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Rubrique Ici mieux que là-bas

Le blues d'un chroniqueur du dimanche !

Ce n’est pas le moment certes, le monde étant occupé à des choses autrement plus graves,  mais je tiens à partager humblement cet état d’âme mièvre et soudain ! Hélas, ça ne va pas du tout, mais alors pas du tout ! Aux effets émollients du confinement, détrousseur de bonne humeur et de pugnacité, piégeur d’avenir, mais néanmoins salutaire,   s’ajoute le spleen de devoir remettre sa copie. Des fois, — truisme —, on n’est pas inspiré, on ne voit pas plus loin que le bout de son doigt posé sur le tabulateur de l’ordinateur. Et encore ! De fait, ça n'en mène pas très large, non ! Mais il faut y aller, tout de même. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il Covid-19, qu’il confine ou pas, il faut y aller, mon vieux !
Eh oui, c’est le risque plus ou moins calculé du… métier. Mais quoi remettre ? De quoi causer ? Heu du… coronavirus. Tout part de ce  fait indéniable qui occupe toute la surface de la planète phagocytant la politique dans toutes ses composantes, de la gouvernance souvent défaillante dans la plupart des pays du monde à l’auto-organisation citoyenne dans le dernier bled de la montagne, des systèmes de santé à la communication, de la presse papier aux télés, des réseaux sociaux au moral en berne de la majorité des êtres humains. On en oublie les remous dans les états-majors et la poursuite de la répression en temps calme de couvre-feu !
Tout ce qui bouge, respire, pense est concentré sur cette tragédie qui réveille l’humanité des dérives de la religion de l’argent, de la consommation, du paraître, du bluff et de la gloutonnerie sans fin.
Un minus de virus  étend son ombre comminatoire sur ce fragment de l’univers que constitue la terre, bloquant les aiguilles de la grande horloge du temps à l’heure de la peur et du désarroi.
Pour une fois, grands ou petits, riches ou pas, célèbres ou anonymes, brillants ou mats, puissants ou ramollis, on est tous égaux devant la bête. Certes, on n’a pas les mêmes moyens de protection, de soins, mais on a la même peur au ventre.
Et comment parler d’autre chose que de ça ? J’aurais aimé avoir l’optimisme et la force de caractère de l’ami Maâmar Farah qui relativise le mal et qui trouve la ressource d’évoquer les jours heureux, — enfin façon de parler — qui reviendront, je le crois comme lui — et dont on n’apprécie la saveur qu’une fois disparus.
Je n’ai ni la force ni l’envie de livrer l’un de ces empesés journaux de confinement, qui pullulent et culminent dans le cérémonieux, décrivant avec un luxe de sucreries glacées le nombre de cuillerées à café de fleur d’eau d’oranger à mettre dans la corne de gazelle ou combien de calories comportait la madeleine de Proust.
Michel Onfray, que je n’aime pas du tout, a raison, pour une fois à mes yeux, de souligner combien il peut être impudique de délayer son ébahissement devant la poussée du réséda  sur le bord de sa fenêtre quand une grande partie de l’humanité est réduite à choisir entre  mourir du coronavirus ou mourir de faim ou encore mourir pour ses idées, de mort lente ou pas, ou au moins être embastillé pour… Vous pouvez ne pas suivre mon regard !
Il y a tout de même des journaux utiles comme celui d’Akram Belkaïd qui décrit avec courage les différentes étapes de l’infection. Utile et humain. Et talentueux.
Et il y a surtout, pour sortir de l’entre-soi du  type abîmé dans son nombril confiné, l’abracadabrante situation internationale et géopolitique que révèle la crise sanitaire mondiale.
Les tenants des théories complotistes — dont nous ne sommes pas, que ce soit dit clairement(1), qui incriminent la Chine dans la naissance et la propagation du virus, viennent de recevoir une rescousse de taille en la personne du professeur français Luc Montagnier, prix Nobel de médecine 2008, en sa qualité de codécouvreur du virus du sida. 
Cet éminent professeur biologiste et virologue, dont la parole a été parfois controversée, soutient que le coronavirus a été manipulé dans un laboratoire dans le but probable de trouver un vaccin contre le sida. Ce n’est pas dit manifestement, mais on n’a aucun mal à comprendre que c’est la Chine qui est mise en cause.
Une autre personnalité qui, elle, ne prend pas de gants pour incriminer la Chine, c’est le Président américain Donald Trump. Il parle de virus chinois et entend diligenter une enquête pour prouver ce que des médias US  avancent en accusant un labo de recherche chinois sur le Covid d’avoir involontairement fait fuiter le virus à cause de mesures de sécurité insuffisantes.
Avec lui, au moins, les choses sont limpides : l’épidémie qui fait des ravages aux Etats-Unis, en particulier dans les couches les plus vulnérables de la société américaine, est de la responsabilité de tout le monde, mais jamais de la sienne. Il a tour à tour incriminé l’OMS, qu’il soupçonne de rouler pour la Chine, l’Europe, la Chine elle-même. Voilà, tout est dit ! C’est la faute à tout le monde et à personne pour celui qui tient à gagner la bataille de la communication autour de l’épidémie car il joue là sa réélection en  novembre prochain.
L’enjeu pour Trump est d’empêcher que, à la faveur de cette crise sanitaire, la Chine accède, au détriment de son pays devenu selon un journaliste français l’« impuissance américaine », au leadership planétaire de la même manière que la crise financière de 2008 qui secouait les États-Unis a mis la Chine dans la position de défier les États-Unis. L’historien américain Hal Brands note que la façon chaotique dont Trump gère la pandémie encourage la Chine à supplanter la puissance américaine. Un chiffre, en l’occurrence, résume cette course perdue pour les Américains : 97% des antibiotiques aux États-Unis viennent de Chine.
Voilà, je retourne à ma corne de gazelle, à la madeleine de Proust et au réséda sur le balcon.
A. M.

