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Rubrique Kiosque arabe

Après Balfour, le désastre de Galilée !

Dès qu'il s'agit d'atteintes aux droits des femmes, les regards se tournent vers les pays qui ont comme religion l'Islam, et plus précisément vers les pays arabes qui sont aussi musulmans. C'est dans ces pays que des enfants aussi naïfs que réceptifs, et qui ont appris que l'Islam a honoré la femme et lui a octroyé des droits, se demandent où sont passés tous ces honneurs. À tel point que l'un de ces enfants, devenu adulte, a pu enfin trouver la réponse et nous la donner dans son livre : «La femme, libérée par le Coran et entravée par les théologiens» (1). Ces entraves sont encore là, et même les dirigeants politiques qui ne croient plus guère aux interprétations rigides des théologiens les utilisent cependant pour réprimer la femme et l'homme. Il suffit de rappeler cette réponse tranchante de Bouteflika aux femmes qui lui demandaient de réviser le code de la famille : «Je ne peux pas vous satisfaire et mécontenter Dieu.» C'est l'un des arguments que les pays musulmans ont opposé à la ratification de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (2). Quarante ans après l'adoption par les Nations-Unies de cette convention, censée établir l'égalité homme-femme, dans tous les domaines de la vie en société, des pays freinent encore.
«L’attitude des États est paradoxale et ambivalente. Le discours officiel exprime à la fois une politique d’émancipation des femmes, de promotion de leurs droits et de maintien de l’ordre patriarcal ancestral, en s’appuyant sur les règles d’origine religieuse», relève l'universitaire tunisienne Hafidha Chekir. Qu'en est-il de l'Algérie, prise en étau par la crainte de Dieu, déjà évoquée, et le désir de modernité qui doit nécessairement satisfaire la volonté d'émancipation de la femme ? On sait que l'Algérie a ratifié la convention en janvier 1996, mais en formulant des réserves sur certains articles, au nom de spécificités religieuses, plus précisément le code la famille. Position réaffirmée aussi bien par le ministre des Affaires religieuses, que par sa collègue de la Solidarité nationale, qui ont rappelé en 2016 que rien ne pouvait se faire hors du cadre de la Charia. Si les réserves sur certains articles sur la liberté de circuler, de donner sa nationalité aux enfants ont été levées, celles concernant l'article 16 sont en revanche maintenues. L'article 16 stipule, en effet, que «les États parties prennent toutes les mesures appropriées pour éliminer la discrimination à l’égard des femmes dans toutes les questions découlant du mariage et dans les rapports familiaux». Les États signataires sont tenus d'assurer, en particulier, sur la base de l’égalité de l’homme et de la femme : le même droit de contracter mariage, la liberté de choisir son conjoint, etc. 
Or, cet article contraignant pose le problème fondamental de l'égalité homme femme, non seulement entre conjoints, mais aussi en matière d'héritage, où la Charia est la seule référence. Maya Sahli, commissaire africaine aux droits de l'Homme, a tout dit, en affirmant que l'article 16 faisait «trembler certains conservateurs, qui considèrent que c’est un socle intouchable»(3).
C'est sans aucun doute ce que pensent aussi les chefs des clans palestiniens de Galilée qui viennent de se réveiller en sursaut, en apprenant que l'Autorité palestinienne a ratifié la Cedaw. C'est le journal électronique libanais Shaffaf qui le découvre, et qui nous apprend qu'aux yeux de ces clans la convention Cedaw est encore plus catastrophique que la Déclaration Balfour. Mine de rien, le rédacteur se demande si cette réaction n'est pas inspirée par le slogan que le Hezbollah arbore sur la route de l'aéroport de Beyrouth, et qui proclame : «A bas la Cedaw ! Ton hidjab m'est plus cher que mon propre sang !» D'où ce communiqué signé d'une des grandes familles de Galilée, envoyé par une main amie, avec ce commentaire «Toz la Palestine !» Il y a que ces clans qui appartiennent à une «période archéologique révolue», selon l'expression d'un confrère palestinien, révèlent une misogynie intégriste qui n'est pas propre à Ghaza. 
Les clans et notables de Galilée, réunis samedi dernier chez la famille Temmim, comme l'indique le communiqué, rejettent la Cedaw et les engagements qu'elle implique et qui ne les concernent pas. Ces clans somment l'Autorité palestinienne de se retirer de la convention et appellent à fermer toutes les institutions féminines de Palestine et leurs diverses branches qui sont des centaines. Ils appellent aussi à annuler tous les baux de location avec ces associations et considèrent que toute personne qui leur loue un local est coupable de complicité (!!!). Les clans réunis décident également d'interdire aux associations féminines et à leurs représentants l'accès aux établissements scolaires des différents cycles. Les responsables des écoles seront tenus pour responsables au cas où cette disposition ne serait pas respectée. De même qu'ils mettent en garde les magistrats contre le respect et l'application des articles de la Cedaw concernant la limitation de l'âge du mariage (!!!). L'Histoire retiendra qu'après la catastrophe de la Déclaration Balfour, il y a eu le désastre annoncé par le communiqué des clans et des notables de Galilée, unis par la haine des femmes.
A. H.

(1) Djamal Al-Bana (1920-2013) est le frère cadet de l'islamiste Hassan Al-Bana, le fondateur du mouvement des Frères musulmans, mais qui a choisi une trajectoire opposée. Il affirmait la primauté du Coran sur la Sunna, contrairement à son frère aîné, mais sans rejeter pour autant tous les hadiths.
(2) La convention a été adoptée le 18 septembre 1979 par l'Assemblée générale des Nations-Unies, mais tous les États musulmans qui l'ont ratifiée l'ont fait avec des réserves sur certains articles.
(3) Citée par Hafida Ameyar, dans le quotidien Liberté (date non précisée).
A. H.

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