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Rubrique Haltes Estivales

Fin de l'été 2017 : la fausse victoire de l'oligarchie

À la fin de l'été 2017, l'oligarchie criait victoire : elle venait d'évincer, le 15 août, l'homme qui voulait la démanteler. Abdelmadjid Tebboune fut remplacé par Ouyahia qui préparait déjà, en trio avec les chefs du FCE et de... l'UGTA, la fumisterie nommée Partenariat Public-Privé. Cette chronique fut lancée comme un cri d'alarme à la veille d'échéances meurtrières. On verra, dans les textes des semaines suivantes, que, malgré la mainmise d'un pouvoir parallèle soutenu par cette oligarchie, le ventre fertile de l'Algérie continuait d'enfanter des patriotes qui s'opposeront à ces sinistres plans.

Hommes politiques et experts s’échinent à nous démontrer que les orientations idéologiques du «passé» qui pèsent lourdement sur le présent seraient, selon eux,  la cause de ce surplace. Comme si le socialisme, rejeté, assassiné, jeté aux oubliettes depuis les années 1980, était la cause de nos errements économiques. Au contraire, tout prouve que c’est l’abandon de cette option fondamentale de la Révolution (relire Ben M’hidi), les renoncements et la dilapidation des entreprises publiques et de l’agriculture étatique exportatrice (oui, par bateaux de l’Ofla vers tous les continents !) qui ont généré cet état de déliquescence générale où l’intérêt privé et l’individualisme ont pris le dessus sur les valeurs communes héritées du combat héroïque des Braves.
Ce ne sont pas que des mots car c’est le libéralisme, puis l’ultralibéralisme qui ont paralysé l’économie, la tuant à petit feu au profit de l’importation et des affaires louches. Pour étayer leur argumentation, ces tenants de l’ordre néolibéral confondent volontairement les transferts sociaux, l’accès au logement et les diverses aides de l’État-miracle avec le socialisme qui est loin d’être la marque de notre économie depuis le passage des «experts» des années 1980. Le tout libéral peut donner quelques résultats sur le plan économique (et encore ! À quel prix) dans des pays démocratiques qui ont de véritables capitaines d’industrie et une tradition solide de luttes syndicales, ainsi qu’une justice indépendante et… juste ! Dans nos pays où la démocratie est encore au stade du balbutiement, où les «begarras» se transforment en «constructeurs» automobiles et où toute une faune d’affairistes et d’importateurs se sucrent sur le dos du Trésor public, le risque est grand quand on sort d’un certain dirigisme qui, malgré sa lourdeur bureaucratique et ses probables dérives morales, garantissait les équilibres économiques et jouait son rôle de moteur de l’investissement productif. Il n’y a pas de solutions miracles : c’est cet investissement productif qui crée la richesse et réduit le chômage. L'investissement public dans l’industrie fut écarté au nom du miracle privé et l’État promulgua des tas de lois pour attirer les sociétés étrangères. Mais personne ne voulait venir dans un pays si triste que ses propres enfants fuyaient. Les quelques usines étrangères implantées çà et là ne produisaient que de la limonade et quelques produits superflus mais hautement lucratifs ! (...)
Parallèlement, le génial Temmar liquidait ce qui restait du patrimoine public rescapé des précédentes privatisations des années 1990 et des flammes des terroristes. Cette privatisation fut une véritable catastrophe. Des usines achetées par des groupes étrangers furent aussitôt fermées afin de permettre aux produits de ces sociétés, fabriqués dans leurs pays d’origine, d’inonder le marché national. Nous citerons, juste pour l’exemple, les produits dérivés du phosphate, la levure et le gaz industriel mais les exemples sont légion ! Le scandale d’El-Hadjar est encore présent dans les mémoires. Cédé pour des prunes, ce gigantesque complexe sidérurgique privatisé n’arrivera jamais à atteindre la production des années glorieuses du secteur public. Et le comble est qu’on ajouta à M. Mittal — qui n’a rien amélioré à El-Hadjar —, la mine de fer de l’Ouenza, nationalisée dans la ferveur révolutionnaire un certain 6 mai 1966 !
