Placeholder

Rubrique Culture

Série Un blackface chez Achour El Acher

Vendredi dernier, un épisode de la série à succès Achour El Acher a choqué nombre de téléspectateurs. Et pour cause, on y voit un comédien blanc au visage enduit de peinture noire. Un blackface consternant dont s’est rendu coupable le réalisateur. 
Le vingt-et-unième épisode de la saison 3 de la série populaire Achour El Acher diffusé sur l’ENTV n’est pas passé inaperçu vendredi dernier. Mais cette fois, ce ne sont pas les allusions politiques et l’humour sarcastique dont s’est rendu célèbre le feuilleton qui ont attiré l’attention des téléspectateurs. C’est au contraire un grave impair qui a soulevé un tollé sur les réseaux sociaux : le réalisateur Djaâfer Gacem a fait usage d’un « blackface » pour incarner un personnage noir. On voit en effet un acteur blanc dont le visage est badigeonné de peinture pour incarner «Bachbouche», un colosse noir, venu voir le roi Achour XX. 
Le malaise est double : d’abord, le personnage est représenté avec la panoplie réductrice et raciste avec laquelle le cinéma occidental avait coutume d’affubler des personnages africains ; ensuite parce que l’usage du blackface est une pratique définitivement condamnée par l’Histoire en raison de son caractère raciste. D’aucuns ont d’ailleurs condamné cette apparition dans l’épisode 21 de Achour El Acher tout en rappelant que le réalisateur aurait dû faire appel à un comédien noir au lieu d’infliger une image aussi sinistre. 
Pis encore, ce n’est pas la première fois que l’ENTV fait usage du blackface. En mai 2020, un sitcom diffusé sur Canal Algérie avait également choqué en badigeonnant de noir un acteur blanc pour représenter un personnage du Sud algérien. 
Pour rappel, le grimage noir est apparu dans le théâtre américain vers la fin des années 1700 pour se généraliser dans les vaudevilles, où des comédiens blancs se maquillent pour incarner des personnages noirs affublés de tous les clichés racistes de l’époque. 
Grâce au mouvement afro-américain pour les droits civiques, cette pratique a commencé à disparaître dès les années 1960, pour devenir totalement prohibée de nos jours. D’ailleurs, le Canada, pays réputé pour son multiculturalisme et son respect des minorités, a connu un vif scandale en 2019 lorsque le Time a révélé une photo de lui grimé en noir remontant à 2001. 
Justin Trudeau présentera ses excuses : «À cause de l’historique raciste de ce geste, ce n’est jamais acceptable de foncer sa peau. J’aurais dû comprendre ça à l’époque et je n’aurai[s] jamais dû le faire. Je m’en excuse profondément. Ce n’est pas la personne que je suis», avait-il déclaré. 
En Europe, cette pratique refait régulièrement surface ces dernières années et provoque à chaque fois l’émoi et entraîne souvent des sanctions contre ses auteurs. 
En Algérie, la symbolique profondément raciste de ce procédé ne semble pas dissuader certains artistes. Un phénomène d’autant plus révoltant qu’on ne peut expliquer l’usage du blackface que par l’exclusion pure et simple d’acteurs algériens noirs, ce qui souligne par ailleurs le mépris réservé à ces citoyens dans le milieu culturel, souvent coupable de condescendance, de paternalisme et de folklorisation quand il s’agit du Sud. 
S. H.

Placeholder

Multimédia

Plus

Les + populaires de la semaine

(*) Période 7 derniers jours

  1. Air Algérie annonce la suspension de ses vols à destination de la Jordanie et du Liban

  2. Trafic de drogue Un réseau tombe à Oran

  3. Sfisef (Sidi-Bel-Abbès) Lumière sur l’assassinat des 3 taxieurs retrouvés enterrés dans une ferme

  4. KFC Algérie ferme deux jours après son ouverture

  5. Coupe du monde de gymnastique L'Algérienne Kaylia Nemour s'offre l'or à Doha

  6. CNR Les retraités appelés à utiliser la technique de reconnaissance faciale via "Takaoudi"

Placeholder