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Rubrique Culture

Le prix Nobel de littérature à Olga Tokarczuk et Peter Handke Un génie, deux lauréats et un autre son de cloche

Le prix Nobel de littérature a été décerné jeudi à Stockholm, à l’écrivaine polonaise de gauche Olga Tokarczuk, saluée pour son «imagination narrative», pour l'édition 2018 reportée d'un an, et pour l’édition 2019 à l'Autrichien Peter Handke, qualifié d'«héritier de Goethe», mais accusé de «négationnisme».
Quinzième femme seulement à recevoir le prix Nobel de littérature  depuis sa  création en 1901, Olga Tokarczuk est récompensée pour «une imagination  narrative qui, avec une passion encyclopédique, symbolise le dépassement des  frontières comme forme de vie», a déclaré le secrétaire perpétuel de l'Académie  suédoise, Mats Malm. «Héritier de Goethe» pour les académiciens suédois, Peter Handke, de son côté, est distingué pour une œuvre qui, «forte d'ingénuité linguistique, a exploré la  périphérie et la singularité de l'expérience humaine».  
L'écrivain, qui vit en France, s'est dit «étonné» par cette récompense, une décision qu'il a qualifiée de «très courageuse», «après toutes les querelles» suscitées par son œuvre. Des voix se sont d’ailleurs élevées, en Bosnie et au Kosovo, pour dénoncer  l'attribution du Nobel de littérature à celui qui y est vu comme un admirateur de l'ex-Président serbe Slobodan Milosevic et un «négationniste» des crimes durant les guerres dans l'ex-Yougoslavie. Le Nobel de littérature ? «Il faudrait enfin le supprimer. C'est une fausse canonisation» qui «n'apporte rien au lecteur», avait-il déclaré  en 2014.
Olga Nawoija Tokarczuk, née le 29 janvier 1962 à Sulechov, est considérée comme la plus douée des romanciers de sa génération en Pologne. Son œuvre, qui compte une douzaine d'opus traduits dans plus de 25 langues, va d'un conte philosophique, Les Enfants verts (2016), à un roman policier écologiste engagé et métaphysique Sur les ossements des morts (2010), en passant par un roman historique Les livres de Jakob (2014). 
«C'est un honneur et une source de fierté», a réagi la femme de lettres à sa consécration. Engagée politiquement à gauche, écologiste et végétarienne, l'écrivaine n'hésite pas à critiquer la politique de l'actuel gouvernement polonais, conservateur et nationaliste. Elle «pense maintenant à la Pologne et aux Polonais, qui vivent des moments difficiles, qui ont devant eux des élections, dimanche, décisives pour la forme que prendra la démocratie, voire carrément pour la survie de la démocratie». 
Olga Tokarczuk a félicité Peter Handke. «Je suis contente que Peter Handke, que j'apprécie particulièrement, ait reçu ce prix en même temps que moi», a-t-elle déclaré au quotidien polonais Gazeta Wyborcza. «C'est formidable que l'Académie suédoise ait apprécié la littérature d'Europe centrale. Je suis contente qu'on tienne encore le coup», a-t-elle encore déclaré. Auteur lui aussi très engagé, Peter Handke, né le 6 décembre 1942 à Griffen, a publié plus de 80 ouvrages. Il est l’un des écrivains de langue allemande les plus lus  dans le monde. Il avait publié son premier roman, Les frelons, en 1966, avant d'accéder à la  notoriété avec L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty, en 1970, puis Le malheur indifférent (1972), un bouleversant requiem dédié à sa mère.  
Handke est aussi un intellectuel en lutte contre les conventions, au prix de violentes polémiques, notamment en raison de ses prises de position pro-serbes. Il avait provoqué un tollé, en 2006, en se rendant aux funérailles de l'ex-Président yougoslave Slobodan Milosevic, accusé de crimes contre l'humanité et de génocide. 
«Un admirateur de Milosevic, doublé d'un négationniste, reçoit le prix Nobel de littérature», a titré le premier quotidien du Kosovo, Koha Ditore. En Serbie, par contre, des journaux saluaient l'attribution du prix à un «ami des Serbes». «Handke n'est pas un écrivain politique», a expliqué le président du comité Nobel de littérature, Anders Olsson. 
L’Académie suédoise, qui s'est toujours défendue de faire de la politique, s'est surtout employée, ces deux dernières années, à se  reconstruire. L'institution avait implosé après la publication en novembre 2017, en plein  mouvement MeToo, des témoignages de 18 femmes accusant de harcèlement, d'agression sexuelle et de viol un Français, Jean-Claude Arnault. 
Au-delà de son volet purement judiciaire, l'affaire a révélé le huis clos d'une institution rongée par les intrigues et les prébendes. Privée du quorum de membres siégeant requis pour désigner un lauréat après plusieurs démissions, l'académie avait dû reporter d'un an l'édition 2018, pour la sixième fois depuis 1901, la dernière en 1949.
Les deux écrivains de la Mitteleuropa succèdent dans le palmarès du Nobel  de littérature au romancier britannique d'origine japonaise Kazuo Ishiguro, auteur des Vestiges du jour, lauréat en 2017. 
Kader B.

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