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Rubrique Ici mieux que là-bas

Les délices de la Nouvelle Galerie !

Bon, on va dire que, malgré tout, c’est cool ! Ne t’emballe pas, hein ? Oui, chaque mot peut au jour d’aujourd’hui conduire de la lumière à l’ombre. On en est là, mais quand même, chouia ! Pour autant, on ne va pas faire aujourd’hui moins que dans le passé ! On a l’impression de vivre la période des liquidations. Vous savez, c’est cette saison où l’on bazarde tous les stocks avant la fermeture définitive et le changement de propriétaire. C’est un peu ce qui se fait dans la nouvelle Galerie. 
Normal, diront certains, que de vider tout ce qui exhale la naphtaline de  l’ancienne Galerie pour passer à la nouvelle. Nouvelle Galerie ? Galerie nouvelle ? Tout est dans la place de l’adjectif. On a lu sous une plume facétieuse une façon de dépasser cette quadrature du cercle : nouvelle Galerie nouvelle ! Des fois qu’on douterait !
Que liquide-t-on donc ? À peu près tous les stocks d’acquis payés avec le sang des jeunes, les martyrs d’octobre  1988. Ils étaient loin d’être parfaits, ces acquis, mais c’était de sacrées avancées par rapport à l’ère du parti unique où tout était plombé grave. Ce n’était pas génial, le multipartisme à géométrie variable, d’après 1988, mais il avait l’avantage de faire entendre peu ou prou les aspirations des différentes composantes  de la société. Ça prenait parfois des allures de cacophonie, de cirque même, mais on arrivait à distinguer les grandes tendances du nuancier politique galérien. Le multipartisme a ébréché le monolithisme politique posé sur les forces vives du pays  comme un étouffoir. On avait beaucoup glosé à l’époque sur la multiplication  anarchique des petits partis. Il en naissait en veux-tu, en voilà, dans une prolifération folklorique. Mais cette exubérance qui noyait les vrais problèmes et les vrais clivages, et qui brouillait les vrais enjeux, avait l’avantage cathartique de l’effet cocotte-minute qui consiste à laisser sortir la pression pour que ça n’explose pas. Mais ça a explosé quand même !
Aujourd’hui, en voulant dissoudre certains partis, on prend le risque de liquider ce multipartisme partial et même un tantinet frelaté. En cherchant des poux dans la tête de ces partis, les soutiens  de la nouvelle Galerie disent que de toute façon, les partis ciblés ne représentent rien. Le bel argument ! Par contre, il suffit de soutenir la ligne dominante pour qu’une formation politique sans ancrage, sans effectifs, sans programme et sans idéal devienne, miraculeusement, représentative de quelque chose.
Et tant qu’à faire, pourquoi ne pas liquider  le  rayon  presse de la Galerie ? Avec la circulaire  Hamrouche de 1990 sur la création de journaux indépendants, une certaine liberté de la presse avait succédé au chorus unanimiste qui nous repassait en boucle la ritournelle de l’autosatisfaction révolutionnaire. Cette liberté de ton que nous enviaient de nombreux pays avait parfois, il est vrai, atteint des débordements remplaçant le travail d’analyse, d’enquête et de reportage par un journalisme sloganiste et imprécateur, mais tout de même, dans ce grand cafouillage, on gardait la latitude d’avoir un œil sur ce qui nous regarde, c’est-à-dire la façon dont on était gouverné. Sans doute fallait-il – faut-il ? — trouver les meilleurs cadres pour réfréner la tentation de ces excès, mais est-ce la bonne solution que cette répression qui va jusqu’à l’emprisonnement des journalistes ? Et puis, convenons-en, toutes les affaires qui se sont soldées dans le prétoire et parfois en prison ont davantage à voir avec la répression du devoir d’informer qu’avec de quelconques délits de presse. Et puis encore et enfin, comment peut-on rêver d’une presse parfaite dans un pays où tous les secteurs sont en crise. Dans les années 1990, le métier de journaliste exposait à la mort. Expose-t-il aujourd’hui à la prison ?   C’est à ne plus reconnaître cette relative liberté de la presse qui n’est pas un don régalien mais  le fruit du sacrifice suprême de presque 200 journalistes assassinés.
Last but not least, on liquide aussi dans la foulée le mouvement populaire galérien. J’ai lu sous une plume facétieuse que l’empêchement musclé des marches n’a rien à voir avec l’échéance politique du 12 juin. Il procéderait de la défense du bien-être des citoyens qui voudraient faire la sieste du vendredi sans être perturbés par les clameurs des manifestants. Attentives à la sécurité et à la sérénité de ces citoyens, les autorités envoient comme de juste les forces de l’ordre rappeler  à coups de bâtons aux  excités le devoir civique de laisser les honnêtes gens faire la sieste.
Et malgré ça, on va dire que c’est cool ! Le credo est : du passé, faire table rase. Mais pas n’importe quel passé !
Comme de juste, comme toujours, on casse tout pour reconstruire ? Non, là, on efface les traces ! On gomme les souffrances et les sacrifices, on jette leurs fruits, on oublie, on fait oublier !
Voilà  que  tu t’énerves ! Reste cool ! Et tant qu’à ne pas oublier, il faut juste se souvenir qu’aucune question politique nulle part n’a pu être réglée définitivement par la répression !
Le mot politique lui-même vient du grec politis, citoyen !
Alors, sois cool, hein ? 
A. M.

 

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