L’autre mal qui a plongé notre économie dans le noir est l’importation. Nous n’importons pas pour satisfaire les besoins de notre peuple. Nous importons pour permettre à une véritable faune d’affairistes de faire sortir les devises gagnées au prix de la sueur et des larmes ! On importe tout et n’importe quoi : de la terre de plantation, comme si les deux millions et quelques de kilomètres carrés ne suffisaient pas pour planter tout ce que l’on voulait ! On importe du pain, des croissants, de la pâtisserie et même des cailloux ! Et le bon peuple ne comprenait toujours pas pourquoi l’État ne faisait pas barrage à ces pratiques. On l’aura compris en retard et grâce à Algérie Part, entre autres : ceux qui ont le pouvoir d'arrêter cette escroquerie, à quelques exceptions près, ont des enfants qui importent, importent… Et il n’y a pas que cela. Cette importation érigée en "système économique" a eu des effets pervers sur la petite et moyenne industrie algérienne qui ne pouvait résister à la concurrence déloyale du textile chinois et des friandises turques. Du jus d’Arabie Saoudite acheté par le pays des agrumes, là où a été créée la clémentine, il y a de quoi devenir dingue ! En outre, cette importation massive a créé tout un système en amont qui repose sur l’informel, la triche aux impôts, l’enrichissement rapide, la paresse, etc. Un véritable terreau de l’islamisme affairiste. Il devient de plus en plus difficile de dénicher un ouvrier manuel car tous les jeunes qui ne sont pas au lycée ou à l’université ont ouvert des boutiques, parfois au détriment du confort familial en volant une pièce à la maison des parents pour y vendre n’importe quoi.
Les programmes sociaux et l’édification des infrastructures ont certes remodelé le paysage et permis de résorber partiellement la crise du logement. Mais là aussi, les sociétés nationales et les entreprises privées algériennes ont été les grandes absentes de ces chantiers titanesques. On importe même des ouvriers ! J’ai le souvenir d’une déclaration d’un ministre de l’Habitat qui justifiait la présence des entreprises chinoises par le fait qu’il n’y avait pas de grande société algérienne capable de construire des milliers de logements. Qui a détruit la puissante DNC et qui a anéanti Sonatiba, deux sociétés qui comptaient des dizaines de milliers de travailleurs ?
Aujourd’hui qu’il n’y a plus d’argent, l’espoir ne viendra ni des bureaucrates, ni de l’oligarchie. Il viendra des révolutionnaires. C’est une situation qui commande des mesures révolutionnaires. S’opposer aux vampires du FMI et de la Banque mondiale en imprimant du dinar en surplus en est une. Mais il y a de l’argent à gagner en faisant payer les riches, en réduisant les frais de l’État, en abandonnant les chantiers de prestige, en arrêtant de construire des trottoirs dans les douars et les ronds-points, en stoppant la folie des tramways partout, en puisant l’argent dans l’économie informelle qui échappe à tout contrôle bancaire ou fiscal; bref, en arrêtant la gabegie et les mesures électoralistes pour s’acheminer essentiellement vers l’investissement productif !
Et en réduisant l’importation à l’essentiel ! La banane ? Les produits de luxe ? Nous sommes les survivants des «pénuries» de l’époque socialiste. Nous n’en sommes pas morts ! Nous sommes la génération qui a porté l’espérance de vie des Algériens de 48 ans à l’indépendance à 78 ans ! Nous sommes la preuve vivante d'un défi : on peut non seulement vivre avec l’essentiel, mais on se porte mieux sans les méfaits du colonialisme et… les sucreries superflues importées !
M. F.

P. S. : texte publié le 21 septembre 2017.

 

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