1) Une formulation dans une précédente chronique a fait croire à un lecteur qu'on épousait ici les théories complotistes. Ce n'est évidemment pas le cas,

Ce n’est pas le moment certes, le monde étant occupé à des choses autrement plus graves,  mais je tiens à partager humblement cet état d’âme mièvre et soudain ! Hélas, ça ne va pas du tout, mais alors pas du tout ! Aux effets émollients du confinement, détrousseur de bonne humeur et de pugnacité, piégeur d’avenir, mais néanmoins salutaire,   s’ajoute le spleen de devoir remettre sa copie. Des fois, — truisme —, on n’est pas inspiré, on ne voit pas plus loin que le bout de son doigt posé sur le tabulateur de l’ordinateur. Et encore ! De fait, ça n'en mène pas très large, non ! Mais il faut y aller, tout de même. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il Covid-19, qu’il confine ou pas, il faut y aller, mon vieux !
Eh oui, c’est le risque plus ou moins calculé du… métier. Mais quoi remettre ? De quoi causer ? Heu du… coronavirus. Tout part de ce  fait indéniable qui occupe toute la surface de la planète phagocytant la politique dans toutes ses composantes, de la gouvernance souvent défaillante dans la plupart des pays du monde à l’auto-organisation citoyenne dans le dernier bled de la montagne, des systèmes de santé à la communication, de la presse papier aux télés, des réseaux sociaux au moral en berne de la majorité des êtres humains. On en oublie les remous dans les états-majors et la poursuite de la répression en temps calme de couvre-feu !
Tout ce qui bouge, respire, pense est concentré sur cette tragédie qui réveille l’humanité des dérives de la religion de l’argent, de la consommation, du paraître, du bluff et de la gloutonnerie sans fin.
Un minus de virus  étend son ombre comminatoire sur ce fragment de l’univers que constitue la terre, bloquant les aiguilles de la grande horloge du temps à l’heure de la peur et du désarroi.
Pour une fois, grands ou petits, riches ou pas, célèbres ou anonymes, brillants ou mats, puissants ou ramollis, on est tous égaux devant la bête. Certes, on n’a pas les mêmes moyens de protection, de soins, mais on a la même peur au ventre.
Et comment parler d’autre chose que de ça ? J’aurais aimé avoir l’optimisme et la force de caractère de l’ami Maâmar Farah qui relativise le mal et qui trouve la ressource d’évoquer les jours heureux, — enfin façon de parler — qui reviendront, je le crois comme lui — et dont on n’apprécie la saveur qu’une fois disparus.
Je n’ai ni la force ni l’envie de livrer l’un de ces empesés journaux de confinement, qui pullulent et culminent dans le cérémonieux, décrivant avec un luxe de sucreries glacées le nombre de cuillerées à café de fleur d’eau d’oranger à mettre dans la corne de gazelle ou combien de calories comportait la madeleine de Proust.
Michel Onfray, que je n’aime pas du tout, a raison, pour une fois à mes yeux, de souligner combien il peut être impudique de délayer son ébahissement devant la poussée du réséda  sur le bord de sa fenêtre quand une grande partie de l’humanité est réduite à choisir entre  mourir du coronavirus ou mourir de faim ou encore mourir pour ses idées, de mort lente ou pas, ou au moins être embastillé pour… Vous pouvez ne pas suivre mon regard !
