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Rubrique Culture

Vu au FICA Le parrain sans fard ni mythification

Corléone, le parrain des parrains est le premier documentaire à entrer en compétition dans cette dixième édition du Festival international du cinéma d’Alger dédié au film engagé. Projeté vendredi soir à la salle Ibn Zeydoun, le film de Moscou Boucault restitue dans sa véritable dimension la figure de Toto Riina. 
«Le respect». Voilà le mot qui pourrait tout expliquer de l’évolution du parrain de la Cosa Nostra et de ses dizaines de lieutenants. Dans la Sicile miséreuse et féodale du début du XXe siècle, les paysans servent quelques riches propriétaires terriens et survivent tant bien que mal. L’un d’eux était le père de Salvatore Riina qu’il verra mourir, ainsi que son frère, alors qu’il démontait un obus américain dans l’espoir d’en tirer quelque maigre profit. Etait-ce à ce moment là que le jeune Toto s’est mis à haïr la pauvreté et chérir le pouvoir et le gain facile ? Le documentaire de Mosco Boucault, déjà diffusé en deux parties sur Arte, dissèque la fulgurante ascension du chef maffieux le plus célèbre de l’Histoire, non sans avoir remonté à la genèse de cette organisation séculaire qui a ensanglanté l’Italie. Bien que de facture télévisuelle, Le parrain des parrains captive le regard et l’esprit par la rigueur de sa documentation et la solidité de sa structure. Servi par une voix off française à l’accent italien, le film entreprend un travail minutieux multidimensionnel dans la mesure où il englobe à la fois l’investigation, l’Histoire et la psychologie. Une trentaine de témoins privilégiés défilent devant la caméra pour raconter ces quatre décennies qui ont marqué la Sicile, et particulièrement Palerme. En autopsiant le rôle «structurant» qu’a eu la mafia au sein de la société sicilienne durant les XIXe et début du XXe siècle. Se substituant à l’Etat, le surpassant même en matière de proximité et d’efficacité, elle est devenue peu à peu un repère social, économique et politique incontournable. C’est dans ce contexte-là que le jeune et ambitieux Toto Riina gravira les échelons, d’abord par la ruse et la manipulation, ensuite par les exactions et l’assassinat. Ses plus fidèles lieutenants, dont les fameux tueurs, acceptent de livrer un témoignage précieux non seulement sur les pratiques du parrain mais aussi sur sa psychologie. Comme lui, ces serviteurs endoctrinés et zélés ont rejoint la Cosa Nostra davantage pour gagner le respect de la société que pour s’en mettre plein les poches. «Avant, je n’étais rien. Quand je suis entré dans la mafia, tout le monde me respectait !», dira l’un d’eux. D’autre part, des magistrats, avocats et représentants de l’Etat raconteront à Boucault l’incroyable laxisme de l’Italie officielle face à une organisation de plus en plus dévastatrice, responsable de centaines de meurtres. C’est que la mafia était infiltrée à de très hautes échelles dans l’appareil politique et judiciaire : la corruption, les alliances et le clientélisme rongeaient le pays et favorisaient l’impunité et le plein essor de Don Corléone. Ce dernier commettra, néanmoins, des erreurs fatales qui précipiteront sa chute et l’arrivée des juges d’instruction Falcone et Borselino, intègres, têtus et intelligents, sera un véritable cataclysme dans l’univers de Riina. Ces deux magistrats qu’il assassinera de manière spectaculaire seront aidés par la collaboration du repenti le plus célèbre de l’Histoire de la Cosa Nostra : Tommaso Buscetta dont le parrain a fait tuer les deux fils, le frère et le neveu et qui, brisant l’omerta et donnant des informations capitales sur l’organisation et le fonctionnement de ce groupe, contribuera grandement à l’effondrement de l’empire Riina. Le film de Mosco Boucault demeure, certes, dans une configuration académique sans éclats ni fantaisie formelle mais ceux-ci sont largement compensés par la rigueur, la construction captivante et l’intensité de son récit, sans oublier le charisme et la profonde humanité des personnes interviewées, notamment les repentis qui témoignent avec beaucoup d’honnêteté et de courage sur leurs propres infamies. 
Le 10e Festival international du cinéma d’Alger se poursuit à l’Office Riad-el-Feth jusqu’au 13 novembre. Au programme d’aujourd’hui à la salle Ibn Zeydoun : Le silence des autres sur l’injuste amnistie au lendemain de la mort de Franco en Espagne et le combat des survivants pour rétablir la justice (14h) ; L’envers d’une histoire qui questionne les blessures de la guerre en Serbie (16h30) et Desrances suit l’errance d’un réfugié haïtien en Côte d’Ivoire (19h). 
A souligner que la salle Cosmos accueille quotidiennement les films en hors compétition ainsi que les rediffusions. 
Sarah H.

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