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Rubrique Culture

Recueil des mémoires du général Khaled Nezzar «Mes vérités sur les hommes et leurs actes»

Photo : Newpress
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Ce lundi après-midi à l’hôtel El-Aurassi, sur les hauteurs d’Alger, Khaled Nezzar, 81 ans, général à la retraite, est venu présenter son dernier livre : Recueil des mémoires du général Khaled Nezzar, premier tome consacré à «Ma carrière militaire» qui sera suivi à la prochaine rentrée sociale par le second sur la décennie post-Octobre 88.
Le recueil est un ouvrage assez copieux de 400 pages. Il n’y avait pas foule et c’est donc dans une salle clairsemée que l’auteur présentera son livre «que j’ai écrit seul», répétera-t-il mais néanmoins sous les conseils diligents d’un vieux compagnon de route, le moudjahid Mohamed Maârfia dont le roman en deux tomes Les sept piliers de la citadelle a été porté à l’écran par Ahmed Rachedi et projeté en avant-première à la salle de l’Opéra d’Alger. Mais d’abord le général à la retraite ne comprend pas que l’on lui ait refusé sa communication au Palais de la culture et à la bibliothèque du Hamma, Alger. A cela s’ajoutera un autre déboire non moins traumatisant : Le recueil des mémoires du général nous a été présenté dans sa version revue et corrigée compte tenu des innombrables fautes dans le texte qu’il a fallu expurger. Conséquences, dira-t-il non sans amertume, ce sont 2 500 exemplaires passés au pilon, une perte sèche de 4 milliards de centimes, selon lui.
Avec la fougue qu’on lui connaît et le verbe haut, Khaled Nezzar évoquera devant l’assistance le cheminement de sa carrière depuis son engagement en désertant l’armée française pour le maquis en 1957, ses compagnons d’armes et ses fonctions postindépendance dans l’ALN devenue ANP, une armée de métier. Il s’étalera longtemps sur la dualité militaire/politique, situation dans laquelle il s’est retrouvé malgré lui, expliquera-t-il tout en affirmant assumer totalement les décisions prises en particulier lors de l’interruption du processus électoral. L’armée, dira-t-il, a été forcée de s’impliquer dans la scène politique depuis les événements d’Octobre 88 par la faute du FLN où certes, le «carré vert» était en place dans le comité central mais sans participer aux délibérations et a fortiori les décisions. Octobre 88 était provoqué par ceux-là mêmes qui nous ont menés à l’impasse où la jeunesse dans le désarroi s’était insurgée. Il en parle dans un second tome à paraître à la prochaine rentrée sociale. Et d’ailleurs, le général à la retraite bâtira tout son argumentaire à disculper l’institution militaire de tous les maux dont on l’accuse, n’hésitant pas à fourvoyer ceux qui parlent de mafia de généraux, de généraux faiseurs de ministres ou de présidents : «période cruciale où l’armée, contrainte et forcée par la faillite des gouvernants et les émeutes nihilistes, est sortie de son rôle traditionnel pour sauver le pays…» Il rappelle que lors des émeutes d’Octobre 88, il commandait les unités basées à Tindouf, et ce n’est qu’en 1985 qu’il a été rappelé à Alger… dans l’urgence.
Dans son livre, l’homme qui parle le fait visiblement dans la douleur où se mêlent des traumatismes : «Ma marche a été assurément une longue marche et, sur ce long chemin, combien d’obstacles, combien de masques et combien de couteaux.»
Khaled Nezzar évoquera de façon imagée le rôle de l’armée sous Boumediène, chargée qu’elle était d’assurer le soutien à sa politique socialisante «c’était dans l’air du temps» tandis que le parti FLN s’est vu octroyer le rôle de figuration. Il n’ira pas de mainmorte pour évoquer les deux anciens chefs d’Etat : «Ces hommes ont été, tour à tour, très grands ou très petits», «le bilan de Boumediène est fait d’indicibles souffrances imposées à beaucoup d’hommes qui n’ont pas mérité le sort qui leur a été fait…», mais, «à sa mort, l’Algérie était en phase de réussir un extraordinaire décollage économique…».
A l’endroit de Chadli Bendjedid (démissionné selon lui par un cartel de généraux dont Kasdi Merbah), il aura la dent dure l’accusant d’avoir abandonné le navire Algérie menacé de naufrage, d’où le HCE (Haut comité d’Etat) dont il faisait partie. Il nous a mis le FIS dans les bras et à nous de nous débrouiller avec, dira-t-il rageur. Il mettra à l’index les «éradicateurs» estimant qu’on ne peut faire l’impasse sur le fait qu’il s’agit des enfants de l’Algérie.
Le général qui a déjà à son actif 6 livres fera de nombreuses digressions, au-delà des rétrospectives sur son itinéraire de soldat depuis le maquis, ses différentes fonctions à l’indépendance, l’agression en 1963 du Maroc, son envoi avec les troupes pour le Moyen-Orient. Des faits et de nombreux détails historiques à découvrir quand bien même le livre ne fait pas œuvre d’historien, dira l’auteur. En prise avec l’actualité, Khaled Nezzar fustigera tout ce qui se dit sur lui et sa famille dans les réseaux sociaux, affirmant être clean et n’avoir rien à cacher. Il nous apprend, dans la foulée, que lui et ses enfants investissent désormais dans l’agriculture ; les palmiers ramenés de Biskra pour orner les villes du nord, c’est lui. Il évoquera les procès dont il a été l’objet en France et en Suisse où l’affaire est toujours pendante. Sur un autre volet, face à la presse donc, l’acteur de premier plan de la décennie 80 observe le regain d’agressivité du Makhzen à l’endroit de l’Algérie et à propos du Sahara Occidental que l’aventurisme d’une opération militaire lui coûterait très cher vu que les Sahraouis sont de redoutables combattants. Il souhaite, par ailleurs, qu’une solution soit trouvée au conflit que nous ne devons pas laisser aux générations futures.
Vis-à-vis de la France d’Emmanuel Macron, il crie aux nouveaux «béni-oui-oui» qui suivent la queue entre les jambes l’oncle Sam. Celui qui affirme s’exprimer en tant que citoyen et ne pas parler au nom de l’armée promet, dans le prochain livre «Séquences» de revenir sur la décennie noire dans la mesure où il était directement impliqué en tant que ministre de la Défense durant deux ans et en tant que membre du HCE pendant deux ans également.
Apprendra-t-on du nouveau sur l’assassinat de Mohamed Boudiaf ? Rien de nouveau en tout cas sur les causes du crash de l’avion militaire à Boufarik qui aurait été trahi par un manque de puissance dans la montée et que n’était le courage du pilote, excellent au demeurant, dit-il, les dégâts humains et matériels auraient été autrement plus dramatiques. Il reste que le général à la retraite se dit très content de ce livre dont il espère de grosses ventes…
Brahim Taouchichet

Recueil des mémoires du général Khaled Nezzar, 403 pages- Edition Chihab-1 500 DA.

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