Il y a tout de même des journaux utiles comme celui d’Akram Belkaïd qui décrit avec courage les différentes étapes de l’infection. Utile et humain. Et talentueux.
Et il y a surtout, pour sortir de l’entre-soi du  type abîmé dans son nombril confiné, l’abracadabrante situation internationale et géopolitique que révèle la crise sanitaire mondiale.
Les tenants des théories complotistes — dont nous ne sommes pas, que ce soit dit clairement(1), qui incriminent la Chine dans la naissance et la propagation du virus, viennent de recevoir une rescousse de taille en la personne du professeur français Luc Montagnier, prix Nobel de médecine 2008, en sa qualité de codécouvreur du virus du sida. 
Cet éminent professeur biologiste et virologue, dont la parole a été parfois controversée, soutient que le coronavirus a été manipulé dans un laboratoire dans le but probable de trouver un vaccin contre le sida. Ce n’est pas dit manifestement, mais on n’a aucun mal à comprendre que c’est la Chine qui est mise en cause.
Une autre personnalité qui, elle, ne prend pas de gants pour incriminer la Chine, c’est le Président américain Donald Trump. Il parle de virus chinois et entend diligenter une enquête pour prouver ce que des médias US  avancent en accusant un labo de recherche chinois sur le Covid d’avoir involontairement fait fuiter le virus à cause de mesures de sécurité insuffisantes.
Avec lui, au moins, les choses sont limpides : l’épidémie qui fait des ravages aux Etats-Unis, en particulier dans les couches les plus vulnérables de la société américaine, est de la responsabilité de tout le monde, mais jamais de la sienne. Il a tour à tour incriminé l’OMS, qu’il soupçonne de rouler pour la Chine, l’Europe, la Chine elle-même. Voilà, tout est dit ! C’est la faute à tout le monde et à personne pour celui qui tient à gagner la bataille de la communication autour de l’épidémie car il joue là sa réélection en  novembre prochain.
L’enjeu pour Trump est d’empêcher que, à la faveur de cette crise sanitaire, la Chine accède, au détriment de son pays devenu selon un journaliste français l’« impuissance américaine », au leadership planétaire de la même manière que la crise financière de 2008 qui secouait les États-Unis a mis la Chine dans la position de défier les États-Unis. L’historien américain Hal Brands note que la façon chaotique dont Trump gère la pandémie encourage la Chine à supplanter la puissance américaine. Un chiffre, en l’occurrence, résume cette course perdue pour les Américains : 97% des antibiotiques aux États-Unis viennent de Chine.
Voilà, je retourne à ma corne de gazelle, à la madeleine de Proust et au réséda sur le balcon.
A. M.

1) Une formulation dans une précédente chronique a fait croire à un lecteur qu'on épousait ici les théories complotistes. Ce n'est évidemment pas le cas, notre principal souci est qu'un vaccin soit découvert.

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