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Rubrique Kiosque arabe

Accusée de mordre la main qui l'étranglait !

Chez les Israéliens en général, et plus particulièrement chez les religieux fanatiques, l'appétit vient en mangeant, et avant même les accords d'Oslo, ils n'ont cessé de tout dévorer autour d'eux. Selon la loi d'airain du gros poisson qui mange les plus petits, ce sont les Palestiniens qui nourrissent, si j'ose dire, la fringale de territoires d'Israël, visant à judaïser, et d'irréversible manière. Le quartier Cheikh-Jerrah de Jérusalem, d'où est partie la plus récente étincelle, et ce n'est pas la dernière, de la révolte, illustre en partie les méfaits de la colonisation effrénée de la Palestine. La judaïsation progressive et brutale de la ville sainte est un exemple de ces forfaits d'État commis sous couvert de lois et de procédures juridiques qui doivent certainement avoir un lien de filiation avec la colonisation de l'Algérie, au XIXe siècle, pour ne citer que cet exemple. Oui, comme se plaît à le répéter l'Occident, Israël est sans doute un État démocratique, mais si c'est une démocratie, elle fonctionne exclusivement par et pour les citoyens de race juive. En attestent les lois scélérates qui permettent d'exproprier au moindre prétexte les maisons ou les terrains convoités, soit pour judaïser des quartiers urbains ou pour créer de nouvelles colonies. Depuis l'enterrement officiel des accords d'Oslo, toutes les maisons et les quartiers palestiniens sont à prendre.
On pourra toujours arguer qu'il y a quand même des Palestiniens ou Arabes israéliens qui siègent à la Knesset, mais ils sont aussi peu nombreux et aussi peu influents qu'un troisième collège. Encore une bonne vieille recette colonialiste, assez efficace, dont l'État juif, plus sioniste que jamais, pouvait s'inspirer, et c'est sans doute ce qu'il a fait, mais en respectant les formes. Toujours sauver les apparences, sauvegarder ce paravent démocratique que l'Europe en particulier se plaît à agiter, justifiant ainsi les atrocités commises à Ghaza, au nom de la «légitime défense». Il faut dire que le Hamas y a mis du sien, déplaçant le conflit du quartier Cheikh-Jerrah de Jérusalem-Est à l'entité islamiste instaurée par la branche palestinienne des Frères musulmans. Ghaza, c'est le seul endroit au monde où les Frères musulmans ont réussi à prendre le pouvoir et à le garder tout en peaufinant leur image de grands résistants au sionisme. Le bilan du Hamas ne s'exprime pas en termes de performances économiques et de niveau de vie de la population sous sa coupe, mais il se décline avec la liste des victimes, ses martyrs. En quelques heures, grâce aux arsenaux à explosifs, toujours renouvelés, du Hamas, les Occidentaux en ont oublié le problème de Cheikh-Jerrah, pour en appeler au cessez-le-feu à Ghaza.
Dans une guerre qui ressemble étrangement à celles qui l'ont précédée, avec les mêmes conséquences destructrices, il est d'usage désormais d'appeler les «belligérants» à la modération. Washington a déjà déniché un obscur diplomate qui faisait tapisserie dans les couloirs du département d'État pour qu'il aille négocier un énième cessez-le-feu à Ghaza, entre deux intégrismes. D'un côté, nous avons Israël et son gouvernement qui rêvent de rétablir la grandeur de Salomon, moins Balqis, et de David, sans Bethsabée, les femmes n'ayant pas voix au chapitre. De l'autre, il y a le meilleur ennemi de Netanyahou, celui par qui il redore son blason, le Hamas qui fait miroiter à ses affidés et à une partie de son peuple l'utopie de l'Etat islamique. L'Occident, États-Unis en tête, est plus enclin à partager le rêve du premier, pour des raisons historiques, alors que le rêve du second lui fait peur, puisqu'il en voit déjà les contours. L'Occident et ses médias ont déjà pris fait et cause pour Israël, surtout quand il est en position d'agresseur et qu'il massacre, comme il le fait présentement. Mais massacrer un peuple, même avec la complicité des siens, ne suffit pas à l'effacer. Aucun Israélien, qu'il rêve ou non à la grandeur d'antan, ne dormira tranquille tant qu'il restera des Palestiniens pour déclamer leur nom et le nom de leur pays.
C'est le point de vue qu'exprimait samedi dernier notre confrère libanais Khair-Allah Khair-Allah, dans le quotidien Al-Arabi, en insistant sur le fait que le peuple palestinien est toujours là. Pour le journaliste, «même si le conflit s'est transposé à Ghaza, la vraie insurrection populaire a eu lieu à Cheikh-Jerrah, près de la mosquée d'Al-Aqsa, et c'est de cette insurrection qu'il faudra tenir compte tôt ou tard». Autre élément important à souligner: Israël a mobilisé ses gardes-frontières, non pas sur ses limites territoriales attribuées ou conquises, mais à l'intérieur de celles-ci et contre les Palestiniens. Il y aura encore d'autres intifadas, non seulement à Jérusalem, mais aussi dans le moindre coin de cette terre, où la mémoire est entretenue, contre toutes les tentatives de l'effacer. Appréciez avec moi cette image partagée sur les réseaux sociaux, résumant ce paradoxe d'un peuple accusé d'avoir mordu la main qui l'étranglait. C'est celle d'une femme, incarnant Israël et se plaignant de ce que la petite fille (la Palestine) qu'elle tentait d'étrangler l'avait mordue à la main. «Pourtant, je ne suis pas son ennemie», déplorait-elle. 
A. H.

 

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