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Rubrique Culture

Le coup de bill’art du Soir Le procès sans Kafka

Le cinéaste est emmené devant la commission dont aucun membre n’est cinéaste ou historien.
«Dans votre film sur un martyr de la Révolution, il n’y a pas assez de batailles et de scènes de torture», lui reproche le plus âgé.
«Le film est axé sur le militantisme politique de l’Homme. D’ailleurs, il faisait partie de l’aile politique pas militaire de la Révolution», répond le cinéaste.
- Tu veux dire que ce qui a été pris par la force pourra être récupéré par la politique ?
- Je m’en tiens aux faits. D’ailleurs la lutte armée n’était pas une fin, mais un moyen pour emmener l’occupant à négocier, comme l’atteste la Proclamation du déclenchement de la Révolution. Le congrès tenu deux années plus tard a insisté sur la primauté du politique sur le militaire. Je ne voudrais pas m’engager dans des querelles byzantines. Je suis cinéaste et pas historien. A la rigueur, on pourrait faire tout un film sur une seule bataille de la Révolution ou un autre film dénonçant la torture. Mais on ne peut pas tout mettre dans un seul film. 
- Pourquoi tu n’as pas fait comme dans ce téléfilm sorti dernièrement qui montre un héros qui, après une dure séance de torture, réussit à s’échapper, à voler une arme et à mettre hors d’état de nuire une dizaine de parachutistes ?
- Soyons raisonnables, c’est impossible à un homme diminué physiquement ! A la rigueur, c’est une fiction et le réalisateur est libre d’exagérer les faits, c’est son affaire. Ce n’est pas le cas dans un biopic. 
-Tu sembles oublier que le rôle du cinéaste est de glorifier la Révolution et les sacrifices du peuple pas le contraire.»
Le cinéaste se rappelle soudain Le Procès de Kafka où chaque réponse ouvre une nouvelle porte vers un labyrinthe d’accusations. Il se réveille en sursaut. Ce n’était qu’un cauchemar qui ressemble étrangement à une réalité.
K. B
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