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Rubrique Culture

Il a tenté de s’immoler par le feu Le geste de Goucem réveille la profession

Lundi 7 janvier dernier, le producteur audiovisuel Youcef Goucem tentait de s’immoler par le feu au siège de la chaîne de télévision privée Dzaïr TV en protestation contre plusieurs mois d’impayés. Cet acte grave a mis la corporation en émoi et suscité la publication d’une lettre ouverte. 
C’est en sortant du bureau du directeur de cette chaîne que Youcef Goucem, responsable de la boîte de production Go Film, s’est précipité dans le hall pour s’asperger avec un produit inflammable avant de mettre le feu à son corps. Il est actuellement hospitalisé à l’ouest d’Alger et ses proches le disent hors de danger. Cet épisode dramatique a très vite provoqué de nombreuses réactions chez les professionnels du domaine. Une lettre ouverte signée par près de cent personnes a été publiée cette semaine sur les réseaux sociaux afin d’exprimer l’urgence d’une réglementation de la profession et le respect des droits des producteurs et acteurs de l’audiovisuel et du cinéma, notamment sur le volet socioéconomique. Après avoir attendu plusieurs mois pour le paiement de ses honoraires s’élevant à quelques milliards de centimes, Youcef Goucem s’est rendu pour la énième fois au siège de Dzaïr TV (chaîne du groupe médiatique appartenant à l’homme d’affaires Ali Haddad) où il s’est entretenu avec le nouveau directeur Abrous Outoudert. A la sortie de son bureau, les témoins racontent que le producteur s’est précipité dans la salle d’eau où il s’est vraisemblablement aspergé d’essence avant de sortir dans le hall et mettre le feu à son corps. Les agents de sécurité sont alors intervenus et tenté de secourir la victime qui sera transportée au service de réanimation d’un hôpital à l’ouest d’Alger où il se trouve encore aujourd’hui. Sa vie n’est plus menacée mais son geste désespéré n’a pas manqué d’interpeller et d’indigner des dizaines de professionnels. Ces derniers, dont la plupart étaient déjà signataires d’un appel à la réforme du secteur cinématographique algérien et d’une pétition contre la nomination du nouveau directeur de la Cinémathèque, viennent de créer le Collectif pour le renouveau du cinéma algérien (CRCA). Fort d’une adhésion de plus en plus large des professionnels du secteur, le CRCA entend devenir une force de proposition et de fédération autour d’une réforme radicale de la gestion du cinéma et de l’audiovisuel. En réaction à la tentative d’immolation de Youcef Goucem, ses membres ont donc publié une lettre ouverte où ils dénoncent notamment la détresse morale et matérielle des acteurs du domaine : «Qui d'entre nous n'a pas connu la solitude la plus désarmante quand il faut démêler des engrenages inextricables, sans que cela dépende de votre seule volonté ? Qui n'a pas connu l'embarras de ne savoir quoi dire à des techniciens ou à des comédiens qui en arrivent à vous réclamer leurs dus ? Qui n'a pas vu sa énième nuit de sommeil voler en éclats ? Qui n'est pas sorti cassé d'une entrevue ou d'un rendez-vous, qu'il espérait salutaire ? Qui ne s'est pas senti décomposé à la simple lecture d'un mail ou à l'ouverture d'un courrier en recommandé ? Qui n'a pas craint la banqueroute ? Qui ne s’est pas raclé les genoux à courir derrière une tranche de financement, dont la suivante a déjà été dépensée ? Qui n'a pas sollicité l'emprunt personnel pour pallier une régie insuffisante ? Qui n'a pas craint la menace d'un arrêt de tournage ? Qui ne s’est pas découragé devant un agent des impôts à qui il faut justifier une démarche artistique et non purement commerciale ? Qui n'a pas saisi le huis clos de sa voiture pour déverser ses larmes, avant de retrouver les siens ? Qui n'a pas puisé dans ses ressources les plus insoupçonnées pour maintenir le moral des troupes, alors que rien ne va ? Qui n'a pas connu l'épuisement ? Qui n'a pas tremblé ou vomi son désarroi ? Qui ne s'est pas senti abandonné ? Qui ne s'est pas senti incompris ? Qui d'entre nous pourrait prétendre ne pas savoir ce qui a poussé notre collègue à vouloir en finir avec son calvaire ?» Voyant dans le geste du directeur de Go Film un ultime appel au secours d’une corporation livrée à elle-même, les signataires affirment : «Youcef Goucem nous aura chèrement appris que chacun de nous est potentiellement seul(e), à la merci de la défaite et du renoncement. Son passage à l’acte doit nous pousser à nous élever vers des initiatives de rassemblement, de reconquête de nos espaces de parole et de créativité, d’exercice de nos droits et de préservation de nos acquis.»
Des dizaines de producteurs, cinéastes, comédiens, techniciens, metteurs en scène et intellectuels se sont joints à l’appel. Parmi eux, Amina et Moussa Haddad, Djaâfer Gacem, Belkacem Hadjadj, Ahmed Bedjaoui, Hachemi Zertal, Djilali Beskri, Abdelkader Djeriou, Bachir Derraïs, Sid Ahmed Semiane, Sid Ali Mazif, Khaled Benaïssa, Hassen Ferhani, etc. 
S. H.

 

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