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Rubrique Culture

Exposition «La boue et Baudelaire» de Malika Rahmani à la Bloom art Factory Une «réincarnation» algéroise des Fleurs du mal baudelairiennes

C’est comme un miracle : des poèmes de Charles Baudelaire, un poète français du XIXe siècle, se retrouvent à Alger, «réincarnés» dans des sculptures de Malika Rahmani, une artiste algérienne du XXIe siècle. 
Charles Baudelaire, dans l’appendice au recueil Les Fleurs du mal, avait écrit : «Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or.» Mais Le poète français n’est pas comme cet alchimiste dont parle, par exemple, Paolo Coelho et qui transforme le vulgaire plomb en précieux or. Baudelaire, lui, fait du langage poétique sa pierre philosophale. Ainsi, il le rend apte à «transformer» la matière. Il considère, aussi, que c'est au poète d'apporter à la vie grandeur et beauté. 
Symboliquement, «l'alchimie» consiste à essayer de rendre au monde matériel sa perfection perdue en y faisant resplendir la beauté et la spiritualité, qui sont d’ailleurs des notions toutes relatives. 
 L’exposition de l’artiste sculpteure autodidacte Malika Rahmani, intitulée, justement, «La boue et Baudelaire», offre une interprétation personnelle et intimiste des corps féminins peuplant Les fleurs du mal. D’une blancheur immaculée, ces corps féminins, anonymes, représentent les différentes figurines féminines du monde intemporel de Baudelaire. Allant de la vierge à la mère jusqu’à la madone, toutes les formes et courbes sont présentes afin d’illustrer les différents poèmes dont ils s’inspirent comme : Allégorie, L’idéal, Une martyre, Femmes damnées ou La géante.
 «Martyrisé, ayant souffert, donné la vie, chaque corps est marqué par son histoire et c’est ce qui fait son originalité et le rend unique», explique Malika Rahmani. La couleur blanche et laiteuse de ces corps est choisie parce qu’elle permet «de voir les formes, la lumière et les ombres» et permet aussi «qu’on fasse abstraction du reste». Les sculptures féminines et les poèmes qui les ont inspirées cohabitent dans cette exposition, car, pour l’artiste, «les deux se complètent».
Malika Rahmani souhaite, à travers cette exposition, montrer la diversité des corps féminins et montrer qu’ils sont beaux même s’ils ne répondent pas aux canons de beauté en vogue. Selon elle, «Baudelaire voit de la beauté dans ce que l’on pourrait considérer comme des défauts, il n’a pas une vision formatée par la société de la beauté des corps féminins».
Pour l’artiste algérienne, «à chaque étape de notre vie, nous faisons une lecture différente de ce recueil de poèmes». Ses sculptures sont «une modélisation des mots du poète». Elle précise, toutefois, que le résultat final est une «représentation tangible des poèmes, modelée par l’instinct, sur le moment». Son souhait étant d’«immortaliser la vision fluctuante avec le temps des poèmes délirants de Baudelaire». Aussi, elle tente de figer son ressenti et son émotion en tant que femme et lectrice des vers du poète français. 
Les œuvres d’art (des statues) de Malika Rahmani sont visibles jusqu’au 24 juillet 2021 à la galerie Bloom Art Factory, située au quartier d’El-Biar.
Charles Baudelaire a vu le jour le 9 avril 1821 à Paris. Sa vie d’écrivain a été jalonnée d’attaques sur son œuvre et sur sa personne. De plus, il avait des problèmes d’argent. La première édition du recueil Les Fleurs du mal fut mise en vente le 21 juin 1857. 
Deux mois plus tard, le 20 août, Baudelaire fut condamné à payer une amende de 300 francs et à supprimer six poèmes de son livre. D’ailleurs, ce n’est qu’en 1949 que Baudelaire fut réhabilité par la cour de cassation. Mais le mal était déjà fait. Mort le 31 août 1867, Baudelaire n’était plus de ce monde, depuis très longtemps.
Kader B.

 

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