlin, propriétaire de l'agence Wide Open Arts et organisateur de la foire. Comme les autres foires off, «on a voulu s'inscrire dans le calendrier de l'art parisien». «Par rapport à la Fiac, nous représentons un marché différent à prix modique. Aujourd'hui peut-on être coupé du monde et refuser d'entendre la voix du marché ?» s'interroge Becca Hoffmann, directrice de l'Outsider Art Fair. Bruno Decharme, qui a collectionné en 40 ans 6 000 œuvres d'art brut, le distingue de «l'art singulier», «pratiqué par des artistes qui s'intéressent à de telles expressions plastiques et font un peu leur tambouille avec, sans mauvaise intention».
Le vrai art brut «n'est pas conceptuel du tout. Sans blabla», conclut celui qui se souvient «avoir commencé il y a quarante ans à collecter l'art brut chez des malades, des familles de malades, dans les hôpitaux psychiatriques, la rue... Des autodidactes, très marginaux, avec des systèmes de pensée radicalement différents des nôtres».

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