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Rubrique Ici mieux que là-bas

La cocaïne, ça fait tourner la tête… de l’État !

Coup de sifflet strident ? Discret, plutôt : le général Hamel, patron de la police, est remercié sans aucune autre forme de procès par la voie d’un lapidaire communiqué de la présidence de la République. Pour quelqu’un qui suit religieusement – le mot est exagéré, certes, je l’admets —les matchs de la Coupe du monde de foot comme votre humble serviteur, c’est comme si l’arbitre brandissait, à un moment complètement inattendu, un carton rouge à l’encontre d’un joueur important, une sorte de capitaine d’équipe, pour un impair dont les spectateurs ignorent tout. Il s’est passé quoi au fait, il a fait quoi ? On essaye de deviner. On spécule. On s’engueule sur les causes possibles, probables, plausibles d’une telle surprise. Et tutti quanti. On s’adonne à notre sport favori : la dispute byzantine, le cafouillage dérégulé ! Tu ne sais rien, toi ! Ta «source officielle», c’est du khorti ! Moi, le cousin du voisin de mon neveu Ansej, qui est chauffeur-adjoint d’un ponte, m’a dit que… On soupçonne le chiqué. On subodore un retrait tactique. On projette la chose dans un plan cohérent destiné à dribbler l’adversaire qui, bien entendu, n’y voit, d’ores et déjà, que du feu. L’avenir donnera bien raison à quelqu’un, c’est sûr ! Mais à qui ? Alors, pour octroyer de la prestance à l’hypothèse, on rappelle qu’on savait que tout cela était prévisible. On se souvient de ces étranges propos que le DGSN a tenus selon lesquels, pour lutter contre la corruption, il faut avoir soi-même les mains propres. Il ciblait qui ? Il visait qui ? Le «qui» en question a réagi. C’est le retour de manivelle. C’est l’impact de la flèche. Par ces propos, il a déterré la hache de guerre. Et maintenant, les hostilités sont déclarées.
Et voilà que ce qui devait arriver arriva. Les clans sont sortis de l’expectative. Ils ne vont pas se laisser bouffer par le camp d’en face. C’est la nuit des longs douk-douk qui continue, je te dis !
 Coup de gong ou coup de bluff ? : l’omniprésent  Zoukh est-il en train, lui aussi, d’être gentiment débarqué ? Rumeurs, nous dit-on. Va savoir. Nul n’est dans le secret de l’arbitre.
Troisième coup de gong : heu ! Ça s’arrêtera où, cette histoire ? On prédisait l’été chaud et pas seulement du seul point de vue météorologique et le voilà d’ores et déjà caniculaire. L’Algérie politique et l’été, c’est une vieille idylle tumultueuse, agitée, mais imparable. A chaque saison chaude, on rallume soigneusement les feux. C’est connu, surtout en Kabylie. L’été dernier, on a eu l’épisode Tebboune. Celui d’avant, je ne sais plus quoi. Et ainsi de suite.
Mais cet été, ce sera encore plus chaud que d’habitude. Ce qui se passe nous le montre assez. Ce qui se passe et dont on ne perçoit que l’écume. Tout semble partir de l’arraisonnement de ce bateau qui transportait 700 kilos et des… poussières de cocaïne. On arrête Kamel Chikhi, dit Kamel le Boucher, un importateur de viande et spéculateur immobilier à ses moments perdus, à moins que ce ne soit l’inverse, et le jeu de dominos s’endiable. Personne ne le connaissait, ou seulement les initiés, et le voilà, du jour au lendemain, battant les records de clics quand on tape comme mot-clé son nom. 
On apprend que ce type a tissé pendant des années son «empire du mal» sans qu’on sache exactement comment il a pu amasser sa fortune dans un pays où même les parkingueurs sont rançonnés par l’autorité. Avait-il des potes ?
 Un domino fait tomber l’autre dans un enchaînement trop précis pour ne pas être parfaitement réglé. Magistrats, hauts responsables, fils de hauts responsables, le maëlstrom fait chuter des personnages réputés indéboulonnables de la satrapie. Comme quoi !
Cependant, on peine sensément à croire que de si hauts responsables, en charge des secteurs névralgiques du destin d’un pays, se soient laissés amenés à être impliqués de près ou de loin dans pareille affaire. A moins que cette affaire gigantesque de saisie de cocaïne ne soit, par son ampleur et ses ramifications,  et c’est ce qui paraît probable, que l’occasion idéale d’une décantation à l’approche de l’élection présidentielle de 2019.  Il n’a pas échappé à l’observateur de la scène politique domestique que les remous autour de l’élection présidentielle, qui semble avoir pour point d’orgue le cinquième mandat du Président sortant, ont commencé bien avant l’entrée en port d’Oran de ce bateau délictueux.
La cocaïne qui fait tourner la tête de l’Etat ne serait donc qu’un déclencheur ou même qu’un accélérateur d’une course sans merci. Vers quoi ? Vers le trône !
Et voilà advenu le risque. A force de vouloir piger, on ne fait qu’ajouter peut-être à l’illisibilité des choses. Pour comprendre un tantinet ce qui se trame dans les coulisses de la tragicomédie algérienne, il n’y a pas mieux que de se tourner vers les chroniqueurs spécialisés. Ils savent décoder l’indécodable, eux ! 
Ils lisent entre les chiffres et les lettres. Ça tombe bien ! Rencontre inopinée avec l’un d’entre eux, qui ne souhaite pas être cité, qui a pignon sur rue, comme on dit. La discussion s’engage sur la nature de la chronique politique dans un pays où elle prospère dans la légèreté et l’absence avérée d’impact sur le cours des choses. Jamais, sauf plus ample informé, chronique n’a fait bouger un filament de quoi que ce soit. Certes, elle peut apporter des éléments précieux d’analyse aux lecteurs. 
Elle peut aider, dans les limites  autorisées par le système, a recoller les éléments d’un puzzle à qui il manque toujours quelque chose pour pouvoir afficher une image viable. Eh bien, le chroniqueur en question avoue devoir jeter l’éponge. Il dit ne plus rien comprendre lui-même. Et même quand il arrive à décrypter les hiéroglyphes du trouble jeu d’échecs algérien, il sait que ça ne sert pas à grand-chose.
A. M.

 

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