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Rubrique Hommage

Hommage au Pr Jean-Paul Grangaud

Par Pr Omar Zemirli
La voix de J-PG celui que fut notre maître en médecine s’est éteinte il y a quelques jours mais elle restera gravée pour toujours dans toutes les têtes de ses centaines d’amis et collègues et de ses dizaines de milliers de ses anciens élèves.
Sa voix singulière nous transmettait le savoir, reflétait le savoir-être et exprimait le savoir-faire.
Sa voix fluide avec un accent particulier retenait notre attention sur les cours qu’il donnait avec simplicité, nous facilitait la compréhension, étanchait notre soif d’apprendre et rassasiait notre jeune cerveau à l’instar des bébés avides du lait nourricier de leur maman.
J-PG était l’enseignant pédagogue d’un haut niveau, le praticien pédiatre d’une grande compétence et le clinicien chercheur expérimenté dans certaines pathologies rares infantiles.
Sa voix douce et claire comme étaient la couleur bleue de ses yeux et son regard discret presque timide et apaisant.
J-PG veillait scrupuleusement sur son service, son personnel et ses petits malades comme l’aurait fait un père de famille pour son foyer, sa famille, son épouse et ses enfants. J-PG aimait tous les enfants, quelles que soient leur condition sociale, la couleur de leur peau et leur religion. Il avait foi en Dieu, foi en l’homme et il croyait en sa spécialité, la pédiatrie.
Il était la source même de l’humilité, de la simplicité et de l’humanité.
J-PG fut l’un de mes maîtres, patrons, chefs de service. J’ai eu l’honneur et le privilège d’avoir fait mes stages d’externat et d’internat les années 1970 dans l’un des services de pédiatrie où il était le chef.
La renommée internationale du service de pédiatrie du CHU Béni Messous n’était pas un mythe mais bien une réalité. Je me réfère au témoignage d’un de ses anciens élèves pédiatres, le Dr Mohamed Hamoutene : « Dans les années 1970-1980 qui aura marqué notre jeunesse, notre formation, notre enthousiasme, notre engagement dans la lutte contre les maladies des enfants dans les milieux les plus déshérités et tout ceci sous l'impulsion et la direction de notre illustre patron, le professeur J-PG comme on aimait l'appeler.»  
Accablé par son décès, il s’est plongé dans le passé et s’est remémoré les années de son résidanat, il a relaté l’ambiance qui y régnait : «Attentif à nos préoccupations, soucieux de notre formation, c'est ainsi que tous les jours de 8h à 16h, sans compter les jours de garde, il était à nos côtés. Il se comportait comme un compagnon plutôt qu'en patron et nous a amenés ainsi à nous assumer, à nous responsabiliser, à nous émanciper. C'était tout l'art de sa pédagogie et en toute humilité.»
Nostalgique sur ces belles années qui ont forgé sa personnalité et consolidé sa formation, il poursuivit son témoignage sans occulter la direction collégiale qui coordonnait l’activité du service de pédiatrie d’alors en citant l’apport et la collaboration étroite du Pr Mustapha Mazouni, l’un des chefs de service de pédiatrie au CHU Béni Messous.
C'est ainsi que l’activité du service de pédiatrie était étendue à tout le secteur sanitaire de Cheraga, sa banlieue et ses bidonvilles. «On allait de bon matin capter les naissances auprès des maternités rurales et de l'état civil en vue de recenser les nouveau-nés et les intégrer au programme de vaccination et de suivi sous la responsabilité du CCE (Comité de coordination de l'enfance), dirigé par le père Dominique. Ce fut un véritable état-major d'organisation de la prise en charge de l'enfant.» La renommée et la réputation du service de pédiatrie du CHU Beni Messous dépassaient les frontières de notre pays. Devenu un peu La Mecque de la pédiatrie sociale, le service recevait des jeunes médecins stagiaires à partir de Lausanne, des médecins cubains, chiliens et péruviens, tous imprégnés de la même idéologie de lutte contre la misère et les maladies à l'image de notre maître le professeur Grangaud.
