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Rubrique Ici mieux que là-bas

Raconte-Arts 2019

Rien de plus triste qu’un Raconte-Arts qui finit ! On a beau se préparer à ça, se dire qu’après tout ce n’est qu’un au revoir, il y a inévitablement ce pincement au cœur qui rappelle sur le mode mélancolique qu’un festival comme celui-là, c’est d’abord une occasion de rencontres. Et qui dit rencontre dit séparation, au moins temporaire. Mais le vague-à-l’âme ne dure pas. C’est trop beau, trop grand, trop intense pour que le sentiment de tristesse dépasse l’instant fugace où le bus ou la voiture démarre. Juste après, les souvenirs, tout frais, commencent à surgir, préparant et préfigurant l’année d’après.
Mais on n’en pas là, pas encore ! Et puis franchement trêve de délectation morose.
Plaisir de découvrir ce coquet village de Sahel, à un jet de pierre de Bouzeguène.
Comme dans d’autres villages où Raconte-Arts jadis posa son barda, ici, la mosquée est décontractée. C’est dans Tajmaât qui lui est mitoyenne que se mènent les débats et les cafés littéraires. On y entend des choses qui démontrent que la première des sacralités à respecter, c’est la liberté d’opinion. C’est dans l’air, en ces temps martiaux.
La veille de la clôture de Raconte-Arts, qui est un trésor de rencontres et de découvertes, et d’émotion, plaisir de revoir et d’écouter l’ami Mustapha Benfodil.
Voilà du talent à l’état pur, c'est-à-dire enveloppé d’humilité. Il cause de littérature, de journalisme, de mouvement citoyen avec conviction et cette modestie interrogative qui procure de la densité.  Tout juste comme on aime.
Plaisir aussi de revoir et d’écouter un ancien toujours présent sur le front des idées et de la création, Mouloud Achour. Journaliste et écrivain, il est égal à lui-même, discret, limite timide. Mais il a une telle expérience de la vie et de l’écriture que c’est un régal de l’écouter en parler.
Et puis, il y a Hamid Boudi, coordinateur de la commission d’organisation de Raconte-Arts et porte-parole  du comité de village de Sahel. Un garçon d’une grande qualité a qui aucun défi culturel  ne semble faire peur. L’importance prise par Raconte-Arts qui a reçu au moins 4 000 visiteurs par jour (avec des pics de 6 000 et même au-delà) a, pour attendue qu’elle soit, causé quelques petits désagréments que les ennemis de Raconte-Arts ont vite fait d’exploiter pour dénigrer le festival citoyen. 
Quand on reçoit un nombre de visiteurs de très loin supérieur au nombre d’habitants, il est quasiment impossible que tout le monde soit hautement satisfait. Mais les quelques incidents inévitables qui ont été déplorés ont servi à mort pour le dénigrement habituel sur les réseaux sociaux. Bof !
Rencontre encore avec nos amis canaques, venus de Nouvelle-Calédonie pour participer à Raconte-Arts. Porteurs d’une culture millénaire, on les sent à l’aise sur le terreau de cette autre culture millénaire qu’est la culture berbère. Retrouvailles entre peuples anciens !
Il y a Will le graffeur qui laisse sa trace – des symboles de la culture canaque —  sur de nombreux murs de Sahel. Rencontre inattendue, là aussi : les responsables de l’association «Le Petit Lecteur d’Oran», abonnée à Raconte-Arts, ont demandé à Will de leur tagguer leur bibliobus.
Plein de bonhomie, il est bouillonnant de créativité.
Ses personnages d’au-delà du Pacifique ne semblent curieusement pas dépaysés sur les murs. Il y a Lélé. Il y a Rose, une étudiante canaque en France, très attachée à  sa terre. Il y a Ernest, le «politique» de la bande. A la causerie sur Louise Michel, trait d’union entre communards, canaques et déportés kabyles en Nouvelle-Calédonie, c’est lui que ses camarades ont désigné pour nous dire combien il est important que la culture canaque soit libre sur une terre «qui n’est pas qu’une question qui se négocie dans un salon feutré de ministère à Paris. L’enjeu en est notre culture ancestrale et en cela, nous rejoignons les préoccupations de la culture berbère».
Et à cette causerie, il y avait aussi, impromptu, Ahcene Ath Ouarrab Ouyahia, un ancien instituteur à la retraite d'Ath Mendas, descendant d’un déporté en Nouvelle-Calédonie et qui préside une association de descendants de déportés. Une véritable encyclopédie, que ce Hadj, doublé d’un conteur. Il sait tout de l’histoire de la déportation et il a, qui plus est, une mémoire phénoménale.
Plaisir aussi de croiser dans le festival notre cher ami le comédien et acteur Ahmed Benaïssa, simple et chaleureux, ayant toujours une histoire à raconter. Il promet qu’il reviendra l’année prochaine donner des récitals poétiques.
L’ami Benmohamed, toujours souriant, ne rate aucune conférence. Il prend très au sérieux toute prise de parole, ce devrait donner de la graine aux jeunes qui sont tentés parfois de négliger les conférences.
Visite un matin de Aït Menguellat. C’est l’émeute à Sahel. Ça montre son immense popularité et l’affection qu’on lui porte.  
Et bien entendu, côté musique, on a été gâtés : Samira Brahmia, Cheikh Sidi Bémol, Akli D., Lounès Tagrawla, des orchestres de jeunes, des chorales. C’est toujours un peu triste quand Raconte-Arts finit.
A. M.

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