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Rubrique Culture

FICA côté court Vivre avec et contre le passé

La compétition des courts-métrages, introduite cette année au FICA, a débuté lundi à la salle Ibn-Zeydoun, avec l’entrée en lice de trois films réalisés par de jeunes cinéastes algériens.
Des traumatismes de la décennie noire aux combats d’aujourd’hui, un film historique et sociologique relie les trois courts-métrages projetés lundi dans le cadre de ce 10e Festival international du cinéma d’Alger dédié au film engagé qui se poursuit jusqu’au 16 novembre. 
Hadi hiya (28mn) de Youcef Mahsas interroge les séquelles d’une guerre dont on n’a jamais pu panser les plaies. Le film s’ouvre sur une scène enchantée où de petites filles jouent gaiement dans un jardin tandis qu’une jeune femme arrose les plantes avant qu’un bruit étrange ne secoue la tranquillité des protagonistes. Nous sommes ensuite transportés vingt ans plus tard où Sarah (Amira Hilda Douaouda) gratte compulsivement le sol dans une maison sinistre et froide. Son mari (Aïssa Segueni), qui doit de l’argent à la terre entière, se terre et la charge d’affronter les nombreuses personnes venues toquer à la porte pour récupérer leur dû. Leur fille Nazek (Maria Silini), enjouée et espiègle, attend toujours cette photo de famille que ses parents lui promettent depuis des mois. Le couple va mal et Sarah, névrosée et mélancolique, est au bord de l’explosion. 
Construit comme un thriller psychologique qui aborde aussi bien les traumas du passé et la question du couple, Hadi hiya recèle une atmosphère singulière et une démarche esthétique évidente, malheureusement ternies par des accès de théâtralité et de pathos qui desservent sa mise en scène. 
Par ailleurs, la dramaturgie d’abord corsée et nébuleuse verse soudain dans l’explication et le discours direct lorsque Sarah raconte et déchiffre pour le spectateur l’origine de son mal-être, lequel est évidemment lié à la première scène du film, vingt ans plus tôt. 
La fausse saison de Mennad Embarek revient sur la même période avec l’histoire de Djamel (Oussama Boudchiche), un jeune homme taciturne et mystique amoureux des chardonnerets et des grands espaces, endoctriné par les islamistes au début des années 1990 et missionné par leur bras armé à exécuter Midou (Ahmed Meddah), son voisin chanteur de cabaret. Le jour même de l’assassinat de Tahar Djaout, Djamel s’apprête donc à honorer son engagement dans « l’armée d’Allah » et tente de résister au malaise et à l’hésitation de plus en plus insistante.
Le réalisateur qui s’est distingué, en 2013, avec son premier court-métrage de fiction Iminig (La partance), garde intacte sa maîtrise scénaristique et formelle à travers un récit dense et calibré et une mise en scène poétique et lumineuse malgré son académisme. Cependant, le traitement fait ici du thème de la décennie noire ne sort pas des sentiers battus et demeure dans un schématisme étroit. 
Malgré les efforts consentis pour conférer du relief psychologique aux personnages, ces derniers n’échappent pas à des figures archétypales déjà vues dans d’autres films sur la question, de même que l’angle d’approche qui correspond à un canevas prévisible où l’on retrouve les mêmes poncifs dramaturgiques : les dégâts de l’endoctrinement, la résistance, le désir de vie et l’éternel repère temporel de l’assassinat de Djaout. C’est sans doute dans le dernier film projeté lors de cette séance que l’on va toucher du regard un cinéma vivant. Une histoire dans ma peau , un court-métrage documentaire de Yanis Kheloufi, dresse un portrait intimiste et sobre du militant associatif Farès Kader Affak. Cet activiste infatigable présent aussi bien sur le terrain caritatif (l’association le Cœur sur la main) que culturel (le café littéraire Sous-marin) nous livre des fragments de sa vie à travers une série de plans où le cinéma et l’émotion respirent à la même cadence. 
Kheloufi érige en effet un édifice filmique d’une solidité remarquable où la justesse du cadre n’a d’égale que l’extrême liberté donnée au regard du spectateur. Ce dernier a tout le loisir pour deviner les hors-champs et élaborer sa propre lecture de ces bribes de vie d’un personnage intense et quasi-christique. 
S. H.

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