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Rubrique Culture

Libre de Michel Toesca projeté au FICA Portrait d’un résistant tranquille

Parmi les documentaires programmés dans cette 9e édition du Festival international du cinéma d’Alger, Libre de Michel Toesca, sélectionné et primé à Cannes, dresse le portrait d’un homme exceptionnel : Cédric Herrou qui mène un combat épique contre «le racisme d’Etat».
Comment appréhender Cédric Herrou, ce paysan anarchisant qui a fait de l’aide aux migrants, son cheval de bataille contre une artillerie politico-judiciaire ? Comment filmer à échelle humaine cette énorme question des réfugiés sans verser dans le misérabilisme ou les bons sentiments ? Michel Toesca est un habitant de la vallée de la Roya où des damnés fuyant la guerre ou la misère traversent les Alpes, venant d’Italie, pour pouvoir déposer leur demande d’asile en France. 
Le réalisateur est un ami de Cédric Herrou, un agriculteur de 39 ans qui s’occupait tranquillement de ses oliviers et de ses poules avant de rencontrer les premiers migrants, dont beaucoup d’enfants et de bébés, malmenés par les affres du voyage, affamés et épuisés. Il ne s’est pas posé beaucoup de questions avant de les héberger, les nourrir et les soigner avec l’aide d’autres habitants de la vallée. 
Seulement, il découvrira que les belles valeurs humanistes proclamées par la République française ne s’appliquaient pas toujours sur le terrain. Gendarmes, police des frontières, préfecture et justice mèneront alors contre lui une guerre sans merci à coups de restrictions, gardes à vue et condamnations. Mais ils ne savaient pas qu’à travers le combat pour la dignité et l’accueil des réfugiés, c’est sa propre liberté que Cédric Herrou défend. 
Michel Toesca filmera durant trois ans la beauté de la résistance, la laideur de la répression et des procédures et la vie en commun (parfois avec une centaine de migrants) dans cette petite baraque de la Roya. Il le fera avec beaucoup d’admiration, voire de vénération, pour le personnage de Cédric, lequel portera le film avec autant de conviction que d’humilité ; il incarne son militantisme, il ne le proclame jamais ; il transpire la liberté et l’humanisme, il ne les théorise pas. 
Libre est un film à la fois sensible et virulent, dans ses images et sa mise en scène, car il ne se contente pas de dresser un portrait flatteur d’un résistant ; il montre et accuse la cruauté d’un système gangréné par la xénophobie, le racisme et la peur de l’autre. 
Sarah H.

 

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