Le Pr J-PG fut un guide, une référence pour plusieurs générations de médecins généralistes, spécialistes et hospitalo-universitaires. Le service de CHU Beni Messous fut un exemple, un modèle, un cas d’école pour plusieurs services en Algérie et dans plusieurs autres pays.
Le Pr J-PG est inégalable pour son humanisme, son altruisme et son éthique.
Après sa retraite de la chefferie de service de l’hôpital de Aïn Taya qu’il rejoint les années 1980-1990 et de l’université, il a poursuivi l’une de ses missions pour laquelle il s’est consacré, les programmes de santé publique au sein du cabinet du ministre de la Santé.
Il y a une quinzaine d’années, après avoir quitté le ministère, infatigable, ne pouvant rester inactif et voulant être utile, il accepta le poste de vice-doyen qui lui fut proposé pour se consacrer à la pédagogie et prendre en charge les différents projets inscrits au niveau de la Faculté de médecine d’Alger. Je ne peux oublier la rencontre et l’entretien de l’ancien élève et son maître : «Je fus votre maître et pour vous mettre à l’aise si vous le permettez, je le suis toujours mais vous êtes à présent mon doyen.» Malheureusement, des circonstances et des contraintes indépendantes de ma volonté ne m’ont pas permis d’avoir l’honneur et le grand privilège de travailler avec lui, la faculté aurait eu le grand avantage de bénéficier de sa longue expérience et de sa grande compétence.
Ma dernière rencontre avec le Pr J-PG remonte à 5 ans. Le Pr Zitouni, coordinateur national du Plan cancer, n’étant pas disponible, le Pr J-PG a accepté de participer à une table ronde sur le plan cancer en ORL lors de notre congrès national d’ORL.
Le panel composé d’une dizaine de professeurs dont certains font partie du comité national du Plan cancer pour ne citer que le Pr J-PG, le Pr Mustapha Boubrit et le Pr Kamel Bouzid. Tous les panelistes dans différentes spécialités étaient ses élèves.
Ce fut pour moi, l’étudiant d’il y a quarante-cinq ans, le dernier cours, ce fut pour moi le Professeur depuis 30 ans, la dernière conférence et la dernière rencontre scientifique avec le Pr Jean-Paul Grangaud qui aura marqué la médecine algérienne depuis l’indépendance du pays. Il avait de qui tenir, son père était un biochimiste hors pair chercheur au niveau du laboratoire du département de pharmacie de la Faculté de médecine d’Alger.
L’homme J-PG avait un attachement fusionnel à la terre qui l’a vu naître et grandir. Alger était sa ville où il a vu le jour qui l’a vu grandir et qui a forgé sa personnalité. L’Algérie était sa patrie, celle de son père. Il n’avait pas un autre pays d’échange. Un ami commun autochtone de la ville d’Azeffoun m’a appris : «Pour ses vacances, le Pr J-PG les passait dans ce beau et grand pays qui est le sien. Dans les années 1970, il avait eu un coup de foudre pour la ville côtière d’Azeffoun. Régulièrement, il venait se ressourcer dans ce cadre bucolique, endroit paisible, tout de simplicité. Il était adoré des gens et son fils Pierre, médecin, a, lui aussi, travaillé à l’hôpital d’Azeffoun.»
Le Professeur Jean-Paul Grangaud, J-PG pour les intimes, fut et restera notre maître pour toujours.
Que tous ceux qui l’ont connu, apprécié et aimé se joignent à moi pour avoir une pensée pour lui, pour partager avec sa famille cette lourde et triste peine et témoignent de leur soutien indéfectible.
Que Dieu le Tout-Puissant l’accueille dans Son Vaste Paradis.
O. Z.

(*) Service ORL et CCF, CHU Béni Messous.

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