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Rubrique Culture

Littérature Un Nobel de poche en attendant l'original

Dix fois moins doté, vierge du prestigieux palmarès dont se prévaut son modèle égratigné par la bourrasque îMeToo : des intellectuels suédois ont lancé un Nobel de littérature à prix cassé en attendant le retour du vrai, l'an prochain. Institué par «La Nouvelle Académie», ce «Nouveau prix de littérature 2018» se veut aux antipodes du Nobel, reflet, selon les néo-académiciens, d'un vieux monde gangréné par les «privilèges, les conflits d'intérêt, l'arrogance et le sexisme». 
A rebours, le nouveau prix célèbre les valeurs de «démocratie, d'ouverture,  d'empathie et de respect»,  à en croire ses promoteurs, un peu plus d'une centaine à ce jour. Les écrivaines Sara Lövestam et Johanne Hildebrandt, la reine du polar  Camilla Läckberg, mais aussi l'ancienne championne de saut en hauteur Kajsa  Bergqvist, et des journalistes, comédiens, critiques ont signé ce manifeste passé presque inaperçu tant passionne le parcours de la Suède au Mondial de foot en Russie. 
L'initiative surgit en plein marasme pour l'Académie suédoise, institution plus que bicentenaire qui, chaque année, depuis 1901, décerne le prix Nobel de littérature. 
   Tancée pour ses choix récents (Patrick Modiano en 2014, Bob Dylan en 2016, puis le consensuel Kazuo Ishiguro l'année suivante), l'académie s'est retrouvée prise dans la déferlante îMeToo à l'automne dernier lorsque 18 femmes ont  publiquement accusé l'époux français d'une académicienne, récipiendaire de  subsides de l'académie, de les avoir harcelées, agressées ou violées. 
 Ce dernier, Jean-Claude Arnault, à la tête d'un club culturel très en vue des élites de la capitale suédoise, est aussi accusé d'avoir «fuité» le nom de plusieurs lauréats Nobel. Paralysée, moquée dans le monde entier, l'académie a fini par annoncer début mai le report d'un an de l'attribution du Nobel de littérature 2018, une  première depuis près de 70 ans. Graal des romanciers, poètes et dramaturges,  celui-ci sera annoncé en même temps que le prix 2019. 
 Cénacle fermé dont les doctes délibérations restent secrètes pendant un demi-siècle, l'académie, placée sous le haut patronage du roi Carl XVI Gustaf, pâtit en outre d'une image poussiéreuse. Son antagoniste entend au contraire «créer quelque chose d'ouvert et d'inclusif, qui permet aux gens de s'exprimer», explique à l'AFP l'éditorialiste et présentatrice TV Alexandra Pascalidou, co-fondatrice de la «Nouvelle Académie». 
 Le prix —un million de couronnes (environ 97 000 euros), soit un peu plus du dixième du chèque perçu par les lauréats Nobel — est doté par financement participatif et mécénat. Il sera remis le 10 décembre, jour du banquet Nobel traditionnellement dressé à l'hôtel de ville de Stockholm en l'honneur des lauréats de l'année (physique, chimie, médecine, littérature, économie, outre le prix de la paix décerné à Oslo). 
 Les candidats seront sélectionnés par des bibliothécaires à travers le pays qui ont jusqu'au 8 juillet pour soumettre au maximum deux noms. 
 Du 9 au 31 juillet est ensuite organisé un vote populaire électronique débouchant sur une liste de quatre auteurs, finalement départagés par un «jury  d'experts». Le lauréat, tenu d'avoir publié au moins une œuvre au cours des dix dernières années, sera connu le 14 octobre. 
   Pour décriée que soit l'Académie suédoise, le projet de «Nouvelle Académie»  est loin de faire l'unanimité en Suède. «Carrément provocateur», s'agace Asa Linderborg, cheffe des pages culturelles du quotidien du soir Aftonbladet. Les arguments moraux avancés pour justifier la création du crypto-Nobel sont nuls et non avenus à ses yeux. «Les idées les plus repoussantes» peuvent accoucher de la plus belle littérature, fait-elle valoir. 
«L'art doit être libre. Vous ne pouvez le faire entrer dans les cases du bien et du mal. La Nouvelle Académie recherche la pureté absolue (...), la  bonté absolue», ironise-t-elle. Quant au vote populaire, il ne peut porter au pinacle que de la littérature «prévisible, occidentale» alors que les tables du Nobel de littérature sont gravées d'or. D'autres se disent indifférents. 
 «Ils sont libres de faire ce qu'ils veulent», a sèchement réagi auprès de l'AFP l'académicien Per Wästberg.

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